Manuel Valls veut confisquer la démocratie sous prétexte de la protéger du peuple

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Manuel Valls a appelé lundi soir les électeurs de gauche à voter pour les candidats des Républicains dans trois régions, au motif qu’elles sont susceptibles d’être remportées par le Front national au second tour des élections régionales. En s’exprimant ainsi, le premier ministre s’engage dans ce raisonnement spécieux, utilisé à plusieurs reprises dans l’histoire, qui consiste, en voulant protéger la démocratie du peuple, à la confisquer pour établir une tyrannie dont les signes avant-coureurs se manifestent en France depuis quelques années.
 
Invité sur le plateau de TF1, Manuel Valls a déclaré que la gauche pouvait l’emporter partout sauf dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, où il a donc appelé à voter pour la liste des Républicains.
 

Manuel Valls veut confisquer la démocratie

 
« Quand il en va de la République, il faut être désintéressé, il faut être à la hauteur des événements. Quand on aime ce pays, on va droit au but et on appelle à voter pour Les Républicains », a déclaré le premier ministre.
 
On pourrait citer plus longuement la logorrhée qui lui tient lieu de discours, mais ce serait pour répéter indéfiniment la même chose.
 
Cet appel du premier ministre mérite cependant plusieurs observations. La première, c’est qu’il critique le programme du Front national en se contentant d’affirmer qu’il n’apporte « aucune solution », mais sans justifier autrement son propos. A ce niveau-là, la seule chose qui soit sure, parce que les Français l’ont trop souvent testé, c’est que le remède socialiste est pire que le mal.
 
La seconde, c’est que Manuel Valls s’invente une extrême droite pour parvenir à ses fins électorales. D’abord, parce qu’il y a belle lurette que le Front national s’est éloigné de la droite pour lui préférer une vision jacobine, c’est-à-dire de gauche. Et ensuite, parce que l’idée même d’extrémisme est une idée de gauche.
 

Protéger la démocratie du peuple

 
Jacques Attali disait à peut près la même chose, cette semaine, que Manuel Valls, mais avec beaucoup plus d’intelligence que le psittacisme ministériel n’en recèle.
 
Dans sa chronique hebdomadaire de l’Express, l’ancien conseiller de François Mitterrand, après avoir relevé les maux dont souffre la France, observe que ceux-ci « s’expliquent tous, en fait, par une unique cause : la faiblesse des dirigeants politiques », renvoyant dos à dos dans cette responsabilité (ou peut-être cette irresponsabilité) la gauche et la droite. « Le malheur de la France est, justement, qu’on n’a rien essayé du tout. »
 
Et il ajoute : « Le Front National ne fera pas exception : s’il gagne quelques élections régionales, il n’appliquera rien de son programme, comme il n’en a rien appliqué dans les municipalités conquises l’an dernier, de peur d’indisposer les électeurs avant le grand rendez-vous de 2017.
 
« Et s’il gagne en 2017, ce parti ne fera rien non plus, pour rester longtemps au pouvoir et gagner les élections suivantes. »
 
Cette analyse n’est pas nouvelle, et pas nécessairement infondée.
 
Mais Attali ajoute que le mal n’en sera pas moins fait, parce que tout le monde, s’imaginant que la France veut sortir de l’euro, ira se réfugier ailleurs, et notre pays sera ruiné. Là, comme d’habitude, c’est l’idéologie européiste qui parle…
 
Partant de là, il appelle lui aussi au fameux front républicain : « Se maintenir, pour les partis démocratiques est une honte ! » Parce que « la France peut ne pas se réduire à osciller entre Daesh et le Front National ».
 

« Deux amours… »

 
C’est-à-dire que Jacques Attali appelle lui aussi à suspendre la démocratie, en privant le peuple, pourtant réputé souverain, du choix qui se présente à lui. Une solution moins radicale que celle prônée en son temps par Bertolt Brecht, mais tout aussi efficace.
 
« Il y a deux visions, et dimanche prochain il faudra choisir entre ces deux visions de la France », affirmait hier Manuel Valls.
 
Ce n’est pas tout à fait exact. Nous aimons, nous, la France éternelle, chantée par tant de nos pères. Manuel Valls et les siens aiment, eux, la République, qui est de plus en plus, à notre époque moderne, un totalitarisme.
 

François le Luc