Montrer l’exemple… S’il y a un domaine où le Vatican a à cœur de montrer l’exemple, quitte à changer des règles de vie et des habitudes ancrées, c’est bien dans le domaine… écologique. Le Gouvernorat de l’Etat de la Cité vient de lancer un programme de développement de la mobilité durable baptisé « Conversion écologique 2030 », dans lequel il compte transformer, entre autres, toutes les voitures thermiques de son parc automobile en voitures électriques.
Il fut un temps où un autre type de conversion concentrait les soucis du siège de Rome. Mais l’air s’est réchauffé, nous dit-on, et l’on doit changer d’ère. Le pape vient d’ailleurs de demander de prier tout particulièrement pour la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à laquelle il se rendra bientôt lui-même, en personne – une première dans l’histoire papale.
Des véhicules électriques dans la flotte automobile du Vatican
C’est toute une série d’initiatives et de stratégies d’économie d’énergie que l’Etat de la Cité du Vatican entend mettre en œuvre, « pour sauvegarder l’environnement », conformément à son engagement de longue date de promouvoir le développement durable. Un acte politique, médiatique, dans la droite ligne de la Lettre Encyclique Laudato si’ et de l’Exhortation Apostolique Laudate Deum.
La capitale de la chrétienté montre ainsi l’ambition de figurer parmi les premiers Etats au monde à vouloir réduire concrètement l’impact de l’activité humaine sur l’environnement…
Et en premier lieu, les voitures ! Un partenariat a été signé avec le groupe Volkswagen pour promouvoir la mobilité électrique et hybride et réduire ainsi l’impact CO2 de sa flotte de véhicules. Le Vatican entend rendre tout son parc automobile neutre en carbone d’ici 2030 et déployer son propre réseau de recharge dans l’Etat et dans les zones extraterritoriales : l’ensemble de ses salariés seront concernés.
Et ce n’est pas tout. A travers son programme « Conversion écologique 2030 », le Vatican veillera à ce que ses besoins énergétiques proviennent exclusivement de sources d’énergie renouvelables. Ainsi, la neutralité climatique, saint Graal d’aujourd’hui, serait quasi atteinte, via l’élimination raisonnée des déchets, et le développement de projets concrets de reforestation.
La crise climatique : le pape contre le carbone depuis 2015
Il faut préserver la « Maison Commune », expression, comme nous le rappelait Jeanne Smits, forgée par Gorbatchev au temps de la chute de l’Union soviétique. Et pour cela, le Vatican et le pape s’impliquent intensément, d’une manière de plus en plus ouverte et, il faut le dire, de plus en plus déroutante, voire choquante dans cette recherche du développement humain intégral, vu et considéré à travers, par et pour l’écologie.
François a d’ailleurs annoncé sa participation à la COP28 qui se tiendra à l’Expo City de Dubaï du 30 novembre au 12 décembre prochain. La Conférence des Parties (COP) est la réunion annuelle des Etats pour fixer les objectifs climatiques mondiaux. C’est la première fois qu’un pape y participera, depuis sa création en 1995… Il y passera trois jours entiers, inaugurant, entre autres, le « Pavillon de la Foi » à l’Expo City de Dubaï : « C’est dans ce pavillon que les responsables religieux pourront désormais s’entretenir sur la collaboration inter-religieuse dans la lutte contre les changements climatiques », nous dit Kto TV.
La ratification de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et les Accords de Paris constituent le pont précis entre les politiques environnementales et les recommandations alarmistes du Saint-Père. Il avait reçu, en octobre, le Dr Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28 des Emirats arabes unis des Nations unies, pour discuter du rôle que les chefs religieux et les organisations confessionnelles peuvent jouer dans la promotion des objectifs climatiques de l’ONU.
« La crise climatique globale » permettrait-elle la neutralité religieuse ?
C’est ce qu’on doit comprendre : le climat transcende frontières et confessions, dans un impératif « globalitaire » qui se veut à la fois hyper-structurant pour les sociétés, traversant toutes les sciences humaines, de la politique à la culture, en passant par l’économie, et fondamentalement structurel pour les consciences, et c’est évidemment là le plus dangereux. François n’a pas dit autre chose dans l’Exhortation Apostolique Laudate Deum, publiée début octobre, qui se veut un rappel renforcé de Laudato Si’.
Parce que « le monde dans lequel nous vivons s’effondre et pourrait être proche du point de rupture », le pape s’y pose en critique de l’inaction des dirigeants mondiaux depuis ces huit dernières années et assume quasiment un rôle d’activiste climatique, en fustigeant les discours climatosceptiques.
Il réaffirme la nécessité des accords multilatéraux « à la lumière de la nouvelle situation mondiale », l’instauration d’une « véritable Autorité politique » au-delà des nations. Mais surtout, il repense l’homme dans son intrication avec la nature, cette nature dans laquelle il l’enfonce jusqu’à l’y noyer, jusqu’à le dissoudre dans le cosmos rêvé – comme un mauvais goût panthéiste.
Le salut personnel céleste est devenu le salut terrestre de tous, soumis à ce nouvel impératif universel : « toute famille doit penser que l’avenir de ses enfants est en jeu ». La justice de Dieu est devenue la justice sociale climatique. La perspective a changé d’orientation : l’horizon du Ciel est devenu celui du monde d’ici-bas. Donc, peu importe la religion au final. Et le pape l’a écrit lui-même, comme le soulignait Jeanne Smits à juste titre, en défendant, quelle confusion, la « foi authentique » des autres religions…
En fait, seul le climat peut nous réunir – à défaut du Christ. Il faut que tous empruntent « ce chemin de réconciliation avec le monde qui nous accueille », sans que personne ne soit laissé sur le bord de la route.
François achève cette exhortation en affirmant : « Un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même. » Mais une organisation mondiale qui prétend faire de même et instaurer la religion de la post-modernité… c’est l’ensemble de l’humanité qu’elle veut perdre.