Exposition/PEINTURE
De Zurbaran à Rothko :
la collection Alicia Koplowitz ♥♥♥


 
Le Musée Jacquemart-André propose donc dans le cadre de ses expositions temporaires régulières, et souvent, comme ici, du plus haut intérêt, un aperçu de la collection personnelle de Mme Koplowitz. Mme Koplowitz est l’épouse d’un homme très riche, qui a cherché à s’occuper utilement : elle a donc commencé, puis poursuivi, une collection d’œuvres d’art, composée principalement de tableaux européens, de 1600 à nos jours. L’exposition vante le goût sûr de Mme Koplowitz. Qu’en penser ? Elle a eu la sagesse de faire appel à d’excellents conseillers, restés eux évidemment anonymes, ce qui est assurément la bonne démarche. De Zurbaran à Rothko : la collection Alicia Koplowitz propose de grandes œuvres, par des maîtres justement renommés, de Zurbaran, comme l’indique le titre-programme, génie espagnol de la première moitié du XVIIème siècle, jusqu’aux imposteurs du XXème siècle, dont Rothko est un excellent exemple, avec ses tableaux composés de trois larges bandes horizontales monochromatiques. Sur huit salles, les deux dernières sont consacrées, gaspillage manifeste, à l’Anti-Art du XXème siècle ; il y a là au plus un intérêt d’histoire culturelle à retrouver ces faux-maîtres, en effet les plus emblématiques et les plus cotés.
 
Six des huit salles offrent au visiteur une densité exceptionnelle de très grandes œuvres, avec même à notre goût, deux ou trois chefs d’œuvres par salle ! Ils justifient le déplacement dans Paris, voire le voyage pour les amateurs de province. Sont présents en effet de très grands peintres, avec des tableaux significatifs, de qualité. L’exposition est organisée suivant une logique surtout géographiques, avec les peintres espagnols, puis italiens, enfin français, ou plus exactement peignant en France. Cette logique met en valeur de grandes époques en peinture pour chaque Etat : le Siècle d’Or espagnol, avec Velasquez et Zurbaran, l’Italie postbaroque, avec Tiepolo et Canaletto, la France postimpressionniste et cubiste, avec Van Gogh, Gauguin, Toulouse–Lautrec, puis Juan Gris et Picasso – dans ses périodes intéressantes selon nous, avant 1920. Les tableaux cubistes sont particulièrement bien choisis : ils ont leur beauté, ce qui n’est pas évident avec cette technique de déconstruction-reconstruction des formes, et se comprennent assez bien, après un effort inévitable réclamé par ces peintures très intellectuelles. Le classement simple par Etats et périodes glorieuses, n’exclut pas quelques exceptions, comme Goya, bien présent dans la salle espagnol, bien que décalé de 150 ans après les grands maîtres du Siècle d’Or ; ce partage d’espace dans une même salle permet aussi de voir les influences, auxquelles on ne songe pas spontanément.
 
De Zurbaran à Rothko: la collection Alicia Koplowitz se visite comme un petit musée, extrêmement dense et complet à sa manière, ce qui est un exploit pour une surface d’exposition si réduite.
 

Hector JOVIEN

 

Zurbaran Rothko collection Alicia Koplowitz Peinture Exposition
Jusqu’au 10 juillet 2017