La Suède a besoin d’immigrés pour faire face à la diminution de sa population active

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Publicité d’offres d’emploi dans une agence en Suède

 
La Suède a besoin de 64.000 nouveaux immigrés par an, si elle ne veut pas voir le manque de travailleurs peser sur sa croissance future, a indiqué l’Agence suédoise pour l’emploi, Arbetsförmedlingen, qui prévoit les premières retombées négatives massives de la diminution de la population active pour 2017. Un rétrécissement entièrement imputable à la dénatalité.
 
Près de 135.000 postes sont actuellement non pourvus alors que les employeurs du secteur privé comme du secteur public peinent à trouver des candidats ayant les compétences requises : certaines sociétés en souffrent déjà mais la grande pénurie générale ne devrait pas tarder.
 
Il manque avant tout des autochtones. « Le taux de natalité de la Suède est tout simplement trop bas. La population née sur le sol suédois a rétréci. Pour pouvoir continuer de croître, il faut une force de travail, et donc une population plus importante », assure Johan Bissman de l’Agence pour l’emploi.
 

Pour compenser la diminution de sa population active autochtone, la Suède veut des immigrés

 
Avec un taux de natalité qui dépasse actuellement les 1,9 enfants par femme, la Suède fait pourtant partie des prétendus « bons élèves » de l’Europe. Il y a certes eu un creux qui a fait chuter le taux jusqu’à 1,5 enfants par femme (ce qui représente un renouvellement des générations de moins des trois quarts) autour de l’an 2000, après une première chute moins importante autour de 1980. Mais la presse a bien souvent vanté les efforts réussis du pays scandinave pour faire remonter sa courbe démographique. On voit aujourd’hui que les chiffres sont sans pitié : en-deçà de 2,1 enfant par femme, le rétrécissement de la population est une fatalité.
 
En termes concrets, cela signifie déjà, dans le secteur public suédois, des temps d’attente allongée et des services moins efficaces, selon Bissman. Dans le secteur privé, « le manque peut conduire à des pertes de commandes ». Il ne suffira pas d’assurer la meilleure formation des autochtones ni même de retarder l’âge de départ à la retraite, selon lui : il « faut » de l’immigration pour trouver une solution à long terme, et ce d’autant que la Suède s’est plutôt bien sortie de la crise financière, avec une demande à la consommation demeurée forte. La faiblesse de la monnaie nationale assure également un joli volume d’exportation… mais on manque de bras.
 

La dénatalité en Suède, prétexte à l’arrivée de nouveaux immigrés

 
Voilà autant de manières de justifier l’arrivée continue de nouveaux migrants, après le pic de 2015 qui a vu arriver des dizaines de milliers de proches orientaux et d’Africains. Mais ils font, sans surprise, partie des groupes les plus touchés par le chômage. Les hommes et les cultures ne sont pas interchangeables…
 
Pour ce qui est d’une immigration en provenance de pays culturellement semblables à la Suède, on voit mal comment elle serait possible : la barrière de la langue est toujours là, et puis la plupart des pays européens sont eux-mêmes confrontés à une dénatalité suicidaire. Les pays qui « exportent » de la main-d’œuvre sont ailleurs. Le tsunami migratoire de 2015 a d’ailleurs montré que l’intégration de ces nouveaux venus est plus que difficile à obtenir, et c’est sans même évoquer les problèmes concrets qui accompagnent leur arrivée massive.
 
Il y a quelques années, les pays d’Europe du Nord dénonçaient les familles nombreuses qui pesaient trop lourd sur des ressources limitées et un espace trop restreint. Aujourd’hui, ils réclament des hommes venus d’ailleurs. Il serait peut-être temps que l’on s’interroge sur les raisons de ces apparentes contradictions politiques aux conséquences gravissimes.
 

Anne Dolhein