Le virus Zika déclaré « urgence de santé publique de portée internationale » par l’OMS

Zika OMS urgence santé
Nouvelle peste noire ?

 
C’est fait. Depuis hier, lundi 1er février, le virus Zika, transmis par les moustiques, est devenu « une urgence de santé publique de portée internationale », sur proclamation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de son comité d’experts indépendants. Ce décret va permettre de mobiliser des fonds, du personnel, de mener des recherches scientifiques, de coordonner les efforts d’une surveillance généralisée et, qui sait, de prendre des mesures internationales de restriction de déplacements – ce qui n’est pas encore le cas – voire d’impératifs de contrôle des grossesses
 
Qu’on se rappelle des effets de la grippe A (H1N1). La peur est toujours un agent très convaincant.
 

Face à la pandémie « explosive » du Zika

 
C’est la quatrième fois seulement que l’OMS active cette sonnette d’alarme : la première fut en 2009 avec la grippe H1N1, la deuxième, en mai 2014, avec l’arrivée d’une forme paralysante de la poliomyélite au Moyen-Orient, la troisième, en août 2014, avec Ebola, en Afrique de l’Ouest.
 
La pandémie « explosive » du Zika justifie cette décision. L’OMS a estimé que le virus pourrait atteindre la plupart de l’hémisphère et infecter jusqu’à 4 millions de personnes d’ici la fin de l’année. Il a été détecté en janvier en Espagne, au Danemark et même en France ultramarine. L’un de ses vecteurs avérés, le moustique-tigre, est largement présent en métropole ; il y arrivera, sans aucun doute. Un rapport américain répertorie d’ores et déjà plus de vingt-cinq pays et territoires en Amérique centrale, Amérique du Sud et dans les Caraïbes où il faut éviter de se rendre.
 

Le « fort soupçon » de l’OMS : seulement six cas de microcéphalie liés à Zika avérés au Brésil

 
Mais il y a beaucoup d’incertitudes. Surtout quant à ses effets réels, « ses possibles associations », comme dit l’OMS. Les médias brandissent le chiffre terrible de milliers de cas de microcéphalie au Brésil, zone la plus touchée actuellement par le virus… il ne s’agit en réalité que des cas suspects. Les cas avérés de bébés nés avec un cerveau plus petit que la moyenne, sont au nombre de 270, depuis octobre – et six seulement sont liés de façon certifiée au virus. Et comme le faisait remarquer un gynécologue obstétricien au CHU de Fort de France dans une interview au Figaro, « il y a environ 80 causes possibles à une microcéphalie » ; en Martinique, en tout cas, « aucune anomalie fœtale liée au Zika n’a été détectée ».
 
De même pour le syndrome de Guillain-Barré, maladie rare pouvant causer la paralysie et à terme la mort. Des dizaines de cas de SGB possiblement liés à une infection par Zika sont en cours d’investigation. Mais les signes disparaissent, après plusieurs semaines, dans 80% des cas (à noter que certains vaccins l’engendrent également…).
 
D’une façon générale, les personnes contaminées par le virus ne développent pas de symptômes significatifs, à 80% des cas. Ou légers comme des éruptions cutanées ou des courbatures. Les cas de complications sont rares. Des médecins ayant essuyé la pandémie à Haïti, il y a quelques années, disaient qu’il valait mieux attraper le zika qu’une dengue de niveau 2 ou 3…
 

« Urgence » : le Brésil autorise l’entrée par effraction pour trouver les moustiques…

 
Pourtant les répercussions médiatiques et gouvernementales sont conséquentes et paraissent, du coup, disproportionnées. Devant ce « danger imminent pour la santé publique », le Brésil emploie les grands moyens. Le gouvernement exige une communication précise de toutes les autorités locales ; il autorise même « ses fonctionnaires de santé » à la recherche des lieux de reproduction des moustiques à gazer, à pénétrer dans toute propriété, qu’elle soit publique ou privée… Près de 220.000 soldats seraient déployés, selon les rapports des médias locaux.
 
Mais surtout, la question s’est tout de suite posée quant à la « nécessité » de l’avortement… parfaitement illégal dans ce grand pays catholique – sauf cas de viols et de risque pour la vie de la mère. Et c’est le cas de la plupart des pays d’Amérique latine. Quelle injustice pour les jeunes et les femmes pauvres qui ne peuvent se payer d’avortements clandestins, peut-on déjà entendre…
 
Mais ça permet quand même d’imposer « des reports de grossesse », par prudence… La Colombie, le Salvador, l’Equateur, le Brésil, la Jamaïque et Porto Rico ont d’ores et déjà recommandé aux femmes d’éviter toute grossesse tant que l’épidémie de Zika n’est pas sous contrôle. En Guyane, Guadeloupe et Martinique, certains médecins ont aussi déjà donné ces consignes.
 

La santé mondiale : souvent manipulée « à bon escient »…

 
Il faut savoir aussi que le virus Zika est connu depuis plus d’un demi-siècle, qu’il est même breveté et commercialisé, soit dit en passant, par la Société ATCC de la Fondation Rockfeller. Et sa réapparition soudaine, épidémique, en Micronésie en 2007, quelque 60 ans après avoir été identifié chez un singe macaque rhésus dans une forêt ougandaise, pose quelques questions. Que n’ont pas manqué de relayer, en criant quelque peu dans le désert, certaines ONG.
 
Il se trouve que la compagnie britannique de biotechnologie Oxitec développe et répand depuis plusieurs années des moustiques mâles génétiquement modifiés, avec pour but d’endiguer les épidémies de dengue, de fièvre jaune et de chikungunya qui sévissent et tuent. Une méthode expérimentale qu’elle a déjà testée dans les îles Caïmans, en Malaisie et, en 2012, au Brésil.
 
La Commission brésilienne en charge des OGM avait approuvé cette dissémination. Mais certains scientifiques se demandent aujourd’hui si les moustiques relâchés dans la nature, pas aussi stériles que prévu, n’ont pas fini par étendre davantage toutes ces épidémies… dont le virus Zika.
 
« Si ces moustiques sont complètement sûrs, alors pourquoi le silence? » se demande le président du Centre pour l’environnement, la technologie et le développement en Malaisie.
 
On ne peut rien dire… Car Oxford Insect Technologies (Oxitec) reçoit les fonds de la salvatrice – c’est bien connu – Fondation Bill-et-Melinda-Gates. En revanche, on peut crier à la mobilisation générale ! Même les essais « ratés » ont leurs intérêts… On a vu d’autres semblables épisodes.
 

Clémentine Jallais