Historique : Trump face au peuple sans frontière des migrants et à ses colonnes infernales

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Venue d’Amérique latine, une colonne de 7.000 migrants se dirige vers les USA, revendiquant le droit d’y établir un « peuple sans frontière ». Si elle passe, des colonnes infernales de nomades prédateurs seront partout fondées à envahir le Nord. Un devoir historique incombe à Trump.
 
Le dix-huitième siècle français a inventé le mot sensibilité et la chose. On chantait des bergeries, on pleurait sur le sort des orphelines pauvres, et puis 1793 est venu. Le devoir de fraternité soumet l’humanité à des conséquences inattendues. Aujourd’hui la sensibilité anime une autre révolution, celle des migrations et de ces mystérieuses populations qu’on nomme migrants. Les professionnels de la propagande l’exploitent avec méthode. Une photo d’enfant palestinien suffit à discréditer Israël, une photo d’enfant noyé sur une plage turque à dissuader l’Europe de défendre ses frontières.
 

Un peuple sans frontière perce toutes les frontières

 
C’est à peu près la musique qu’on nous joue aujourd’hui en tête de la colonne de migrants qui marche vers la frontière sud des Etats-Unis. Elle fuirait « la misère et la violence », et le devoir des pays qu’elle traverse ou qu’elle veut atteindre serait de l’accueillir en la traitant « avec respect et dignité », comme l’a souligné le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Aziz Haq. 
 
Qui sont ces gens ? Vers le 14 octobre, 2.000 Honduriens partis de San Pedro Sula dans le nord du pays, se sont mis en route à pied vers les Etats-Unis. Ce n’est pas la première initiative de ce genre. En avril dernier, l’association Pueblo Sin Fronteras (Peuple sans frontière) avait organisé une caravane de plusieurs milliers de migrants. Cette fois, les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille ont fait le travail, à l’initiative d’un député. Une autre colonne l’a rejointe au traversant le Guatemala. Des locaux s’y agrègent à chaque étape afin de forcer les frontières en masse, un peuple sans frontière perce toutes les frontières, comme un cambrioleur habile perce les coffres, une charge creuse les blindages.
 

Trump, adversaire historique du peuple sans frontière

 
Tout ce beau monde serait arrivé à Huixtla, petite ville de l’extrême midi du Mexique. Objectif Juarez, ou quelque autre point de la frontière US, trois mille kilomètres plus au nord. Cela ferait cent jours de trajet à pied, mais, si certains dans les colonnes, pour l’image, marchent, beaucoup d’autres préfèrent l’usage moins fatiguant des camions et des trains. Ils ne sont d’ailleurs pas seuls. Des associations, dont on aimerait savoir qui les finance, leur fournissent vivres et médicaments. Aucun gouvernement, ni ceux du Honduras, du Guatemala, du Salvador, ni celui du Mexique ne fait ce qu’il faut pour stopper la colonne ni en réduire la masse ou la croissance. Au contraire, il existe un consensus contre tout ce qui pourrait en freiner la marche. Trump ayant annoncé son intention d’empêcher les colonnes infernales « d’entrer illégalement aux Etats-Unis » et envisageant de mobiliser « la garde nationale et l’armée », provoque une critique générale.
 

La traversée infernale du Mexique par les colonnes de migrants

 
La presse internationale et française justifie l’équipée des migrants honduriens par ce que le Honduras serait l’un des pays les plus violents du monde, où l’on tue chaque année 43 habitants sur cent mille, sept sur dix vivant dans la pauvreté.
 
L’argument ne vaut pas tripette, ni en fait ni en principe. En fait, si la sécurité des migrants justifiait leur voyage, ils ne voudraient pas traverser le Mexique, encore plus dangereux avec ses cartels : une masse déracinée qui le traverse risque beaucoup plus, statistiquement, que des populations qui restent chez elles au Honduras. Un exemple, en 2010, 72 migrants furent séquestrés par le cartel des Zetas avant d’être assassinés dans l’État de Tamaulipas.
 

