Dans une lettre mise en ligne le 23 août par Mgr Joseph Strickland au lendemain de la fête de Marie Reine (fête du Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie dans le calendrier traditionnel), l’évêque émérite de Tyler destitué par le pape François en novembre dernier livre ses réflexions sur l’apostasie au sommet de l’Eglise. Elle s’inscrit dans une série de lettres sur la crise que traversent l’Eglise et le monde, publiée depuis un an par Mgr Strickland sur son blog. Il y répond en ce mois d’août par un appel pressant à la conversion et à la fidélité de chacun, aux actes de réparation aussi en profitant de chaque occasion qui se présente, non sans s’arrêter longuement sur les demandes de la Vierge Marie à Fatima et de ses avertissements à Akita.
Se tourner vers l’Eucharistie et la Vierge Immaculée
Le prélat cite également le « songe des deux colonnes » de saint Jean Bosco, qui voyait le salut de l’Eglise en « l’Eucharistie et la Vierge Immaculée », secours du ciel qui seuls ont la force de la sauver face aux assauts de ses ennemis.
Nous vous proposons ci-dessous la traduction intégrale de cette lettre de Mgr Strickland (les intertitres ont été ajoutés par nous). – J.S.
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Lettre de Mgr Strickland sur l’apostasie dans l’Eglise
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Me voici une nouvelle fois pressé de vous écrire et de vous encourager à rechercher une vie plus profondément enracinée dans le Cœur Sacré de Jésus-Christ.
A l’heure où ces lignes seront publiées, un an aura passé depuis que j’ai écrit ma première lettre, mise en ligne le 22 août 2023, jour de la fête de Marie Reine. Je crois sincèrement que ladite lettre fut inspirée par la Providence divine, et un an plus tard, le propos principal de celle-ci est d’exhorter, voire de supplier, chacun d’entre nous de commencer à voir la main de Dieu dans tout ce qui survient actuellement dans l’Eglise et dans le monde.
Ma lettre d’il y a un an portait sur le synode sur la synodalité, toujours en cours, qui devait commencer en octobre 2023. Elle a été suivie de sept lettres où j’approfondissais les inquiétudes que j’avais exprimées dans cette première lettre. Comme vous êtes nombreux à le savoir, j’ai continué à écrire ces lettres sous l’impulsion de l’Esprit Saint. Je précise que je ne prétends pas avoir reçu une quelconque révélation spéciale. Ma foi profonde et mon amour pour Jésus-Christ m’ont simplement poussé à ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de nous.
Cet appel à « ouvrir les yeux » est au cœur de la lettre que vous avez sous les yeux. J’ai fait tout mon possible pour exhorter tous ceux qui ont lu ces lettres à voir la corruption et les puissantes forces du mal qui nous poussent lentement mais sûrement vers une calamité dévastatrice. Je ne souhaite pas être un « prophète de malheur », mais je crois que je dois m’exprimer et mettre en évidence le mal qui s’empare de notre monde et de l’Eglise. Au point où nous en sommes, je suis obligé de dire que nous DEVONS ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard !
Notre système politique national, le Vatican et de trop nombreuses organisations ayant de l’influence dans le monde sont engagés au service d’un programme qui n’est rien de moins qu’une trahison de Jésus-Christ et de son Eglise, version XXIe siècle. Tout comme la trahison de Judas Iscariote il y a près de deux mille ans, la trahison actuelle émane même des personnes qui se trouvent au cœur de l’Eglise et de l’Etat. Nous devons ouvrir les yeux devant ces assauts contre le corps mystique du Christ afin de demeurer dans le Christ, qui est la Vérité incarnée, et d’embrasser le salut qu’il a gagné pour nous sur la Croix. Nous devons également nous efforcer de conduire autant d’autres âmes que possible à la plénitude de la vérité qui ne se trouve qu’en Notre-Seigneur Jésus-Christ et qui est préservée par son Epouse, l’Eglise catholique. Les tentatives visant à justifier cette trahison contemporaine du Christ ont perdu tout semblant de crédibilité. Nous devons reconnaître qu’une main maléfique toutes ces forces disparates – et qu’il s’agit ni plus ni moins de la main de Satan, le prince des ténèbres.
L’apostasie et les troubles dans l’Eglise annoncés à Akita
Au moment d’écrire ces lignes, peu après le 15 août, solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, nous découvrons les informations concernant la mort de Sœur Agnès Sasagawa, la voyante des messages, approuvés par l’Eglise, de la Bienheureuse Vierge Marie à Akita, au Japon, en 1973. J’insiste sur le fait que je ne prétends pas avoir une connaissance spéciale de ses messages, mais je ne crois pas qu’une révélation spéciale soit nécessaire pour comprendre le contenu de ces messages. Si nous regardons simplement les messages d’Akita avec les yeux de la foi, nous devons aboutir à la conclusion que ce que nous voyons dans le monde d’aujourd’hui correspond à ce qui a été prédit dans ces messages.
Les messages d’Akita nous avertissent gravement de ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux. Non seulement nous voyons des cardinaux s’opposer à d’autres cardinaux, mais nous voyons aussi des évêques s’opposer à des prêtres et le pape s’opposer à des cardinaux. Nous voyons des blasphèmes contre Notre Seigneur et notre Sainte Mère et des attaques contre la doctrine émanant des bureaux du Vatican, le pape François restant silencieux ou donnant son approbation tacite de par son absence d’action.
