L’Etat de Washington prétend lever le secret de la confession pour les abus d’enfants

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Le gouverneur démocrate de l’Etat de Washington, Bob Ferguson, a apposé sa signature à une loi violemment anticatholique obligeant les prêtres à signaler des cas d’abus sexuels sur des enfants aux autorités dans tous les cas, y compris lorsqu’ils en ont eu connaissance lors d’une confession. Dans toutes les moutures antérieures de cette loi qui entrera en vigueur en juillet, une « exemption » était prévue pour tout ce qu’un prêtre pouvait apprendre dans le cadre du sacrement de la pénitence, canoniquement couvert sous peine d’excommunication par le sceau du secret, pour le bien des âmes. Quel criminel irait en effet se confesser s’il craignait de se voir dénoncer à la police par son confesseur ?

La suppression de l’exemption a été le cheval de bataille de la sénatrice démocrate Noel Frame : c’était pour elle le point « critique » de sa proposition qu’elle a défendue en affirmant qu’« on ne place jamais la conscience de quiconque au-dessus de la protection d’un enfant ».

Si Ferguson se réclame de son catholicisme, en affirmant avoir lui-même reçu le sacrement de pénitence au cours de sa vie, Mme Frame a déclaré au cours des polémiques ayant précédé l’adoption de son texte qu’elle avait cessé sa pratique catholique en raison du refus de l’Eglise de revenir sur le secret de la confession. Désormais, ce sera amende ou prison pour le contrevenant !

 

L’Etat de Washington imagine protéger les enfants en s’en prenant au secret de la confession

Catholique ? Ancienne catholique ? On se demande ce que ces mots veulent dire dans l’esprit de ceux qui ont poussé la loi, puisque tant le gouverneur que la sénatrice ont explicitement soutenu l’avortement, les « droits » LGBT et autres choses du même style. Pour la « protection » de l’enfance, on repassera…

L’obligation prive en revanche les prêtres de toute protection de leurs « communications privilégiées » avec leurs pénitents, alors même que d’autres types de secret demeurent reconnus aux Etats-Unis : ainsi, les confidences faites par un individu à son avocat sont le plus généralement couvertes par le secret professionnel, y compris en cas d’abus sexuels sur mineurs… Or il s’agit d’un tout autre cas de figure. Le prêtre n’est pas là pour conseiller son pénitent ni l’aider face à la justice : il agit selon l’ordre surnaturel de la grâce, accordant le pardon de Dieu in persona Christi lorsque cela est possible.

Au demeurant, le prêtre peut faire le choix de conditionner le pardon, l’absolution, au fait que le pénitent se dénonce lui-même aux autorités… Mais dans tous les cas, le secret de la confession demeure absolu, comme le souligne le Canon 983, § 1 : « Le secret sacramentel est inviolable ; c’est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière, et pour quelque cause que ce soit. » Et cela oblige le prêtre, jusqu’au martyre s’il le faut.

 

Les abus d’enfants ne sont pas signalés par les médecins ou avocats

L’archevêque de Seattle, Mgr Paul D. Etienne, a vivement condamné l’obligation faite aux prêtres de « violer le sceau du sacrement de la réconciliation, mieux connu par la plupart comme la confession ». « Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes : telle est notre position face à cette nouvelle loi », a déclaré le prélat dans un communiqué. « Tous les catholiques doivent savoir et avoir l’assurance que leurs confessions demeurent sacrées, sûres, confidentielles et protégées par la loi de l’Eglise », a-t-il ajouté.

Et de rappeler que les directives en vigueur dans le diocèse « obligent déjà les prêtres à signaler » des cas d’abus sur mineurs et personnes vulnérables, hormis le cas où cette information « est obtenue au cours d’une confession ».

La conférence des évêques de l’Etat de Washington avait participé depuis trois ans à la recherche d’une « solution amiable » de la question, sans succès. Mgr Etienne déplore l’adoption « de la version la plus extrême de la loi », et rappelle que le Premier amendement de la Constitution américaine interdit d’interdire le libre exercice de la religion.

 

Washington s’immisce dans les droits des religions

Son communiqué poursuit :

« Avec cette loi, l’Etat de Washington vise spécifiquement la conduite religieuse en s’immisçant dans la tradition catholique, à savoir le rituel très défini du sacrement de la réconciliation. L’Etat exige désormais des prêtres qu’ils violent un élément essentiel du rite, à savoir la communication confidentielle entre le prêtre et le pénitent au cours de laquelle l’absolution des péchés est accordée.

(…)

« Dès l’instant où l’Etat revendique le droit de dicter les pratiques religieuses et d’exiger la divulgation d’informations obtenues dans le cadre de ce sacrement – communication privilégiée –, où se situe la frontière entre l’Eglise et l’Etat ? Quelles autres informations l’Etat peut-il désormais exiger de connaître ? Quelles autres pratiques religieuses va-t-il tenter de réglementer ? Pourquoi cette communication privilégiée entre le prêtre et le pénitent est-elle la seule à être visée ? Pourquoi pas celle entre l’avocat et son client ? Entre le médecin et son patient ? Entre époux ?

« Cette nouvelle loi vise spécifiquement la religion et constitue clairement un abus de pouvoir de la part du gouvernement, et impose une double norme. La ligne de démarcation entre l’Eglise et l’Etat a été franchie et doit être rétablie. Les personnes de toutes les religions de l’Etat de Washington et au-delà devraient être alarmées par cet abus de pouvoir de la part de notre législature et de notre gouverneur. »

 

L’attaque de Washington contre la confession est une attaque contre le salut des âmes

Ce qui est attaqué est bel et bien le salut des âmes : la loi aura notamment pour effet (à moins que ce n’en soit l’un des buts) de décourager les coupables de rechercher le pardon sacramentel de leurs crimes – pardon qui, lorsqu’il est demandé, exige le ferme propos de ne pas recommencer et de réparer le mal commis.

Les enfants n’y gagneront donc rien. Et des âmes risqueraient de se perdre… Mais déjà, Mgr Thomas Daly, évêque de Spokane, a fait savoir que le clergé de Washington n’obéira pas à cette loi : « Les pasteurs, évêques comme prêtres (…) garderont le secret de la confession – dussent-ils aller en prison. Le sacrement de pénitence est sacré et le restera dans le diocèse de Spokane. »

 

Jeanne Smits