L’histoire de Kim West, une femme de 51 ans tombée amoureuses de son fils de 32 ans, défraie la chronique depuis une semaine. Le « couple » de Britanniques voudrait se marier et avoir des enfants. La réaction populaire a été violente, leur passion a suscité le dégoût et ils se sont désormais cachés, de peur d’être arrêtés et emprisonnés. Leur histoire n’est pourtant pas la seule de ce type. En fait, le nombre de ces histoires d’attirance entre membres proches d’une même famille se multiplie actuellement, allant depuis des grands-parents amoureux d’un petit-fils ou d’une petite-fille jusqu’à des jumeaux qui décident de se mettre en couple. Victimes d’une attraction sexuelle génétique (ASG), leur nombre ne pourra qu’augmenter avec les risques liés aux techniques de procréation artificielle.
L’attraction sexuelle génétique se produit lorsque des parents biologiques – parents et enfants, frères et sœurs ou demi-frères et demi-sœurs, cousins et cousines – se rencontrent pour la première fois alors qu’ils sont déjà adultes. Le phénomène a été décrit et identifié pour la première fois au cours des années 1980 par Barbara Gonyo, qui a lutté pendant treize ans contre l’attraction qu’elle ressentait à l’égard de son fils, retrouvé à l’âge adulte.
L’attirance sexuelle génétique (ASG) se manifeste lors des réunifications familiales tardives
On ne connaît pas les causes de l’ASG ; certains évoquent une désensibilisation sexuelle liée à la proximité avec la famille pendant les six premières années de vie. Lorsque cette proximité n’existe pas, le risque est important. Selon des données du centre de post-adoption de l’University College de Londres, elle se constate dans 50 % des cas de réunion à l’âge adulte.
Dans la plupart des cas, les personnes concernées en sont profondément perturbées et malheureuses.
Avec la multiplication des procréations médicalement assistées, le nombre potentiel de ces cas a augmenté de manière spectaculaire. L’un des principaux acteurs est évidemment l’augmentation des fécondations in vitro avec don de gamètes. Au cours de ces dernières décennies, aussi bien les organisations que les individus ont pu faire des dons multiples destinés à des lieux différents, souvent lointains. Ainsi au Royaume-Uni un nombre croissant de dons de sperme proviennent des Etats-Unis et du Danemark.
La procréation artificielle augmente le risque d’inceste
Parallèlement, le nombre d’enfants qui ne connaîtront jamais l’identité de leur père ou de leur mère biologique, ni celle de leurs parents les plus proches, va lui aussi croissant. Si la théorie actuellement admise est vraie, il y a de quoi s’inquiéter devant l’augmentation du nombre d’enfants qui n’auront jamais vécu à proximité de leurs proches parents au cours des six premières années de leur vie.
La possibilité offerte à ces enfants, dans un nombre croissant de pays, de rechercher leur origine biologique aggravera le risque d’une rencontre tardive et lors de celle-ci, le risque d’une attraction désordonnée. L’âge à laquelle ces recherches peuvent démarrer – au royaume au Royaume-Uni, c’est à 16 ans – joue dans le même sens.
Dans une tribune publiée par Charlotte Gill dans le Telegraph, l’auteur souligne qu’il faudrait prendre à bras-le-corps cette urgence en cherchant les moyens de prévenir et de traiter l’ASG. Car si les cas se mesurent aujourd’hui par centaines, il lui paraît évident qu’il y en aura des milliers dans les années à venir.
Prévenir vaut certainement mieux que guérir, en l’occurrence. Le moyen le plus simple serait de proscrire, sinon toutes les fécondations in vitro, du moins toutes celles qui se font avec un donneur étranger au couple, ce que personne ne se risque à faire de peur de paraître rétrograde. Or, quelle que soit la justesse de la théorie avancée pour expliquer la fréquence de l’ASG lors d’une réunification tardive entre parents très proches, le fait est bien là. Et cette exception est en train de se faire de moins en moins exceptionnelle.