Les messages d’Akita nous rappellent également les messages de la Vierge à Fatima en 1917. Dans ces messages, Notre Dame avertissait que les erreurs de la Russie, où il faut inclure la franc-maçonnerie dans laquelle le communisme avait trouvé son origine, se répandraient dans le monde entier tant que la Russie ne serait pas consacrée à Son Cœur Immaculé de la manière qu’elle a décrite, c’est-à-dire lors d’une cérémonie publique par le pape, en union avec tous les évêques du monde. Cela n’a jamais été fait en totale conformité avec les instructions de Notre Dame. En outre, Notre Dame avait expressément demandé que le troisième secret de Fatima fût révélé en 1960, mais il fut au contraire occulté, et il y a de nombreuses raisons de douter que le troisième secret n’ait jamais été divulgué dans son intégralité.
Le futur pape Pie XII, 31 ans avant le début du concile Vatican II, a prononcé ces mots : « Je suis obsédé par les confidences de la Vierge à la petite Lucie de Fatima. Cette obstination de la Bonne Dame devant le danger qui menace l’Eglise, c’est un avertissement divin contre le suicide que représenterait l’altération de la foi, dans sa liturgie, sa théologie et son âme. (…) J’entends autour de moi des novateurs qui veulent démanteler la Chapelle Sacrée, détruire la flamme universelle de l’Eglise, rejeter ses ornements, lui donner le remords de son passé historique. (…) Un jour viendra où le monde civilisé reniera son Dieu, où l’Eglise doutera comme Pierre a douté. Elle sera tentée de croire que l’homme est devenu Dieu, que son Fils n’est qu’un symbole, une philosophie comme tant d’autres, et dans les églises les chrétiens chercheront en vain la lampe rouge où Dieu les attend, comme Marie-Madeleine, pleurant devant le tombeau vide : “Où l’ont-ils mis ?” »
Mgr Strickland dénonce la « tentative de mise à jour de la foi »
Ces paroles étaient certes prophétiques car, depuis Vatican II, nous avons assisté à une tentative de « mise à jour de la foi » par l’éloignement de l’Eglise du dépôt de la foi, qui ne peut être ni modifié ni amendé. Il est facile de comprendre pourquoi la révélation du troisième secret de Fatima devait avoir lieu en 1960 et pourquoi il fut occulté par ceux qui avaient l’intention de changer ce qui ne pouvait l’être. Le cardinal Ratzinger, avant de devenir le pape Benoît XVI, a déclaré que le troisième secret faisait référence à des « dangers menaçant la foi » et a établi un parallèle entre le message de Fatima et celui d’Akita. Le cardinal Mario Luigi Ciappi, qui avait lu le troisième secret, a déclaré que la Vierge avait dit que l’apostasie partirait du sommet. Padre Pio, à propos du troisième secret, a parlé d’une « fausse Eglise » et d’une « grande apostasie » qui se produirait après 1960. Cependant, lorsque le prétendu troisième secret a été publié en 2000, celui-ci ne disait rien à ce sujet.
En 2019, le pape François, interrogé sur la raison pour laquelle Dieu « permet » tant de religions dans le monde, a répondu qu’« il y a beaucoup de religions ; certaines naissent de la culture, mais elles regardent toujours le ciel, elles regardent Dieu ». Il a ajouté : « Ce que Dieu veut est la fraternité entre nous », et : « Nous ne devons pas avoir peur de la différence. Dieu a permis cela. » Cependant, s’il n’y avait vraiment aucune différence entre les religions du monde, et si ce que Dieu voulait était seulement « la fraternité entre nous », on pourrait en conclure que l’Eglise catholique n’est plus la seule vraie religion, et qu’elle n’est pas en effet l’arche de notre salut. Or, nous savons que cela n’est pas la vérité. C’est pourquoi nous devons nous inquiéter des paroles rapportées de la Vierge au sujet d’une apostasie qui commencerait au sommet.
Mgr Strickland : « Je n’écris pour ébranler votre foi, mais pour vous éveiller à la nécessité de nous repentir »
En conclusion, je dois clamer haut et fort que le fait d’ignorer les demandes et les avertissements de notre Sainte Mère à Fatima et à Akita a mis l’Eglise et le monde dans une situation extrêmement périlleuse. Je n’écris pas ces mots forts sur Fatima et Akita pour ébranler votre foi, mais au contraire avec le fervent espoir que vous vous éveillerez à la nécessité pour nous de nous repentir, de confesser nos péchés et de nous accrocher farouchement aux deux colonnes de la foi que saint Jean Bosco a vues en songe de façon si claire et prophétique en 1862 : ces piliers que sont Notre Seigneur eucharistique et sa Mère, la Bienheureuse Vierge Marie. Je prie pour que notre réponse à tous ces troubles et à ce mal qui sévissent aujourd’hui nous permette de trouver une foi et une espérance plus profondes en Notre Seigneur. Nous ne devons jamais quitter l’Epouse du Christ, mais nous ne pouvons pas non plus rester silencieux lorsque d’autres tentent de la changer ou de la transformer en une caricature du vase de salut qu’elle a vocation à être.
Aucun d’entre nous n’a le pouvoir d’empêcher la catastrophe, mais nous pouvons et devons nous préparer spirituellement à tout ce qui peut arriver. Nous devons impérativement nous assurer de rester toujours en état de grâce et d’accepter tous les actes de réparation possibles avant qu’il ne soit trop tard.
Inspirons-nous de Josué 24:15 : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »
Que Dieu tout-puissant vous bénisse et que la Bienheureuse Vierge Marie, notre Mère et notre Reine, intercède pour vous et vous conduise toujours à son Fils.
Mgr Joseph E. Strickland
Evêque émérite, diocèse de Tyler