A l’heure où plusieurs entreprises, écoles et hôpitaux ont rétabli l’exigence du port du masque, outre-Atlantique, l’ancien conseiller médical en chef de la Maison Blanche, le Dr Anthony Fauci, s’est prononcé en faveur de cette contrainte face à l’augmentation actuelle des cas de covid. Une intervention remarquée sur CNN, où il dit… tout et n’importe quoi, et devient la risée des politiques comme des internautes.

« Encore un subterfuge », s’est écrié le sénateur Rand Paul. Mais serait-ce pas néanmoins un mauvais présage ?

Le Monsieur Covid américain est de retour

En France, nous avions notre Monsieur Coronavirus, en la personne de Jérôme Salomon, qui avant chaque journal de 20 heures nous décrivait les tranchées des urgences et le nombre de blessés et de morts. Aux Etats-Unis, c’était le conseiller médical en chef de la Maison Blanche, l’immunologiste Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, qui faisait le grand commentateur, à chaque conférence de presse de la Maison Blanche.

Bien qu’aucun Etat américain n’ait encore mis en place d’obligation de porter un masque, il n’a pas hésité à revenir, dans une interview télévisée sur CNN, sur le port de ce bon vieux masque qu’on avait presque oublié.

Sauf qu’en début d’« épidémie », la chose était nouvelle, facile à imposer, face à la peur du virus. Aujourd’hui, les choses sont légèrement différentes. Et l’entretien avec le présentateur Michael Smerconish ne s’est pas vraiment passé comme Fauci l’avait prévu.

« Nous ne parlons pas d’obligations », susurre Fauci

Ce qui l’inquiétait le plus était le fait que, face à cette nouvelle « augmentation des cas » et une augmentation des hospitalisations allant jusqu’à 19 % (chiffres officiels), les Américains n’en fassent qu’à leur tête.

« J’espère que si, en fait, nous arrivons au point où le volume de cas est tel que des organisations comme les CDC [U.S. Centers for Disease Control & Prevention] recommandent aux gens de porter des masques, j’espère qu’ils respecteront la recommandation et prendront en compte le risque pour eux-mêmes et pour leurs familles, mais encore une fois, nous ne parlons pas de forcer qui que ce soit à faire quoi que ce soit », a donc susurré Fauci. Chacun se souvient de telles promesses…

Mais chat échaudé craint l’eau froide.

Et le présentateur de CNN a saisi l’occasion pour lui rappeler la grande analyse publiée en janvier dans une revue de la société de données médicales Cochrane, sur 78 études scientifiques de haute qualité, avec plus de 610.000 participants, qui concluaient que les masques étaient inutiles pour arrêter la transmission du virus…

Des centaines d’études prouvent l’inefficacité du masque dans les maladies respiratoires

L’auteur principal de l’étude, l’épidémiologiste de l’université d’Oxford, Tom Jefferson, n’y était pas allé par quatre chemins : « Il n’y a tout simplement aucune preuve que les masques font une différence. Point final. »

« Comment pouvons-nous aller au-delà des conclusions de cette étude ? », a demandé à Fauci le présentateur de CNN.

Pris par surprise (ce qui est déjà ennuyeux pour un scientifique de cette envergure officielle), il a fait cette sortie inoubliable : « Oui, lorsque vous parlez de l’effet sur l’épidémie ou la pandémie, dans l’ensemble, les données sont moins solides, mais il existe d’autres études qui montrent qu’au niveau individuel, pour l’individu, quand on parle d’une personne qui se protège elle-même ou qui se protège contre la propagation de la maladie aux autres, il ne fait aucun doute qu’il existe de nombreuses études qui montrent qu’il existe un avantage. »

Les réactions ne se sont pas faits attendre.

« Fauci dit que les masques fonctionnent pour les individus mais pas au niveau de la population ? Cela n’a tout simplement pas de sens », a déclaré l’auteur de l’étude Cochrane, Tom Jefferson. Le sénateur américain Rand Paul (R-KY), a parlé d’un « subterfuge ». Certains l’ont qualifié de « fraudeur » et de « menteur » – d’autres ont même dit qu’il était « fumé »…

Le retour du masque outre-Atlantique ?

Mais de telles déclarations sont rarement fortuites, quand bien même elles sembleraient excessives ou ridicules. Il est aujourd’hui demandé aux New-Yorkais d’envisager de se masquer durant cette fête du Travail en raison des inquiétudes concernant l’augmentation des cas de covid et de deux nouveaux variants. Une « bonne idée » selon un porte-parole du département de la santé de New York.

Pourtant les études n’ont pas manqué sur le sujet. Même les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des Etats-Unis avaient avoué, dès septembre 2020, qu’on ne pouvait pas compter sur les masques pour empêcher le covid de se propager lorsque l’on passe 15 minutes ou plus à moins de deux mètres d’une personne.

En mai 2021, une autre étude avait révélé que, même si les mandats étaient largement respectés, cette utilisation ne produisait pas les avantages escomptés : « Les obligations de port du masque ne sont pas associés à une plus faible propagation du SARS-CoV-2 parmi les Etats américains » de mars 2020 à mars 2021.

Pire, les chercheurs ont trouvé des résultats nets négatifs, les masques augmentant « la déshydratation… les maux de tête, mais aussi la transpiration et la diminution de la précision cognitive » : ils interfèrent avec la communication, et nuisent à l’apprentissage social chez les enfants, quand ils ne diminuent pas la fertilité et n’augmentent pas la mortalité…

Un retour à des confinements serait-il imminent ? Joe Biden a annoncé qu’il recherchait un financement auprès du Congrès pour développer des vaccins contre ces nouveaux variants du covid-19, ce qui fait craindre de nouvelles contraintes.

Clémentine Jallais