Un sondage propulse Macron pour 2017, Sens commun rejoint Fillon : l’imposture de la politique autrement

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Les médias mènent grand bruit autour d’un sondage Sofres donnant Macron devant Hollande en 2017. L’homme nouveau attire censément tous les cœurs. Pourtant, prétendre faire de la politique autrement est une imposture qui profite au système, comme le montre aussi le ralliement de Sens commun à François Fillon.
 
Avec ses côtelettes qui lui descendent loin sous les oreilles et ses faux airs de benêt juste déniaisé, Emmanuel Macron réussit à réconcilier sur son nom deux des trois égéries du quinquennat finissant, Valérie Trierweiler et Ségolène Royal, dont la presse nous apprend que leur soutien lui est acquis. Même François Hollande n’avait pas réussi pareille synthèse. Il ne manque plus à l’ex Eliacin de Bercy que de rallier à sa cause Julie Gayet et il aura parfait sa trahison du président de la république ; il aura surtout démontré qu’aucune contradiction ne lui fait peur et qu’il peut rassembler tous les contraires.
 

Le sondage sur 2017 qui fait Macron roi

 
Le sondage TNS Sofres One point que publient conjointement le Figaro et LCI établit d’ailleurs déjà ce dernier point. On sait ce que vaut tout sondage, on a vu récemment que le Brexit devait être rejeté par les Anglais, on a vu aussi George Soros commanditer un sondage dont le résultat était donné dès la commande, montrant que les catholique du monde entier s’intéressaient au réformisme sociétal du pape. Le sondage est l’un des instruments préférés de la gouvernance globale pour manipuler les esprits en créant une réalité virtuelle qui prend le pas sur la réalité tout court. C’est ainsi, pour en rester à la présidentielle de 2017, que, d’un Juppé cassant, récidiviste de l’échec politique, condamné par la justice, on a fait par sondage un vieux sage aimé des Français et favori de la droite.
 
Aussi faut-il écouter avec attention le message du présent sondage. Il étudie neuf cas de figure, avec ou sans Hollande, Macron, Bayrou, Montebourg, avec Sarkozy ou Juppé candidat LR. Marine Le Pen arrive en tête au premier tour dans huit hypothèses, dans l’une, Juppé la bat. Dans tous les cas, elle atteint le deuxième tour en compagnie du candidat LR, quel qu’il soit, devant la gauche éliminée. Enfin, à « gauche », Macron, chaque fois qu’il est présent, bat Hollande, Montebourg et Mélenchon. Traduction en clair : Macron et Juppé sont la meilleur protection contre le Front national.
 

La politique autrement recase le vieux canasson centriste

 
Pourquoi des guillemets au mot « gauche » ? Parce qu’il y a tout de même de la réalité dans chaque sondage : celui-ci l’établit sans la moindre ambiguïté, les fans d’Emmanuel Macron ne se recrutent pas majoritairement à gauche. C’est à Juppé qu’il prendrait le plus de points, puis à Bayrou. Si l’on regarde les tableaux de plus près, son cœur de cible est l’électeur de plus de soixante-cinq ans votant ordinairement « à droite », centre compris. Un paradoxe, pour un candidat jeune qui entend renouveler le cheptel politique français, une réussite aussi, si l’on veut, pour quelqu’un qui refuse le cadre des partis traditionnels : en somme, le sondage le suggère, faire de la politique autrement revient à piquer l’électorat de la droite et du centre au profit d’un projet de centre gauche. Comme nouveauté, cela se pose un peu là : c’est l’antédiluvienne omelette coupée aux deux bouts des centristes de la quatrième république. Encore ces mots de droite, de gauche et du centre, que l’on ne prend plus la peine de définir, ressortissent-il au verbalisme de la politique française. Il est plus intéressant de les traduire en contenu idéologique, à travers ce qu’on sait de la vie et de l’œuvre d’Emmanuel Macron.
 

Macron, rejeton usé jusqu’à la corde de l’imposture socialiste

 
Ce vieux jeune homme a commencé avec une cuiller en Christofle dans la bouche, fils de médecins aisés de province quand la médecine payait encore. Enarque, inspecteur des finances, il a laissé écrire qu’il était normalien et qu’il avait rédigé une thèse sur le philosophe marxiste Balibar pour se donner à gauche des airs intellectuel et philosophe. En fait c’est un bon élève du système, il a gagné beaucoup d’argent à la banque Rothschild en négociant le rachat d’une filiale de Pfizer par Nestlé, et, avant d’entrer au service de François Hollande, ce militant de la dernière heure avait été à celui de Nicolas Sarkozy dans la commission Attali pour « la libération de la croissance française » de 2007 à 2010. Il subit en permanence l’attrait des contraires puisqu’il a voté Chevènement en 2002 et qu’il a appartenu au groupe de hauts fonctionnaires Les Gracques, qui a tenté en 2007 de promouvoir un ticket Ségolène Royal François Bayrou. C’est en quelque sorte Guy Mollet plus la télématique. Et, de sa part, prétendre vouloir faire de la politique autrement relève de la conversion sinon de l’imposture, quand on sait qu’il a été secrétaire général adjoint de l’Elysée en 2012 avant d’être ministre des finances, le plus jeune en France depuis Valéry Giscard d’Estaing. En d’autres termes, il a accompagné, conseillé, inspiré, la désastreuse politique de François Hollande que tous les Français rejettent, qu’ils se disent de gauche ou de droite – une politique qui a engendré, sous son seul ministère, cinq-cents mille nouveaux chômeurs de classe A.
 

