Selon Breitbart.news, Jared Kushner, gendre et haut conseiller de Donald Trump, a joué un rôle clef dans la décision du président des Etats-Unis de ne pas poursuivre sa décision de retrait de l’accord de libre échange nord-américain (ALENA, mieux connu sous l’acronyme anglais de NAFTA). Si les détails manquent quant à ce revirement et ce qui l’a inspiré, en revanche, la mobilisation de ce représentant du monde de la finance et des affaires à millions est acquise, selon le média proche de Trump.
On sait ainsi que Jared Kushner a servi de relais entre les représentants du Canada et l’administration du nouveau président américain, même si plusieurs versions existent de ce qui a pu y être dit.
Le mois dernier, on pensait encore que Donald Trump s’apprêtait à activer l’article 2205 de NAFTA : c’est la clause de sortie de l’accord. L’annonce était d’autant plus vraisemblable que Trump avait fait de la dénonciation des effets pervers de cet accord de libre-échange l’un des axes de sa campagne présidentielle.
Le revirement de Trump sur NAFTA piloté par Jared Kushner
L’information circula pendant plusieurs heures, avant d’être brutalement contestée par l’administration elle-même, précisant que Trump avait été persuadé par les chefs d’Etat du Mexique et du Canada de ne pas dénoncer l’accord. Quelques jours plus tard, c’est le président lui-même qui expliquait lors d’un meeting en Pennsylvanie : « Deux personnes que j’aime beaucoup, le président du Mexique, le premier ministre du Canada, ils m’ont appelé, ils m’ont dit : “Pouvons-nous négocier ?” J’ai répondu oui, nous pouvons renégocier », a raconté Trump, patelin. Comme quoi il est aisé de faire changer d’avis le chef d’une des plus grandes puissances mondiales.
Les explications abondent. Certains analystes ont retenu la plus bienveillante à l’égard du Président : l’administration aurait joué un énorme coup de bluff, menaçant de dénoncer NAFTA afin de partir en position de force pour en renégocier les aspects les plus dommageables et faire prendre au sérieux cette volonté par le Canada et le Mexique. Pour d’autres, le revirement était le résultat d’un conflit interne à la Maison-Blanche, avec d’une part le nationaliste économique Steve Bannon (naguère à la tête de Breitbart), flanqué du chef du Conseil national du commerce Peter Navarro, et de l’autre les globalistes convaincus tel Gary Cohn, ancien de Goldman Sachs et président du Conseil économique national.
Selon Breitbart, peut-être informé par Bannon lui-même, ce dernier aurait rédigé avec Navarro un ordre exécutif pour déclencher la procédure de retrait. L’information ayant été fuitée par le New York Times, CNN et d’autres, les mondialistes du monde des affaires seraient alors entrés en action pour empêcher ce qu’ils considéraient comme une catastrophe.
Selon le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, il y a peut-être une troisième explication. Selon cette théorie, les événements du 26 avril n’étaient en rien le fruit d’une lutte de pouvoir ou de l’application d’une stratégie de négociation. Il s’est agi selon lui d’une simple fuite à propos d’une discussion politique en cours depuis longtemps, fuite montée en épingle par les médias américains.
Le retrait de l’accord de libre-échange NAFTA : Jared Kushner a certainement joué un rôle
« Les gens ne comprennent pas que le président encourage la discussion vigoureuse. Au cours de ces discussions, toutes sortes de choix sont soulevées », a-t-il déclaré à CNBC. Autrement dit – et Ross le déplore – le président ne s’était pas encore prononcé et on a créé une controverse à partir de rien.
Cela ne correspond pas, en tout cas, aux prises de position de Trump au cours de sa campagne. Et l’on apprend désormais par la presse canadienne que Kushner, au plus fort de la tourmente, a appelé le chef de cabinet du Premier ministre canadien Justin Trudeau pour suggérer que ce dernier appelle personnellement le chef d’Etat américain. Ce qui fut fait.
Voilà pour la version canadienne : les responsables de la Maison-Blanche assurent quant à eux que soit Trudeau, soit ses proches responsables, ont contacté Kushner qui a consenti à fixer un rendez-vous téléphonique entre le Premier ministre canadien et Donald Trump le jour-même.
Qui a donc pris l’initiative? Au fond, cela n’est pas très important. On retiendra que Kushner est apparu comme le pivot stratégique capable de faire changer d’avis le président des Etats-Unis sur une affaire aussi importante qu’un accord de libre-échange fortement critiqué par lui. Un homme des mondialistes au cœur du dispositif du pouvoir américain ? Il eût été étonnant qu’il n’y en eût point.