Le nombre élevé d’Afghans demandant le statut de réfugié en Allemagne est « inacceptable ». Le propos émane du ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, qui a appelé mercredi les jeunes à « rester » en Afghanistan pour reconstruire leur pays. Et désengorger ainsi l’Allemagne qui commence à trouver, malgré ce qu’en peut dire Angela Merkel, qu’il y a trop de mouvements migratoires sur son sol.
« L’Afghanistan (…) est en deuxième position des pays d’origine [parmi les demandeurs d’asile en Allemagne], c’est inacceptable, a déclaré le ministre. Nous sommes d’accord avec le gouvernement afghan pour dire que nous ne voulons pas de cette situation. »
Trop d’Afghans en Allemagne
Berlin affirme depuis des mois qu’elle s’attend à devoir accueillir cette année entre 800.000 et un million de demandeurs d’asile. Tout en affirmant donc maintenir sa politique de la porte ouverte, le gouvernement a néanmoins adopté une série de mesures pour accélérer les expulsions de migrants économiques, pour leur préférer les véritables réfugiés.
En pratique, et selon les derniers chiffres publiés, quelque 577.000 personnes comptant demander l’asile en Allemagne ont été enregistrées, de janvier à septembre, par les autorités. Sur ce total, il y aurait très précisément 51.643 Afghans, ce qui les classerait en troisième position derrière les Syriens et les Albanais. La déclaration – non chiffrée – de Thomas de Maizière, classant les ressortissants afghans en deuxième position, semble indiquer que leur flux s’est accru ces dernières semaines.
Le ministre a précisé que, parmi ces Afghans qui arrivent en Allemagne, il y a avait une proportion croissante de jeunes et de représentants de la classe moyenne afghane, auxquels il a donc conseillé de rester dans leur pays pour aider à le reconstruire.
La sécurité en Afghanistan
« Des soldats et policiers allemands font leur part pour rendre l’Afghanistan sûr, beaucoup d’argent destiné à l’aide au développement a coulé vers l’Afghanistan. On peut donc s’attendre à ce que les Afghans restent dans leur pays », a-t-il affirmé avec force, en annonçant que son pays n’hésiterait pas à expulser ces migrants afghans qui n’ont pas de raisons impératives, mais plutôt économiques, de quitter leur pays pour l’Eldorado allemand. « C’est pourquoi je le dis de manière claire aujourd’hui, a-t-il répété. Les gens qui viennent en tant que réfugiés d’Afghanistan ne peuvent pas s’attendre à tous pouvoir rester en Allemagne. »
Cette affirmation sur la sécurité, même relative, de l’Afghanistan tranche étrangement avec les images que tout le monde à en mémoire des exécutions survenues en Afghanistan. Sans doute conscient de cette difficulté, le ministre a tenu à préciser qu’il existait des régions sûres en Afghanistan où ses habitants pouvaient se réfugier, même si la sécurité n’est pas assurée partout.
Réalisme et politique
Il est sans doute difficile de préciser, depuis l’Europe, ce qu’il en est de la sécurité réelle de certaines régions de ce pays, même si, petit à petit, les forces armées venues soutenir les autorités locales lui ont rendu les rênes.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’Allemagne manifeste sa difficulté à accueillir davantage de migrants, en tout cas ceux qui n’encourent pas de réels risques dans leurs pays respectifs. Une déclaration qui vient infirmer l’idée que l’on essaye de nous vendre selon laquelle la politique européenne de gestion de la crise migratoire aurait quelque efficacité.