Les appels se multiplient à l’adresse de l’Union européenne. Les nations demandent, les nations exigent une politique européenne commune afin de contraindre celles d’entre elles qui font la sourde oreille à prendre leur part obligatoire du problème ; et plus généralement pour que l’Europe, qui prétend dicter aux nations la marche à suivre, prenne enfin la responsabilité politique d’une situation de plus en plus dramatique. Mais, face au déferlement migratoire, Bruxelles semble avoir abandonné les Etats, qu’elle a pourtant forcés à l’accepter, à leur triste sort.
Après l’échec, lundi, de la réunion des ministres européens de l’Intérieur, l’Allemagne et l’Autriche ont réclamé mardi la tenue rapide d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne pour résoudre cette crise migratoire qui ne cesse de s’amplifier.
Un chiffre, parmi tant d’autres, donne la mesure de cette croissance que l’on peut qualifier d’exponentielle. Donné par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus connu sous l’acronyme HCR, il comptabilise la progression du nombre de réfugiés syriens en Turquie depuis juin : + 200.000, alors même qu’il n’avait augmenté que de 14.000 au cours des trois mois précédents…
L’Union européenne abandonne les nations au déferlement migratoire
Pour le territoire de l’Union européenne, ce sont désormais plus de 500.000 migrants qui ont été détectés par l’agence Frontex – qui estime, au passage, histoire de calmer les esprits sans doute, qu’un grand nombre d’entre eux ont pu être comptabilisés deux fois : à leur arrivée en Grèce depuis la Turquie, puis à leur entrée en Hongrie via la Serbie.
Et dans ce vaste bazar, les responsables de Frontex n’envisagent pas que certains, plus ou moins nombreux, aient pu n’être pas comptabilisés du tout ?
Mais les chiffres importent peu, puisqu’ils sont appelés à être révisés à la hausse chaque jour. Ce qui explique notamment que, lundi, les ministres européens aient pu s’entendre sur le nombre de réfugiés à accueillir, mais pas sur leur répartition.
Le problème est que l’Europe pose des principes, sans jamais s’intéresser à leur application. Aux peuples de se débrouiller, pragmatiquement, sur le tas. C’est, peut-on dire, une tare constitutionnelle de l’Europe ; il en a été ainsi pour l’euro, et, depuis lors, pour toutes les grandes décisions européennes.
Le déshonneur de l’Europe
Aujourd’hui, c’est l’accueil obligatoire des migrants. Tant pis si ceux qui n’y peuvent parvenir se trouvent aux prises avec d’insurmontables problèmes.
Bruxelles fait, en effet, peser sur leur tête une véritable épée de Damoclès, puisque la démocratie, désormais, c’est l’Europe, et que chacun n’a d’autre choix que de s’y plier.
C’est simple, trop simple, simpliste ? Sans doute ! Mais observez les démarches des institutions européennes. Elles plongent les nations dans les pires problèmes sans aucunement se salir les mains. A elles de faire en sorte que cela soit.
Beaucoup, par adulation de l’idée-même de démocratie, courbe l’échine ; la France en sait quelque chose. Certains commencent à grincer des dents. De plus en plus fort. Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel vient ainsi de déclarer que « l’Europe s’est une nouvelle fois déshonorée » !
On lui demanderait volontiers des précisions sur les précédents. On se contentera d’espérer que les peuples, exsangues à force de subir une politique insane, ouvrent enfin les yeux…