Signe du resserrement des liens entre la Chine et le Zimbabwe, le pays dirigé de manière dictatoriale par Robert Mugabe a décidé d’étendre son recours au yuan à la fois comme monnaie de réserve internationale et depuis le 1er janvier 2016, de manière renforcée, comme monnaie légale d’échange domestique. C’est ce qu’a annoncé Harare le 20 décembre en même temps que la promesse de la Chine d’annuler une dette d’environ 40 millions de dollars US venant à maturation cette année.
La monnaie légale du Zimbabwe
Voilà plusieurs années que le Zimbabwe a recours à des devises étrangères depuis qu’en 2009, son propre dollar était devenu inutilisable en raison d’une hyper-inflation de 500 milliards de pourcent. Dans le « panier » aux multiples monnaies, le rand sud-africain et surtout le dollar américain étaient jusqu’ici aux premières places ; le yuan, ou renmimbi, en faisait certes partie mais n’avait pas reçu l’approbation officielle pour les transactions publiques.
Jusqu’ici, de toute manière, on lui préférait le dollar sur le terrain, la monnaie américaine étant jugée plus stable par les négociants…
Le yuan, monnaie de réserve et d’échange domestique
La décision de donner la première place au yuan est significative. Le Zimbabwe fait partie des nations post (?) communistes qui restent dans la sphère d’influence des grandes puissances comme la Chine – ouvertement communiste, elle – qui tentent d’asseoir leur rôle face à la haute finance qui raisonne en dollars. Le yuan, en devenant monnaie de réserve, servira à payer les dettes internationales.
Le rapprochement entre la Chine et le Zimbabwe – qui s’inscrit dans le cadre d’une ingérence de plus en plus lourde de la Chine en Afrique – est déjà très important dans le domaine commercial, puisque la Chine est aujourd’hui son principal partenaire, dans un contexte d’isolement international de Harare en raison de ses abus en matière de respect de droits de l’homme.
La Chine est ainsi le principal importateur de produits du Zimbabwe, riche en tabac mais aussi en minerais avec ses mines d’or et de diamants.
L’utilisation du yuan sera « fonction des échanges entre la Chine et le Zimbabwe et de son acceptabilité aux yeux des usagers au Zimbabwe », a indiqué le ministre de la Finance et du Développement économique du pays, Patrick Chinamasa.
La Chine se rapproche davantage du Zimbabwe
De son côté, Robert Mugabe a indiqué que l’utilisation renforcée du yuan est riche de « potentiel » : il en attend un afflux de liquidités et la relance de l’économie du Zimbabwe en état catastrophique depuis quinze ans sous sa tyrannique conduite.
C’est de l’avis des analystes économiques la première fois qu’un pays adopte le yuan comme monnaie légale. Iraj Abedian, directeur exécutif de Pan African Investment and Research Services y voit curieusement une « misogynie politique » (sic) plutôt qu’une « rationalité économique » : « Mugabe exprime fondamentalement un message antioccidental très fort, et dans la mesure où les Chinois ont injecté massivement des capitaux au Zimbabwe, Mugabe pense que c’est une raison suffisante pour exprimer ce message politique. »