C’était la première des primaires républicaines et l’Iowa a donné une réponse sans équivoque à celui qui n’avait pas essuyé le jugement des urnes depuis son départ fracassant de la Maison Blanche, en 2021 : Donald Trump est bien, encore et toujours, le chef de file des Républicains. Avec 51 % des suffrages dans cet Etat du Midwest, il fait mieux que les deux candidats suivants réunis. Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, affiche un score d’environ 21,2 % ; et Nikki Haley, l’ex-ambassadrice américaine à l’ONU, se contente de 19,1 % des voix.
Une victoire d’autant plus symbolique que l’ancien occupant de la Maison Blanche est inculpé au pénal dans plusieurs affaires. Confiance à tout crin des électeurs ou volonté tenace de battre à tout prix Joe Biden ? En tous les cas, la lutte contre la Maison Blanche commence à prendre forme – la présidentielle du 5 novembre, c’est demain.
« Si vous voulez sauver l’Amérique du véreux Joe Biden, vous devez vous rendre au caucus »
Victoire largement prévisible, clament les analystes politiques ! Certes le magnat était en terrain relativement conquis dans cet Etat où vivent de nombreux évangéliques. Mais l’Iowa était davantage pressenti pour répondre à la campagne plus conservatrice de Ron DeSantis. Et pourtant tous les comtés, urbains comme ruraux, à l’exception d’un seul, ont donné la victoire à Trump : une marge considérable, jamais vue auparavant, pour ce caucus que les Républicains pratiquent depuis 1976. Et alors même que le thermomètre affichait -20 °C…
Ce résultat ne manque donc pas d’intérêt bien que l’Iowa ne possède qu’environ 1,6 % du nombre de délégués qui voteront lors de la Convention nationale du parti. Dans le New Hampshire, prochain rendez-vous des primaires, l’issue est moins certaine pour Trump et le nombre d’électeurs en lice supérieur. Mais l’Iowa a donné une impulsion certaine, et le coup de grâce, face à ses concurrents, pourrait être, alors, donné.
Jusqu’en juin, chacun des 50 Etats voteront. L’étape la plus marquante étant fixée au 5 mars, jour du Super Tuesday, où une quinzaine d’Etats choisiront leur représentant, pour le Parti républicain comme le Parti démocrate.
Victoire dans l’Iowa : Trump a plus de voix que tous les autres candidats réunis
Il faut se serrer les coudes, se rassembler pour vaincre Joe Biden et arrêter de perdre du temps afin de reprendre en main le pays. C’est ce qui ressort à la fois du discours conciliant de l’ancien président, prononcé lundi soir, et de nombreux témoignages d’élus et d’électeurs. « Chaque dollar dépensé par les principaux perdants face au président Trump est un dollar qui pourrait combattre Joe Biden »… « Il est temps pour Nikki Haley, Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy de faire face à la réalité. »
Ce quatrième et dernier candidat a déjà passé l’éponge et mis fin à sa campagne, n’ayant pas réussi à dépasser les 10 %. Mais Ron DeSantis et Nikki Haley s’accrochent, bien que, de ce fait, ils divisent de façon notable l’opposition.
Le gouverneur de Floride, arrivé second, a déclaré que ses adversaires n’avaient pas réussi à l’éliminer de la course bien qu’ils lui aient lancé « tout sauf l’évier de la cuisine ». Il a accusé les médias d’écrire sa « nécrologie » politique depuis des mois et a largement critiqué les annonces précoces de la victoire de Trump avant même la fin du vote dans certaines circonscriptions. La déception est présente dans son camp.
Quant à l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU, elle a félicité Trump pour sa victoire, non sans souligner que lui et Joe Biden « manquent de vision pour l’avenir de notre pays car tous deux sont rongés par le passé, par les enquêtes, par les vendettas, par les griefs ». Ce qui est vrai surtout pour le second dont la famille, en particulier son fils Hunter, est arrosée d’affaires sordides en tout genre… mais Trump a néanmoins été inculpé quatre fois au pénal au cours de l’année passée. Il est d’ailleurs attendu, aujourd’hui mardi, au tribunal à New York dans un nouveau procès au civil pour diffamation, intenté par l’auteur Elizabeth Jean Carroll, qui l’a déjà fait condamner pour agression sexuelle en 2023.
Tromperies en tout genre pour une présidentielle à l’heure de l’intelligence artificielle
Mais, à la différence de Joe Biden qui se terre et clame qu’il a un bon fils (inculpé en décembre pour s’être soustrait à l’obligation de payer 1,4 million de dollars d’impôts), Trump en a fait un étendard de campagne, en se posant en victime d’une « chasse aux sorcières » menée par le camp démocrate.
Tous les moyens sont bons pour faire barrage au « guerrier solitaire », comme il se plaît lui-même à se nommer. Et la technique, entre autres, offre, campagne après campagne, des outils de plus en plus performants et difficiles à détecter : aux pressions et malversations électorales, on peut ajouter désormais les « deepfakes » vidéo et audio.
Cette technique, née de l’intelligence artificielle, consiste à superposer des images différentes entre elles pour créer une fausse image, ou une fausse voix. On imagine aisément le pouvoir de ces mises en scènes mensongères, (presque) parfaitement crédibles, qui sèment à tout vent le scandale ou le doute chez des millions de personnes via les réseaux sociaux. Postées au bon moment, avant une élection, et malgré toutes les dénégations publiques postérieures, leurs retombées sont fatales.
La première de cette élection présidentielle américaine vient justement d’être pointée par Trump. L’acteur et activiste démocrate Mark Ruffalo s’est excusé dans le Daily Mail, d’avoir transféré, le 5 janvier, sur le réseau X, deux photos qui se sont avérées, in fine, être des montages : elles montraient Trump dans un avion, entouré de groupes de jeunes filles, en route vers la tristement célèbre île privée du criminel sexuel Jeffrey Epstein. Lier judiciairement Trump à Epstein dont il fut une relation dans les années 1990, serait du pain bénit pour le camp démocrate…
Gageons que ce genre d’attaques se multipliera et que, la calomnie équivalant à la dispersion au vent des plumes d’une poule selon saint Philippe Néri, il sera bien difficile de tout contrer et de tout contrer à temps. Mais là encore, même pas de quoi faire peur à Trump, bien décidé, comme le soulignait Breitbart, « à réaliser le plus grand retour de l’histoire politique moderne en reprenant le bureau ovale ».