Des centaines de « vicaires » anglicans convertis ont été ordonnés prêtres catholiques

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La nomination d’une femme comme « évêquesse » de Cantorbéry dans l’Eglise anglicane est le couronnement de plusieurs décennies d’une politique (« woke » avant la lettre) qui a poussé des centaines de clercs anglicans à rejoindre l’Eglise catholique. Ce sont au total quelque 700 anciens « vicaires » anglicans (responsables de paroisses à l’instar de nos curés catholiques) ou membres de l’Eglise épiscopalienne écossaise qui ont rejoint l’Eglise catholique depuis le début des années 1990. Si bien que près d’un tiers de tous les prêtres catholiques ordonnés entre 1992 et 2024 en Angleterre et aux Pays-de-Galles étaient d’anciens clercs anglicans : leur nombre est estimé à 486 prêtres et 5 diacres permanents, en majorité pour l’Ordinariat créé en 2009 par Benoît XVI.

C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par St. Mary’s University de Londres. Celle-ci a identifié 16 anciens évêques anglicans et deux évêques « Continuing Anglican » – des Eglises à identité anglicane, souvent aux Etats-Unis, qui ne sont pas en communion avec l’Eglise d’Angleterre – qui se sont convertis au catholicisme pendant cette même période de 32 ans, entre 1992 et 2024.

 

486 vicaires anglicans convertis sont devenus prêtres catholiques depuis 1992

Le professeur Stephen Bullivant, co-auteur de l’étude du Centre Benoît XVI pour la religion et la société de l’Université St. Mary’s, affirme que cette vague de conversions fait indubitablement suite au vote du Synode Général des Anglicans autorisant en 1992 les femmes à devenir vicaires anglicans.

Ce vote avait été acquis avec une minuscule majorité de deux voix. Cette nouveauté est invoquée comme raison principale de leur conversion par un grand nombre de clercs anglicans qui ont fait cette démarche au cours des années 1990. D’autres ont cependant noté que l’idée de la conversion était un aboutissement qui leur semblait conforme à ce que leur conscience leur dictait déjà depuis un bon moment.

On ne sera pas surpris d’apprendre que le cardinal Vincent Nichols a, d’une certaine manière, rejeté le terme de conversion pour ces Anglicans qui ont choisi d’embrasser le catholicisme. Il note dans son avant-propos à l’étude qu’ils n’ont pas « rejeté leur riche et précieux héritage anglican, mais ont vécu une impulsion impérative les poussant à rejoindre la pleine communion visible de l’Eglise catholique en union avec le siège de Pierre ».

 

Du cardinal Newman à aujourd’hui en passant par Robert Hugh Benson, ces anglicans se ressemblent

En revanche, le directeur de la St. Barnabas Society, le père Paul Martin, qui a rédigé un mot de bienvenue au rapport commandité par cette instance d’aide aux clercs anglicans convertis, commence sa réflexion avec l’exemple de la conversion il y a 120 ans de Robert Hugh Benson, fils d’un archevêque de Cantorbéry, racontée dans ses Confessions d’un converti. Le père Martin note que ces démarches des Anglicans qui rejoignent aujourd’hui l’Eglise catholique, lui-même y compris, résonnent très largement avec les réflexions et les sentiments exposés par l’auteur de la dystopie Le maître de la terre.

Le rapport note combien la décision de conversion est individuelle :

« G. K. Chesterton a dit un jour : “La difficulté à expliquer pourquoi je suis catholique réside dans le fait qu’il existe dix mille raisons, qui se résument toutes à une seule : le catholicisme est vrai” (1926 : 19). Cependant, comme le soulignent souvent ses biographes, il a fallu plusieurs années à Chesterton lui-même pour passer de la prise de conscience de ce fait à son entrée dans l’Eglise catholique. Il ressort clairement de toutes les interviews réalisées et de tous les mémoires et témoignages lus dans le cadre de ce projet que quelque chose de très similaire se passe ici. »

Les parcours sont extrêmement variés et passent souvent par des chemins détournés allant de l’islam et de l’athéisme à Hare Krishna… Le rapport souligne aussi la difficulté matérielle de la conversion des clercs anglicans – ayant souvent femme et enfants – qui savent qu’en quittant leur ministère ils perdront leurs revenus et souvent leurs logements, risquent de vivre dans la précarité pendant de longues années, faute de formation à autre chose que la théologie anglicane.

A cela s’ajoute la difficulté de rompre avec famille et amis, voire de confronter l’hostilité d’une épouse. Tout cela pousse à retarder la décision finale. A moins que ces chemins tortueux ne soient la longue route préparée par Dieu lui-même : plusieurs convertis soulignent combien ils ont profité de ce que la Providence leur avait ainsi préparé.

 

Jeanne Smits