Deux membres du Parlement écossais ont tenu à rappeler les violences sociales croissantes dont font l’objet les catholiques romains en Écosse. Une animosité, certes, qui ne date pas d’hier – ce sont les fruits historiques rémanents de la Réforme protestante, conduite en particulier par le calviniste offensif John Knox au XVIe siècle. Mais que le gouvernement persiste à noyer, à l’heure d’aujourd’hui, dans un sectarisme global qui dévoie la réalité du terrain en ne nommant pas ces cibles majoritaires que sont les catholiques, en ne disant pas cet anticatholicisme évident.
L’islamophobie et l’antisémitisme ont bien meilleure presse, que ce soit dans les médias ou les discours des instances politiques.
Les catholiques écossais : le groupe religieux le plus visé par les crimes de haine
Selon un nouveau rapport gouvernemental, si les catholiques romains ne représentent que 15 % à 16 % de la population écossaise, ils n’en subissent pas moins quelque 58 % de tous les crimes motivés par la religion ! Les catholiques sont maintenant les victimes de plus de crimes de haine que tous les autres groupes religieux en Écosse réunis – et cette tendance est nettement à la hausse.
Le 15 mars dernier, deux membres du Parlement écossais ont tenu à souligner ces chiffres et à appeler le gouvernement à davantage de réalisme et de protection.
Fulton MacGregor, membre du Scottish National Party (SNP), a déclaré que l’anticatholicisme était l’un des principaux facteurs de cette violence religieuse, en citant la récente profanation du Saint-Sacrement et de l’ostensoir survenue dans une église de sa circonscription à Coatbridge.
« Il reste encore un long chemin à parcourir pour s’attaquer à cette honte dans notre pays ».
Le problème du sectarisme en Ecosse est principalement celui de l’anticatholicisme
Le gouvernement s’est bien défendu en répondant qu’il avait investi 13 millions de livres sterling depuis 2012 pour aider à « lutter contre le sectarisme »… Mais la catholique (socialiste) Elaine Smith, du Parti travailliste écossais, a appelé à « traiter spécifiquement » la discrimination contre les catholiques en Écosse. Ajoutant qu’on parlait à qui mieux mieux d’islamophobie et d’antisémitisme, mais qu’à nommer l’anticatholicisme, on trouvait une soudaine répugnance…préférant le noyer illico dans une vaste déclaration d’intention combative, mais neutre : le sectarisme !
« Le ministre est-il conscient que, bien que les gouvernements écossais successifs aient consacré des ressources considérables à la lutte contre les symptômes du sectarisme, les crimes de haine religieuse se sont multipliés pendant cette période ? », en particulier et toujours plus « à l’égard des catholiques » ?!
A LifeSiteNews, Peter Kearney du Scottish Catholic Media Office a déclaré que lui et d’autres catholiques avaient régulièrement tenté d’interpeller le gouvernement sur la question, sans succès : « Il n’y a pas d’envie de reconnaître le problème de l’anticatholicisme ». Pour la santé, on vise des problèmes de plus en plus restreints, comme la cigarette ou l’alcool, mais pour l’anticatholicisme, on s’empresse de rester large et vague, exception faite, bien sûr, des chevaux de bataille idéologique de rigueur.
« Pas d’envie de reconnaître le problème de l’anticatholicisme »
Pourtant, comme l’a dit l’archevêque Mgr Tartaglia, cité d’ailleurs par Elaine Smith, « Notre problème n’est pas tant le sectarisme que l’anticatholicisme ». Et un anticatholicisme largement répandu, pas limité aux seuls pratiquants rivaux ou aux matchs de football comme l’a suggéré le ministre Annabelle Ewing !
Selon le dernier recensement des Églises écossaises, il n’y a qu’environ 390 000 pratiquants réguliers en Écosse, ce qui représente seulement 7,2 % de la population, et environ 42 % d’entre eux ont plus de 65 ans… Quant aux rivalités de football (légendaires, c’est vrai, surtout à Glasgow entre équipe protestante, les Rangers et équipe catholique, les Celtic), elles ne sont impliquées que dans 15 % des attaques anticatholiques.
Cette violence réelle grandissante est bien plutôt la preuve vivante « de l’héritage de l’anticatholicisme remontant à l’interdiction de la foi pendant la Réforme protestante » dit Peter Kearney. Bien que leur religion ait été décriminalisée dans les années 1780, la minorité catholique fut marginalisée en Écosse pendant deux cents ans (ce n’est qu’en 1829 que le Roman Catholic Relief Act a concédé l’égalité politique complète aux citoyens britanniques de confession catholique). Et elle est toujours, bien qu’on le taise ou qu’on le minimise, l’objet d’une discrimination sociale grandissante – les chiffres le crient.
Culture de la peur – culture de discrimination
En 1999, dans un discours devenu célèbre, le compositeur écossais James MacMillan avait déjà courageusement et assez directement fustigé ce qu’il avait appelé « la honte de l’Écosse ». Huit ans plus tard, pour le directeur du Bureau parlementaire catholique des évêques, Anthony Horan, cité l’année dernière par le Catholic Herald, un certain climat d’intimidation s’est même installé : « Ma préoccupation principale est la culture de la peur qui traverse la société et qui rend les gens mal à l’aise et, au pire, totalement effrayés d’être ouverts à propos de leur foi. »
Ainsi, bien qu’on juge l’anticatholicisme d’un autre temps et qu’on lui préfère d’autres causes plus orientées, bien que la société soit de plus en plus sécularisée, et la Foi de plus en plus abandonnée, la haine demeure. Et elle s’accroche dans ces pays où les communautés sont les plus fortes (la proportion de catholiques est plus élevée en Écosse qu’en Angleterre en raison des vagues historiques d’immigrés irlandais).
Quant à la dire pour bien la combattre, c’est autre chose.
Clémentine Jallais