Il semble que le retour de Donald Trump pour son deuxième mandat trouble la marche ordinaire de la révolution arc-en-ciel. En matière de climat, la Nouvelle-Zélande rejette l’imposture (sous le nom d’hérésie) du réchauffement d’origine humaine et relance les énergies fossiles, et en matière de genre, depuis que le président américain a rappelé qu’il n’existe que deux sexes, le masculin et le féminin, cela commence à bouger un peu partout. Dans le sport notamment. Et surtout, un rapport de 22 pages vient d’être soumis au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et attaque le progrès de l’idéologie transgenre dans les sociétés et dans les lois. C’est nouveau : on dirait que l’ONU, qui depuis la conférence de Pékin, était à la manœuvre en matière de transgenres, change de cap, ou, pour le moins, hésite. A l’inverse, l’idéologie transgenre accélère et marque des points dans l’Union européenne et singulièrement en France : alors que le tribunal de Bobigny et le Conseil d’Etat vient de condamner ceux qui paraissent s’y opposer, la Haute autorité de Santé a publié ses recommandations pour une meilleure prise en charge médicale des transitions de genre. Moment crucial.
L’ONU sans hésiter contre les excès transgenres
Le rapport de l’ONU, épais de 22 pages, a été publié le 16 juin 2025 par la rapporteuse spéciale Reem Alsalem. Il est manifestement d’inspiration féministe. Il condamne notamment l’accès des hommes s’identifiant comme femmes aux espaces féminins, vestiaires, toilettes, prisons. Selon le rapport, remplacer le mot « femme » par des paraphrases administratives « personnes qui accouchent » ou « personnes possédant un vagin » est non seulement ridicule mais réduit les femmes à une fonction et rend l’oppression qu’elles subissent censément « de plus en plus difficile à identifier et donc à combattre ». Selon ce rapport de l’ONU, cela fausse les statistiques sur la violence contre les femmes, puisque certains hommes sont enregistrés comme femmes : en Norvège par exemple, les viols attribués aux « femmes » sont passés de 12 en 2015 à 44 en 2017 ! Reem Alsalem fait référence notamment à l’affaire Karen White, ce transgenre non opéré qui a violé ses compagnes de prison, pour mieux rappeler que les détenues subissent « harcèlement et violence physique, psychologique et sexuelle » lorsqu’elles côtoient en prison des hommes s’identifiant comme femmes.
Pour l’ONU, dans les transgenres, il y a hommes et femmes
Selon le rapport, effacer le sexe biologique dans les politiques et la loi revient à exercer une « discrimination » et une « violence » contre les femmes : « Ce qui n’est pas défini ne peut être protégé. » Faisant écho à des féministes célèbres, l’autrice de Harry Potter, JK Rowling, et la championne de tennis Martina Navratilova, la rapporteuse spéciale s’inquiète que soient censurées les femmes qui insistent sur la réalité biologique. Elles seraient selon elle « soumises à des campagnes de diffamation en ligne, des menaces, y compris des menaces de mort ». On les accuse d’être « transphobes » ou même « nazies » pour « les dissuader de parler, les pousser à la honte et inciter à la violence contre elles ». Reem Alsalem demande aux Etats membres de l’ONU de garantir la liberté d’expression et d’affirmer que reconnaître le sexe biologique n’est pas discriminatoire.
Une ancienne fonctionnaire de l’ONU consultante pour l’ONU
Ce discours est habituel chez Reem Alsalem : cette Jordanienne formée à l’Université américaine du Caire, ancienne fonctionnaire de l’ONU, aujourd’hui consultante internationale, est une féministe classique marxiste. Elle a rendu un rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en juin 2024 préconisant l’abolition de la prostitution et de la pornographie. Selon elle, la prostitution est la conséquence des structures patriarcales et des inégalités économiques, aggravée par le racisme. Elle a cependant souvent des remarques de bon sens. Elle observe notamment les méfaits de l’idéologie transgenre sur les enfants. Elle dénonce la « contagion sociale » dont ils sont victimes, en particulier les filles autistes : « Les chances d’être diagnostiqué avec une dysphorie de genre sont trois fois plus élevées pour les enfants et adolescents avec un diagnostic de trouble du spectre autistique. » Elle demande donc qu’un mineur qui demande une transition fasse l’objet d’une évaluation psychologique rigoureuse et que soient interdites avant la majorité les « interventions médicales irréversibles ».
Anti transgenre ? Non, pro transgenre – mais autrement
Voilà qui est très bien. Mais ce type de rapport, on l’a vu pour la prostitution et la pornographie, a une autorité faible et n’est pas suivi d’effets. En outre, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’ONU n’hésite pas vraiment sur la question transgenre. Reem Alsalem se soucie, fondamentalement, en tant que féministe, de la « violence contre les femmes », elle considère que, dans certaines situations, il peut y avoir conflit entre droits des femmes et droits des transgenres, conflit qu’elle arbitre en faveur des femmes. C’est pourquoi certaines ONG et groupes féministe l’accusent d’être « anti-trans », mais elle nie avec force. Pour mieux défendre les unes et les autres, elle propose seulement de se soumettre à la réalité biologique. Bien sûr, c’est une petite révolution, mais cette révolution ne va pas jusqu’à remettre en question l’arc-en-ciel. Voici pourquoi.
