L’Ukraine ne parvient pas à trouver son gouvernement

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Le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé sa démission à la télévision, dimanche 10 avril 2016.

 
Les députés ukrainiens se sont séparés mardi sans valider la démission du premier ministre Arseni Iatseniouk, n’étant pas parvenus à lui nommer un successeur. La crise politique qui paralyse le gouvernement depuis des mois semble bien avoir débordé le cadre restreint du gouvernement pour s’étendre au Parlement, et sans doute à toutes les élites politiques du pays. Se trouver sans gouvernement n’est certes pas une originalité. L’Ukraine prend ainsi la suite de bien de nos pays d’Occident qui, à des heures diverses, sont restés parfois de longs mois sans gouvernement aucun… et n’avaient pas l’air de s’en porter plus mal.
 

L’Ukraine ne parvient pas à sortir de la crise

 
Mardi, les députés devaient donc entériner la démission présentée dimanche par Arseni Iatseniouk et procéder à la nomination de son successeur. La personne de celui-ci ne semblait pourtant ne pas faire particulière difficulté, et aujourd’hui encore le président du Parlement Volodymyr Groïsman semble être pour la majorité des parlementaires le candidat idoine à ce poste. La difficulté consistait en revanche à lui trouver une équipe, les négociations buttant toujours, après plusieurs heures de débat, sur un certain nombre de postes ministériels : Energie, Economie, Santé et Culture qui sont, tout de même, des postes-clefs.
 
Aussi le vote a-t-il été reporté à ce mercredi, et pourrait se tenir aussi bien jeudi. Sans garantie aucune de succès. Si bien que, comme l’a souligné le député du parti présidentiel Oleksi Gontcharenko, en cas de blocage persistant jusqu’à la fin de la semaine, le président Petro Porochenko pourrait décréter de nouvelles législatives anticipées.
 
D’autant que, en cette affaire, le président Porochenko semble s’être opposé à son jeune président du Parlement (il n’a pas quarante ans), pourtant considéré habituellement comme un de ses fidèles, mais qui semble néanmoins supporter mal que le chef de l’Etat veuille composer le nouveau cabinet à son image afin de renforcer son contrôle sur l’exécutif.
 
Si elle n’a rien d’exceptionnel, cette situation ne semble guère réjouir les Occidentaux, d’autant que l’Ukraine est, à l’heure actuelle, un motif de discorde avec la Russie. « Nous espérons que ce processus se conclura au plus vite et que ceux qui composeront le nouveau gouvernement seront des gens avec une réputation de réformateurs », a ainsi déclaré l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, menaçant, dans le cas contraire, de suspendre toute aide occidentale à Kiev.
 

Trouver un gouvernement qui convienne aux Occidentaux

 
La menace ainsi proférée n’est pas un vain mot. La crise ukrainienne, renforcée par le conflit dans l’est, frappe au quotidien les habitants du pays, et le président Porochenko sait le risque qu’il courrait si cette aide, émanant pour la plus grande part du FMI, lui était ainsi retirée.
 
Mais il ne suffirait pour cela que le président finisse par s’entendre avec Volodymyr Groïsman, car nombre d’observateurs et d’analystes doute de la capacité de ce dernier à entreprendre les réformes évoquées par les Occidentaux, et qui sont fondées, ici comme ailleurs, sur d’impopulaires mesures d’austérité.
 
Et quand bien même, par extraordinaire, il les mettrait en œuvre, il n’est pas sûr que les Ukrainiens en supporteraient le poids supplémentaire, alors qu’ils ont déjà vivement protesté à plusieurs reprises contre les mesures, pourtant moins rudes, mises en place par Arseni Iatseniouk.
 

François le Luc