Macron exploite Jeanne d’Arc au profit du mondialisme

 
Une désastreuse politique qui inclut la loi Macron et la loi travail, auxquelles Macron a mis la main. Elles tentent de mettre localement un peu de jeu « libéral » dans le système de redistribution socialiste des richesses qu’on appelle globalisation, pour éviter que l’économie française ne cale complètement. Politique purement cosmétique, puisqu’elle ne s’attaque pas à cause du désastre d’aujourd’hui, l’ouverture des frontières. Macron, homme des Rothschild, lauréat 2002 des Young leaders de la French American foundation, n’a d’autre ambition, il l’avoue, que de lever les « blocages » de la société française, pour amener l’électeur à consentir à la globalisation. De là, par exemple, ses exhortations à « donner envie aux jeunes Français de devenir milliardaires » (une forme un peu Dallas du vieux « enrichissez-vous » de Guizot). De là aussi ses sorties au Puy-du-Fou ou à Orléans pour la fête de la Pucelle. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre : pour réussir la révolution mondialiste voulue par les élites, la politique autrement de Macron consiste à planquer aux yeux du peuple le visage contreproductif de Pierre Gattaz derrière un remake du roman national. Une imposture astucieuse que Gaël Brustier, dans Slate, définit joliment : « Dom Rémy + les Chicago Boys ».
 

Comment l’imposture Macron recycle les illusions de la politique autrement

 
La politique autrement est une vieille illusion française entretenue par le système. Valéry Giscard d’Estaing l’incarna en son temps, il prétendait sortir du « clivage droite gauche pour gouverner au centre », mener la France vers une « démocratie apaisée » caractérisée par des réformes sociétales à la suédoise et une économie sociale de marché. C’est exactement ce que nous propose Macron, ce que l’on nous a proposé à travers Bayrou, Delors, Simone Veil et Michel Rocard. A chaque fois, sondage sur sondage nous promettaient monts et merveille de cette troisième voie, de cette synthèse sociale libérale dont Macron est le dernier, sinon nouveau, rejeton. Le procédé est si répétitif qu’on s’étonne que les tenants du projet mondialiste l’utilisent encore. Il s’agit toujours d’exploiter l’exaspération populaire provoquée par le projet mondialiste pour mettre en selle des gens qui serviront autrement le même projet, on l’a vu de façon caricaturale avec le Brexit. Dialectique élémentaire, diront les spécialistes de la chose. Elle revient en l’espèce à mettre un rond de citron, un bout de salade et une tranche de tomate sur la vieille tambouille mondialiste pour la resservir.
 

Sens commun avec Fillon : la manif pour tous trahie

 
La seule vraie façon de faire de la politique autrement serait de faire une politique radicalement autre, une politique qui prendrait directement en compte la volonté du peuple. Or cette politique est discréditée pour cette raison sous le nom de populisme, de sorte qu’elle n’arrive jamais à s’exercer. Une illustration récente de la chose est l’aventure de la Manif pour tous, qui, du point de vue strictement politique, pourrait se résumer jusqu’à présent en trois mots : espoir, illusion, imposture – et bientôt désespoir.
 
La Manif pour tous fut une réussite inattendue, elle a rempli les rues, réveillé un peuple catholique que certains croyaient en catalepsie, ranimé des vérités essentielles que beaucoup disaient moribondes ou marginales. Bravo. Mais, côté politique, cela n’a débouché sur rien, c’est resté stérile, c’était peut-être inévitable. En contradiction avec les buts et les principes proclamés par la Manif pour tous, quelques-uns ont tenté l’entrisme dans le parti Les Républicains sous le nom de Sens Commun. D’abord séduits par Sarkozy (hélas !), ils ont fini par se rallier à Fillon (re-hélas !), ce qui, étant donné ses votes et ses professions de foi sur l’avortement et la loi Taubira, est un non-sens pour un catholique.
 
Il n’y a pas moyen de faire de la politique autrement dans le système. Celui-ci, avec ses stratagèmes, ses plans B, sa dialectique implacable, y veille. La seule alternative est le changement radical du populisme, voilà pourquoi il se trouve diabolisé par l’étiquette extrême droite. Aussi le vrai danger, on va le voir de plus en plus avec Trump et Marine Le Pen, est-il qu’il soit récupéré par le système, par précaution, au titre du Plan C.
 

Pauline Mille