Pour les transgenres, sans hésiter : on accélère la transition modérée
Elle ne rejette pas le droit des trans, elle préconise seulement d’en éliminer les aspects qui heurtent le plus le sens commun, de façon à le rendre acceptable par tous, notamment hors de l’Euramérique, en Afrique, en Asie, dans les pays musulmans par exemple. De ce socle d’acceptabilité transgenre, elle exclut les excès trop ostensiblement injustes et ridicules, comme les hommes entrant en compétition sportive avec les femmes, les menaces sur l’enfance, les opérations irréversibles sur mineurs, et les brutalités contre les femmes. Ainsi les transgenres pourront-ils être accueillis par toutes les civilisations. Après quelques décennies de maximalisme révolutionnaire, on s’approche d’un transgenrisme modéré propre à être reçu par tout le monde. De façon analogue, on est en train de revenir sur les folies les plus extrêmes du réchauffisme anthropogénique, l’essentiel étant de conserver un devoir vert envers Gaïa pour redistribuer la richesse et déterminer une nouvelle façon de vivre. L’arc-en-ciel a eu besoin des extrémistes trans, des antispécistes, des végan, pour faire avancer ses idées, mais il tend à établir au bout du compte un totalitarisme beaucoup plus soft.
Les juges garantissent les droits des transgenres
Les LGBTQ demandent d’abord la lune, ils l’obtiennent, puis rétrogradent un peu sous la pression du bon sens : cela laisse dans la population ultra majoritaire un sentiment de victoire, on l’a vu quand Trump a fait cesser quelques abus parmi les plus criants. Puis ils veillent à ce que leurs acquis fondamentaux ne soient pas écornés, grâce à l’aide des juges. C’est particulièrement sensible en France. On se rappelle que le Conseil d’Etat vient de condamner la SNCF pour avoir osé demander à ses clients sur SNCF Connect s’ils étaient monsieur ou madame. Un jugement beaucoup plus important, et lourd de conséquences par ces temps d’économies, a été rendu par le tribunal de Bobigny. Il a condamné la caisse primaire d’assurance maladie de Seine-Saint-Denis et la CNAM, la caisse nationale, à verser solidairement 3.000 euros de dommages et intérêts à chacun des deux jeunes hommes en transition de genre dont elles avaient refusé de prendre en charge les soins.
La transition des transgenres remboursée à 100 % par la Sécu
En janvier 2020, la dysphorie de genre d’un des assurés avait été reconnue par la CPAM comme une affection de longue durée. Cela lui valait la prise en charge totale des soins mais on lui refusa de rembourser les dépenses liées à sa mastectomie bilatérale survenue en février 2021. La CPAM de Seine-Saint-Denis devra donc lui rembourser cette opération dont les honoraires s’élèvent à plus de 5.300 euros. Elle avait motivé son refus par un protocole datant de 1989 : il était alors exigé un suivi médical sur deux ans par un chirurgien, un endocrinologue et un psychiatre. Le tribunal a estimé que ces conditions, qui ne sont plus obligatoires, sont « contraires aux dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme comme de nature à créer une inégalité d’accès à la santé en fonction de l’identité de genre ». Dans son jugement, le tribunal de Bobigny a, par ailleurs, souligné l’inégalité territoriale qui perdure entre assurés « en raison des décisions aléatoires de prise en charge de parcours de transition par les CPAM ».
La France accélère à fond, avec les juges et l’administration
Un tribunal du Bas-Rhin a rendu une décision analogue en mai et les juges, partout en France, veillent désormais à ce que les caisses primaires et la CNAM remboursent partout l’intégralité des frais causés par la transition de genre, qui peuvent se monter, si elle est complète, à cent mille euros. Ils se trouvent sur la même longueur d’onde que la Haute Autorité de Santé (HAS), qui vient de publier le 18 juillet ses « recommandations de bonnes pratiques » afin d’assurer « une prise en charge sécurisée et de qualité » aux aspirants transgenres. Le pivot du processus est la reconnaissance par l’assurance maladie de la transition de genre en ALD, « affection de longue durée », qui autorise le remboursement intégral des soins. A partir de là, la HAS entend combattre « la transphobie » et les « discriminations majeures dans l’accès aux soins » en réduisant notamment les délais, et recommande au personnel soignant d’user du « pronom et prénom demandés ». Ce qui ressort du jargon des juges et des administrateurs sociaux, c’est qu’en France comme à l’ONU on peaufine, chacun à sa manière et à son rythme, le droit pour un individu de changer d’identité au gré de sa fantaisie : en même temps qu’on encourage la folie (et qu’on la finance), on détruit la société, avec l’argent du contribuable.