Trump prévoit un raz-de-marée de décrets, dès le premier jour de son investiture

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Certains sont impatients – d’autres moins. Le président élu Donald Trump prévoit de publier plus de 25 décrets le 20 janvier prochain, jour de son investiture. Selon Reuters, il a dit vouloir faire un « coup d’éclat » en usant de son pouvoir exécutif pour renverser les politiques de l’ère Biden et consolider son programme de second mandat. Immigration, climat, culture, institutions… les terrains d’action sont potentiellement nombreux, et le contenu de certains décrets est d’ores et déjà connu.

A savoir que le président sortant qui utilise fiévreusement ses dernières semaines pour couvrir les frasques des siens (alias Hunter Biden) et peut-être même de certains de ses alliés politiques, ne sera vraisemblablement pas lui-même inquiété : Trump a fait valoir qu’il ne demanderait pas d’enquête du ministère de la Justice. En revanche, il a manifesté sa volonté d’intervenir au sujet des très nombreuses arrestations qui ont eu lieu après la fameuse émeute du Capitole, en janvier 2021, et de gracier, au cas par cas, ses partisans.

 

Mettre en scène et remettre en selle ses objectifs politiques le jour de l’investiture

Susie Wiles, le prochain secrétaire général de la Maison Blanche, l’aurait déclaré en privé à un groupe de donateurs républicains selon le New York Times : le président élu Donald J. Trump prendrait des mesures dès le premier jour pour rétablir plusieurs décrets de son premier mandat que le président Biden avait révoqués.

Rien de très surprenant jusque-là. La porte-parole du président-élu, Karoline Leavitt, l’a aussi déclaré à Reuters : « Le peuple américain peut compter sur le fait que le président Trump utilisera son pouvoir exécutif dès le premier jour pour tenir les promesses qu’il leur a faites pendant la campagne électorale. »

Ce qu’il y a de nouveau, c’est le volume de ce qui est envisagé. Quand Trump fut investi, en 2017, il ne signa qu’un seul décret, suivi d’une poignée d’autres au cours des premières semaines de sa présidence. Joe Biden, en signa, lui, 17, dès son premier jour en 2021, en particulier pour annuler les politiques menées par son prédécesseur.

Le vent ayant tourné, il semble que Trump veuille prendre sa revanche en doublant le score de Biden, aidé par son équipe de conseillers, dont un collaborateur de longue date et le futur chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche pour la politique qui est également son conseiller en matière de sécurité intérieure, Stephen Miller.

 

La répression de l’immigration et la non soumission au climat

Premier objectif : l’immigration. Selon Reuters, Trump prévoit de relancer la construction du mur frontalier entre les Etats-Unis et le Mexique et d’accorder aux agents de l’immigration des pouvoirs plus étendus pour arrêter et expulser les immigrés clandestins, y compris ceux qui n’ont pas de casier judiciaire. On s’attend également à ce qu’il envoie davantage de troupes à la frontière sud.

Mais la mesure la plus controversée réside dans son projet de mettre fin à la citoyenneté de naissance, ce droit du sol à l’américaine qui confère la citoyenneté à toute personne née aux Etats-Unis, même si ses parents sont étrangers. Trump a fait cette annonce à l’émission « Meet the Press » de la chaîne NBC, dimanche. Mais le 14e amendement de la Constitution qui garantit ce droit lui sera sûrement opposé. Plus qu’un décret exécutif, il faudrait au nouveau président un amendement constitutionnel pour changer la donne et son adoption exigerait une majorité qualifiée des deux tiers dans les deux chambres du Congrès américain, sans compter la ratification par au moins trois quarts des législatures des Etats.

De façon quasi assurée, Trump interviendra sur la politique dite climatique, en annulant les restrictions imposées par Biden sur le pétrole et le gaz, pour accroître les activités de forage, de fracturation et d’autres activités de production de combustibles fossiles sur les terres fédérales. Il a toujours affirmé son objectif clair de réduire la dépendance des Etats-Unis à l’égard des sources d’énergie étrangères, en relançant la production nationale d’énergie. Lors de son premier mandat, il avait procédé à un démantèlement complet de près de 100 réglementations environnementales…

 

Sus aux discriminations positives du wokisme

Plusieurs décrets vont aussi sûrement s’inscrire dans ce qu’on appelle le contexte de guerre culturelle, à savoir « l’endoctrinement de gauche » selon les mots même de Trump. Il s’est engagé à supprimer, dès le premier jour, les fonds fédéraux alloués aux écoles qui enseignent la théorie critique de la race (Critical Race Theory) selon laquelle les préjugés raciaux sont ancrés dans les institutions américaines et que donc tout Blanc, même malgré lui, est raciste… Il compte également revenir sur les politiques fédérales concernant les élèves « transgenres » des écoles publiques auxquels avait été étendues les protections du titre IX qui interdit toute discrimination fondée sur le sexe dans les programmes d’éducation.

Quant aux fameux programmes de diversité, équité et inclusion (DEI) au sein du personnel fédéral (de moins en moins en vogue dans les entreprises privées), ils pourraient être tout bonnement interdits. Plus fort encore, un décret pourrait concerner les embauches au sein du département d’Etat, pour éviter que les décisions ne soient fondées « sur la race ou le sexe plutôt que sur le mérite ».

Il refléterait la volonté plus large de Trump de réformer les pratiques d’emploi woke dans la fonction publique qui usent et abusent de la discrimination positive. Son décret « Schedule F », signé quelques semaines avant les élections de novembre 2020 et révoqué sans tarder par Biden, pourrait ainsi revoir le jour, au grand dam des Démocrates : il créait une nouvelle catégorie de fonctionnaires fédéraux dont les membres pouvaient être congédiés au bon vouloir du président (jusque-là, seuls 4.000 postes politiques liés à l’administration sont susceptibles d’être changés à chaque nouvelle élection).

 

Décrets : Trump débutera son mandat sur le ton autoritaire

Contrairement aux lois qui nécessitent l’approbation du Congrès, les décrets permettent aux présidents d’agir unilatéralement, en contournant le processus législatif, même si ce dernier est nécessaire pour approuver les sommes allouées. Cette volonté d’asseoir son autorité par une ribambelle de décrets, publiés d’entrée de jeu dès le premier jour, marque avec force le début de ce mandat et annonce la couleur : Trump veut aller vite et loin.

Sera-t-il à l’origine de l’un des changements politiques les plus spectaculaires de l’histoire récente comme se l’est demandé The New American ? S’inspirera-t-il de toutes les recommandations du fameux Projet 2025 élaboré par la Heritage Foundation où « sévissent » plusieurs ex-membres du premier gouvernement Trump ? Le clan démocrate avait copieusement accusé sa proximité avec un tel programme de droite…

Quoiqu’il en soit, et même si des contestations judiciaires surviendront immanquablement, le ton est donné.

 

Clémentine Jallais