Un point de vue historique sur les frontières et les migrants

 
Sur le principe, qui décide qui est migrant économique ou réfugié humanitaire ? Et sur quel critère ? C’est comme l’Aquarius en Méditerrannée. Qui dit, avant tout examen de la situation et des hommes, qui a droit à l’asile, qui est en détresse ? L’ONU et les ONG spécialisées dans le migrant affirment que les marcheurs fuient la violence et la misère. Bien. C’est ce qu’on a dit aussi des Alamans fuyant les Wisigoths, fuyant les Ostrogoths, etc., etc. A un moment donné, il faut prendre un point de vue. Les Allemands, fils d’Ostrogoth, ont pris le point de vue de l’envahisseur : ils nomment Völker Wanderungen, promenade des peuples, ce que nous nommons grandes invasions, parce qu’ils descendent des envahisseurs germains et nous des envahis gallo-romains.
 

Droit des nomades ou droit des nations : Trump face aux colonnes

 
D’analogues questions de principe ne se tranchent plus aujourd’hui selon l’origine historique ou géographique de ceux qui les considèrent, mais selon leur position mentale. Ceux qui s’en tiennent au droit international classique voient la caravane hondurienne comme une colonne infernale d’envahisseurs. Il faut tirer les conséquences des principes : dès que l’on tient pour valide le droit des nations, la caravane des honduriens n’a rien de pacifique, c’est une invasion préméditée, un acte de guerre et de ravage, une colonne infernale en marche.
 
C’est une question philosophique qui va trancher de notre avenir. La maçonnerie, habile à manipuler les images et les esprits, et à répéter l’obligation de respect, de tolérance et de dignité dont elle est l’immortelle caryatide, joue sur la sensibilité du plus grand nombre pour imposer une nouvelle loi, celle du peuple sans frontière supérieure à toutes celles des peuples avec frontières.
 

Le génie civil de la maçonnerie contre Trump et les peuples

 
Il est donc bien naturel que les groupes de pression et les institutions supranationales qui promeuvent le droit de l’humanité nomade célèbrent aujourd’hui la marche du peuple sans frontière.
 
Ce sont les plus influents sinon les plus nombreux. Naguère, Trump ayant promis de construire un mur entre les USA et le Mexique pour stopper l’invasion des migrants, le pape François le traita de « mauvais chrétien » et lui conseilla de construire « des ponts plutôt que des murs ». Depuis le Congrès américain bloque les crédits, les écolos assurent que le mur nuirait à la biodiversité et les associations brandissent des pancartes. Imaginez-vous Suétone et ses copains chez les Pictes en train de hurler « No border’s wall » pour empêcher le mur d’Hadrien ?
 

Les difficultés infernales d’un moment historique

 
Trump menaçant de « réduire les aides » que les Etats-Unis versent au Honduras, au Salvador et au Guatemala, parce qu’ils n’ont pas su freiner la marche des migrants envahisseurs, l’ONU et ses ONG le déplorent. Elles approuvent qu’on réduise l’aide à l’Ouganda quand celui vote une loi homophobe, mais là… 
 
L’ingérence est bonne, c’est un droit, c’est un devoir depuis Bernard Kouchner, mais seulement quand elle va dans le bon sens. Freiner l’invasion, c’est freiner le multiethnisme multiculturel, c’est un péché contre le plan de la franc maçonnerie, c’est mal. Ce que fait Trump est mal. Lui-même est mauvais. Le moment est historique. Va-t-il assumer sa position de rejeté absolu ? Va-t-il, le cas échéant, si ses adversaires qui sont maîtres de la communication le coincent, oser utiliser la force ? Aura-t-il la cruauté nécessaire. Plus que dans un traité de limitation nucléaire, le destin du monde se joue à la frontière des Etats-Unis.
 

Pauline Mille