Discours de Theresa May à Florence sur le Brexit : report à 2021, pas de vision claire pour après

Theresa May Brexit Florence
 
Le discours de Theresa May vendredi à Florence était très attendu du fait des propositions qui devaient être avancées pour débloquer les négociations pour le Brexit. Pour faire taire les spéculations sur les dissensions au sein de son gouvernement, Mme May avait tenu à se faire accompagner par David Davis, son secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni, Philip Hammond, son chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances), et Boris Johnson, son ministre des Affaires étrangères. Entre ceux au sein de son gouvernement qui, comme Philip Hammond, voudraient une période de transition plus longue et le maintien d’une zone de libre échange entre le Royaume Uni et l’UE et ceux qui, comme Boris Johnson, optent pour un retour rapide à une pleine souveraineté et refusent le paiement de dizaines de milliards d’euros en contrepartie d’un accord commercial avec le bloc européen, Theresa May a choisi de… ne pas choisir. Ou en tout cas pas encore. Car la seule chose concrète que l’on sait après son discours de Florence, c’est que le Royaume-Uni voudrait désormais une période de transition de deux ans pendant laquelle il se soumettra à toutes les règles de l’UE, y compris en ce qui concerne les quatre libertés du Marché Unique (dont la libre circulation des personnes). Ainsi, de fait, le Brexit sera reporté de deux ans et ne surviendra au plus tôt qu’en mars-avril 2021 !
 
Et après ? Après, on verra. Theresa May a simplement affirmé qu’il n’y aurait pas d’accord à la norvégienne. La Norvège, membre de l’Espace économique européen (EEE), accepte d’appliquer les règles adoptées à Bruxelles mais n’intervient pas dans les processus législatifs et réglementaires européens. Le Premier ministre britannique a aussi assuré que le Royaume-Uni, après 2021, sortira du Marché unique et de l’union douanière puisque ses partenaires européens n’acceptent pas que le Royaume-Uni puisse ne mettre fin qu’à la libre circulation des personnes.
 

A Florence, Theresa May a dit vouloir retarder le Brexit de deux ans !

 
Londres cherche donc à se donner du temps face à Bruxelles qui demande un accord de principe sur le paiement d’un montant compris entre 60 et 100 milliards d’euros avant de démarrer les négociations sur les autres conditions du Brexit. A Florence, Theresa May a proposé 20 milliards d’euros dont le paiement serait étalé sur la période de transition de deux ans.
 
Si Boris Johnson a accepté d’apporter son soutien à ce discours, des divisions sont rapidement apparues au sein de la majorité parlementaire. Le DUP d’Irlande du Nord, dont le soutien est nécessaire au gouvernement conservateur minoritaire, voudrait une période de transition réduite au strict minimum, et les partisans du Brexit au sein des Tories s’inquiètent de la promesse du Premier ministre de garantir la préservation des droits acquis des citoyens de l’UE déjà présents au Royaume-Uni et de faire en sorte que, pour les lois britanniques basées sur le droit européen, « les tribunaux du Royaume-Uni puissent [continuer de] prendre en compte les jugements de la Cour de Justice européenne », comme cela avait été suggéré en août.
 
Soulignant cette incertitude persistante autour des conditions du Brexit, l’agence Moody’s a abaissé la note de crédit du Royaume-Uni de « AA1 » à « AA2 » quelques heures seulement après le discours de Florence.
 

Olivier Bault