Test parental au Danemark : on crie au racisme, mais on ne voit pas l’atteinte aux droits parentaux

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Quand Ivana Brønlund a accouché le 11 août dernier, elle savait que son bébé lui serait retiré au bout d’une heure par les services sociaux : la jeune Groenlandaise de 18 ans avait échoué au test de compétence parentale imposé par le pays à toutes les mères soupçonnées de ne pas être capables d’élever correctement leur enfant. La couverture médiatique de la bataille juridique engagée depuis par elle et les nombreuses manifestations qui se sont succédé, ont le mérite de mettre en lumière un procédé pour le moins scandaleux qui prive un enfant de sa mère, sous prétexte d’un manque de connaissance de la langue, d’un peu de culture générale et de quelques règles de mathématiques…

Du New York Times à Mediapart, toute la presse de gauche a crié au scandale, pointant le racisme profond que recelait une telle pratique, stigmatisant un reste abominable de puissance coloniale méchamment assimilatrice. Et ils n’ont pas vraiment tort. Mais seulement pour une part.

Car c’est surtout en soi que ces tests sont une flagrante injustice, puisqu’ils nient la plus simple expression des droits parentaux, celui de faire naître et d’élever son enfant en toute liberté, sans être inquiété d’aucune façon. Et malheureusement, quand il s’agit de vous retirer votre enfant parce qu’il se dit « gender fluid » et que vous n’y êtes pas favorable, toute cette même presse de gauche devient d’accord avec l’Etat tortionnaire.

 

Ingérence dans la vie de famille ou racisme déclaré ?

En quoi consiste ce fameux test d’aptitude parentale ou FKU ? Il est conçu pour évaluer, entre autres, la personnalité, les capacités cognitives, l’intelligence et la santé psychologique de la mère à laquelle, vingt heures durant, sont posées des questions comme : « de quoi est fait le verre ? » ou encore « comment s’appelle le grand escalier de Rome ? » Même pas sûr que des bacheliers français sachent y répondre…

Tous les parents n’y sont pas soumis, seulement les foyers pour lesquels les collectivités locales jugent qu’il existe des problèmes de bien-être importants. Sauf qu’on imagine bien qu’avec un tel test, les Groenlandais en particulier, attachés à leur langue et à leur culture, attirent davantage l’attention des travailleurs sociaux. La preuve : une étude récente a révélé que les enfants groenlandais nés au Danemark ont six fois plus de risques d’être retirés à leurs parents que les autres enfants danois (il y en a eu 2.712 en 2022).

Il y a parfois de cas réels et avérés de violences familiales. L’une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement a jugé Brønlund inapte à exercer la fonction de parent, par exemple, était que son père l’avait maltraitée lorsqu’elle était enfant. Mais faudrait-il voler les enfants de tous ceux qui ont subi des violences, des abus ? Doit-on hériter des torts de ses parents ?

Et puis de tels prétextes ont souvent bon dos. The Guardian évoquait en juin le cas d’une autre mère, Keira Alexandra Kronvold, qui s’était vue retirer sa fille, en 2024, deux heures après l’accouchement. On lui avait dit, à elle, qu’elle n’était pas assez « civilisée ». Pour que son bébé lui soit rendu, elle devrait travailler sur plusieurs aspects et « montrer des signes de développement », notamment « s’exprimer en danois » et « s’exprimer avec des expressions faciales plus claires ». Sinon, « des difficultés pourraient survenir concernant la stimulation linguistique et cognitive du jeune enfant ».

 

Au Danemark, le test FKU divise – mais dans son application

Certes, le Danemark a fait machine arrière il y a déjà six mois sur le FKU, mais pour céder aux oukazes antiracistes, en réalité. L’application du fameux test aux familles autochtones était condamnée depuis plusieurs années par des groupes de défense des droits humains, tels que l’Institut danois des droits humains et le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, pour ses « graves préjugés culturels ». Depuis le 1er mai 2025, les Groenlandais sont désormais évalués par une nouvelle unité spéciale, appelée VISO, spécialisée dans la culture et la langue groenlandaises.

Mais le cas Brønlund date du mois d’août : les autorités locales ont parlé d’« erreur ». Une audience en appel est prévue cette semaine.

La réalité est que le Groenland a longtemps été une colonie et que le Danemark a longtemps cherché à marginaliser les traditions inuites, réalisant des opérations plus que contestables, comme l’expérience des « petits Danois » de 1951, où une vingtaine d’enfants groenlandais ont été retirés à leurs parents pour être éduqués complètement à la danoise. Ou encore, ce qu’on a appelé le « Spiral Case », quand, au cours des années 1960 et 1970, sous prétexte de surpopulation, des milliers de femmes et de filles se sont vues implanter de force des stérilets, sans même le savoir ce qu’il en résulterait. Le Premier ministre a d’ailleurs récemment présenté ses excuses.

 

Droits parentaux : qui définit la « négligence » envers les enfants ?

Tout cela est profondément répréhensible. Demeure néanmoins l’impression qu’institutions et médias réagissent, par réflexe, uniquement sur une thématique bien précise : la lutte contre la culture des « dominants ». Or cette histoire de test revêt un aspect beaucoup plus fondamental qui touche aux droits parentaux à travers les relations entre l’Etat et la famille. Ce fameux FKU reste en vigueur pour tous les autres, dans les faits ; et c’est ce qui devrait choquer tout le monde.

Sur le moindre soupçon, défini par une certaine vision de l’éducation et du bien-être, on présume d’emblée de l’incompétence des parents, alors que ce devrait être le contraire. Comme le notait Guillermo Morales Sancho, un avocat d’Alliance Defending Freedom International, cité par Luke Larson dans le National Catholic Register : « Les parents bénéficient de la présomption réfutable de prendre soin de leurs enfants, et ce n’est que lorsque la négligence ou la maltraitance est prouvée que l’intervention subsidiaire des pouvoirs publics se justifie, par les moyens les moins restrictifs, dans le but de se rendre inutile. » Léon XIII, écrit Larson, reconnaît que l’Etat peut intervenir dans les affaires familiales, mais seulement dans les cas où les membres de la famille représentent un risque grave les uns pour les autres.

L’ennui majeur est que le « risque grave » soit estimé et défini par l’Etat dont la mission prend de plus en plus des allures coercitives, dans un esprit athée et woke. Nous l’avons vu au Canada et aux Etats-Unis, mais aussi dans toute l’Europe, en Ecosse, en Suisse, avec des placements abusifs d’enfants sous prétexte d’éducation autonome ou d’opinion anti-genre. Sur un prétexte fallacieux et surtout délétère, on va marcher sur la liberté d’autrui et détruire la vie d’un enfant. C’est cela qui est grave, et essentiel à combattre.

 

Clémentine Jallais