Le Venezuela annonce une application de rendez-vous pour obtenir du carburant

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Les citoyens vénézuéliens seront bientôt obligés de prendre rendez-vous pour acheter des rations de carburant subventionné pour leurs véhicules, a annoncé le ministre du Pétrole du gouvernement socialo-communiste de Nicolas Maduro, Pedro Tellechea. Un comble dans un pays aussi riche en « or noir » que le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, estimées à plus de 300 milliards de barils. Si pénurie il y a, ce n’est pas faute de matière première : les Vénézuéliens sont une fois de plus victimes de la gestion catastrophique des richesses du pays depuis la mise en place de gouvernements de gauche il y a une vingtaine d’années. Les exportations se sont effondrées et maintenant il n’y a presque plus rien pour personne.

Pour avoir accès à l’essence, il a fallu depuis lors passer au Venezuela par les méandres d’une véritable usine à gaz… Et cela fait plus de dix ans que les files d’attente interminables à la pompe font partie du paysage.

Les tarifs subventionnés limités à un quota mensuel ne sont pas non plus une nouveauté, mais désormais il faudra se munir d’une application de téléphonie mobile – pas encore lancée, que le régime socialiste a promis de mettre en place « dans les prochains jours » – pour réserver un créneau dans sa station préférée. L’idée est de résorber les fameuses files d’attente.

Le résultat pourrait bien être un parfait outil de contrôle social numérisé…

 

Le Venezuela impose la distribution de carburant sur rendez-vous

Pedro Tellechea, qui est à la fois ministre du Pétrole et président de la compagnie pétrolière nationale PDVSA, a fait l’annonce lors du lancement d’un distributeur pilote de pétrole à « paiement rapide » à Caracas. De fabrication chinoise, cela va presque sans dire. La fameuse PDVSA est aujourd’hui ruinée et son infrastructure est dans un état lamentable. La production pétrolière s’est effondrée.

« Depuis le début des années 2010 », rapporte Christian K. Caruzo, écrivain vénézuélien qui chronique les déboires socialistes de son pays, « le dictateur Nicolas Maduro a mis en œuvre plusieurs plans souvent alambiqués pour rationner la distribution de carburant, allant des “puces de rationnement” installées sur les véhicules dans l’Etat de Zulia en 2012, aujourd’hui supprimées, aux tirages au sort organisés par les socialistes locaux dans l’Etat de Mérida en 2023 pour déterminer qui “gagnera” les quotas de ravitaillement. Maduro a également utilisé la plateforme “Patria”, inspirée des notes de crédit social chinois, pour attribuer des rations mensuelles de carburant subventionné à des personnes liées par la plateforme à un citoyen spécifique et à son véhicule. »

Avec les moyens modernes, cette discrimination fondée sur le crédit social peut permettre de récompenser ceux qui correspondent aux critères fixés par le pouvoir.

Depuis 2020, le gouvernement Maduro organise la distribution du carburant par deux moyens : la première méthode passe par l’attribution de 120 litres par mois (60 pour les motocyclistes), très fortement subventionné, puisque le coût du litre équivaut à 2 centimes de dollar.

 

Une appli pour obtenir du carburant au Venezuela

Caruzo explique : « Pour recevoir la subvention, les utilisateurs doivent s’enregistrer et enregistrer leurs véhicules sur la plateforme Patria et ne peuvent se ravitailler que certains jours de la semaine en fonction du dernier numéro de la plaque d’immatriculation de leur véhicule – de la même manière que le régime de Maduro rationnait la nourriture et d’autres produits en fonction du numéro de la carte d’identité vénézuélienne au milieu des années 2010. »

On n’en trouve pas dans toutes les stations-service du pays, et par ailleurs seuls les employés de celles-ci sont habilités à faire fonctionner les pompes.

Au-delà des quotas, la deuxième méthode permet d’acquérir du carburant à un prix de vente fixe au litre appelé familièrement « taux internationaux », de l’équivalent de 0,50 dollar par litre. La confiance n’y règne pas : il faut aller payer à l’avance en station, et l’employé distribue ensuite le carburant à la pompe à hauteur de ce qu’indique le ticket de caisse.

 

Rendez-vous pour le pétrole subventionné, en montrant patte blanche ?

Tellechea se dit confiant, avec son nouveau système, de répondre à la demande des Vénézuéliens qui consomment selon lui « 95.000 » barils de pétrole par jour, une demande que la PDSVA peut « garantir ».

Avec ses fabuleuses réserves de pétrole, l’essence ne coûte quasiment rien au Venezuela depuis toujours, si bien qu’en 2013 faire le plein revenait moins cher que d’acheter une bouteille d’eau… C’est l’effondrement de la production qui a entraîné les difficultés actuelles et toute une série d’expériences – ratées – de rationnement en direction du peuple, en même temps que les gouvernements socialistes successifs ont continué d’honorer leurs « obligations » de fournir du carburant au régime communiste de Cuba, premier servi.

En 2020, la pénurie était telle que le Venezuela a même dû importer du carburant depuis l’Iran. Ça ne s’invente pas.

 

Anne Dolhein