Les révélations du journaliste Peter Schweizer sur l’argent de Bill et Hillary Clinton déchirent la presse américaine

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Le 5 mai prochain, le journaliste d’investigation trois fois récompensé par le New York Times pour ses enquêtes, Peter Schweizer, sortira son livre sur l’argent de la famille Clinton, alors que Hillary vient d’entrer dans la course à la présidentielle. Un livre de révélations critiqué d’emblée par une partie de la presse américaine.
 
Intitulé Clinton Cash : The Untold Story of How and Why Foreign Governments and Businesses Helped Make Bill and Hillary Rich, le livre révèle l’existence de donations faites par des entités étrangères à la Fondation Clinton, quelques jours avant que des décisions politiques américaines ne favorisent les donateurs dans leurs pays… Plusieurs de ces transactions ont été faites alors qu’Hillary Clinton était secrétaire d’Etat.
 

Des donateurs de la Fondation Clinton favorisés par les Etats-Unis, alors que Hillary est secrétaire d’Etat

 
Parmi les exemples donnés par Peter Schweizer, un accord de libre-échange signé avec la Colombie qui a profité aux investissements dans les ressources naturelles d’un donateur majeur de la Fondation dans le pays, des projets de développement à la suite du tremblement de terre haïtien en 2010 et plus d’un million de dollars attribués à Bill Clinton par un actionnaire canadien majoritaire dans la construction d’un oléoduc dont le projet était discuté avec… le département d’Etat américain.
 
Des révélations explosives donc, mais boudées par une partie de la grande presse américaine.
 
En cause ? Les relations du journaliste Peter Schweizer avec un think-tank conservateur, et le fait que des élus républicains aient eu accès au livre avant sa sortie. Pour nombre de ténors de la presse – largement à gauche –, il s’agit donc d’une simple attaque contre Hillary Clinton orchestrée par ses opposants politiques.
 

La journaliste Chris Cillizza appelle la presse américaine à examiner les révélations de Peter Schweizer

 
Mais Chris Cillizza, journaliste du Washington Post, a répondu à cette réaction de la presse américaine, encourageant les journalistes à faire leur travail, c’est-à-dire à lire et vérifier les dires du journaliste.
 
« Voilà ce que je dis à tous : BIEN SÛR que nous devons examiner les propos tenus dans le livre de Peter Schweizer. Allons ! », lance-t-elle avant d’expliquer les raisons de cet appel : « Le principe le plus fondamental dans la couverture d’une campagne présidentielle (ou de tout autre événement d’ailleurs) est d’essayer de tout notre possible de donner aux gens l’image la plus complète possible des candidats cherchant à les représenter. Plus nous mettons d’informations à leur disposition, mieux c’est. »
 
Elle précise ensuite ne pas défendre le livre du journaliste par principe, mais parce qu’il est possible que les révélations soient exactes.
 

Le fait que Schweizer soit un journaliste conservateur ne rend pas ses révélations sur l’argent de Bill et Hillary Clinton nécessairement fausses !

 
« Est-ce que Peter Schweizer serait moins crédible que The National Enquirer ? Beaucoup de journalistes ont détourné la tête quand ce journal a fait des révélations à propos de l’affaire de John Edward et de Rielle Hunter pendant la présidentielle de 2008. Et pourtant The National Enquirer avait raison – et nous avons tous été obligés de reprendre leurs informations », affirme Chris Cillizza : « Cela signifie-t-il que The National Enquirer a toujours raison quand il révèle des affaires politiques (ou autres) ? Non. En réalité, ce n’est presque jamais le cas. Mais vérifier les informations est notre travail. Le fait que Schweizer ait des relations avec des conservateurs ou que certains candidats républicains aient lu le livre avant sa publication ne rend pas les informations contenues dans le livres justes ou fausses ! »
 
Une mise au point qui n’a rien d’extraordinaire en soi, mais qui était nécessaire… En creux, elle révèle que la neutralité de la presse est loin d’être à la hauteur de ce que celle-ci prétend.
 

Béatrice Romée