Le journaliste Peter Hitchens s’agace avec un humour tout anglais dans le Daily Mail de voir le spectre facial revenir… Un nouveau variant du covid se promène, lui dit-on, le variant JN.1 ou BA.2.86.1.1, de son nom scientifique. Doit-il ressortir son fameux casque à gaz polonais avec lequel il faisait ses courses durant les confinements ? Les médias glosent sur la x-ième vague épidémique, avec l’augmentation des indicateurs en ville et à l’hôpital et la détection du Sars-Cov-2 dans les eaux usées qui a augmenté de 27,7 % entre le 4 et 10 décembre. L’Espagne annonce le retour du masque obligatoire dans les hôpitaux. Et la France est le théâtre d’une campagne publicitaire à grande échelle qui a envahi les stations de métro depuis le 2 janvier : portez un masque dans les lieux publics clos pour ceux « qui risquent leur vie en prenant le métro »…

Rire ou pleurer… ? On ne sait encore.

Des gouttelettes virales de vos voisins, prémunissez-vous

Vous vous masquez si vous voulez, mais laissez aux autres leur liberté. C’est l’injonction de Peter Hitchens qui a réagi, hier, à un article publié la veille dans le même média. Peter Hitchens est un conservateur, aux opinions politiques chrétiennes, et Wikipédia le classe parmi les désinformateurs, ce qui est plutôt bon signe. Il s’est opposé aux mesures sanitaires lors de l’épidémie de Covid-19, en particulier les confinements, le port du masque et la vaccination. Et la déclaration du Dr Saleyha Ahsan l’a passablement contrarié.

Il faut revenir au masque, s’était énervé le médecin ! La raison ? Elle aurait attrapé une maladie virale, il y a peu, dans un avion où des passagers qui toussaient « avaient choisi de ne pas porter de masques et ont répandu sur les autres leurs gouttelettes virales »… « Sans surprise, quelques jours plus tard, je n’étais pas bien » !

Et d’une, le lien de cause à effet n’est pas prouvé. Et de deux, cette rapidité conclusive pose question, étant donné que le masque n’a jamais fait l’unanimité. Ou plutôt si, mais il en a fait deux : son inutilité a fait l’unanimité scientifique, puis son utilité a fait l’unanimité politique… La frénésie tous azimuts, elle, ne s’est pas masquée, et la logique, en revanche, a fui.

Faire remonter la fièvre du covid-19 ?

Et comme le fait remarquer Hitchens, en l’absence d’une épidémie massive de covid, le raisonnement est encore plus faible qu’il ne l’était à l’époque !

Il faut l’écouter, plein d’appréhension à l’idée de voir se reproduire les mêmes scénarios : « Mais déjà je commence à revoir ces visages tristes et hantés, ces yeux pleins de peur fixés au-dessus de bouches muselées, qui étaient un aspect si lugubre de la Grande Panique. Je suis de tout cœur avec ces pauvres gens. Pour moi, le port d’un tel masque a toujours été un acte politique. La personne qui s’est engagée dans cette activité contre nature dit en réalité ceci : “Je crois en la propagande sans le moindre doute. Je fais ce qu’on me dit même si les raisons sont vagues et faibles. Je soutiens la coercition massive des autres.” »

Et de raconter ces épisodes extraordinaires, largement partagés par nous autres, comme de prendre le plus de plats possibles dans un train ou un avion, ou de manger de la manière la plus lente qui soit afin de garder son masque sur ses genoux… Peter Hitchens avait bien un masque, alors : c’était un masque à gaz de l’armée polonaise avec lequel il devait plutôt faire peur aux enfants. Mais personne ne riait ou ne se moquait, lorsqu’il se promenait à vélo dans Hyde Park, loti de son attirail : le sens de l’humour avait fui, lui aussi…

En Europe, les Français toujours pas « responsabilisés » sur le port du masque

La gravité de la politique avait pris le dessus. Pourtant, le directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Mike Ryan, avait lui-même déclaré, lors d’un point de presse à Genève, le 31 mars 2020 : « Il n’existe aucune preuve spécifique suggérant que le port de masques par la population de masse présente un avantage potentiel. En fait, certaines preuves suggèrent le contraire. » Ce que le Dr Jenny Harries, alors médecin-chef adjoint, avait confirmé, une quinzaine de jours auparavant, en disant que les masques pourraient piéger le Covid et le transmettre plus facilement.

Mais les tambours ont résonné. Le 12 juillet 2020, nous dit Peter Hitchens, Deborah Cohen, correspondante santé de Newsnight sur BBC2, a rapporté que l’OMS avait inversé ses conseils sur les masques, passant de « ne les portez pas » à « portez-les ». « Diverses sources nous ont dit [que] le comité de l’OMS examinant les preuves n’avait pas soutenu les masques, mais qu’il les a recommandés en raison du lobbying politique », avait-elle alors déclaré sur Twitter.

Et le conformisme des moutons de Panurge s’en est suivi.

Aujourd’hui, devant l’augmentation des cas de grippe, de covid et autres infections respiratoires, l’Espagne vient de rendre les masques à nouveau obligatoires dans les hôpitaux et les centres de santé, après six mois d’arrêt. « Une mesure efficace, de bon sens, étayée par des preuves scientifiques », dixit la ministre espagnole de la Santé… à laquelle s’opposent farouchement des gouvernements autonomes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, fin 2023, l’Espagne comptait près de 14 millions de cas confirmés de covid et près de 122.000 décès dus au virus. Mais quand on sait d’un côté, le nombre de personnes qui ne se font pas tester, et de l’autre, la facilité avec laquelle, parfois, le covid-19 devient LA cause de la mort…

Peu importe, la culpabilité va venir chercher les derniers récalcitrants. Capital titrait à la mi-décembre « Covid-19 : pourquoi vous avez tort de ne pas mettre de masque dans les lieux publics ».

Caroline Semaille, directrice de Santé publique France et infectiologue, a déploré, lors d’une conférence de presse, le 13 décembre dernier, que les Français n’étaient toujours pas « responsabilisés » sur le port du masque… Soyez solidaires, voyons !

Clémentine Jallais