Pas de prière dans une école de Nice (mais d’étranges catholiques)

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Plusieurs enfants étaient accusés la semaine dernière d’avoir prié dans la cour de récréation de leur école primaire à Nice. La rumeur a enflé, alimentée par le maire, Christian Estrosi, jusqu’à prétendre que deux élèves de CE2 – des enfants de 8 ans – de l’école Pierre-Merle avaient étalé leurs manteaux, façon tapis, pour réciter la prière musulmane. Il s’avère qu’il n’en a rien été, les enfants étaient catholiques, mais l’affaire est symptomatique des temps que nous vivons.

La tempête dans une tasse de thé vert à la menthe s’est calmée lorsqu’on a su qu’en réalité, voyant une feuille de plastique blanc dans les branches d’un arbre au milieu de la cour (c’était pour le protéger de la chenille processionnaire), les enfants avaient organisé une ronde tout autour pour jouer à se faire peur en appelant le « fantôme », la « dame blanche » qu’ils s’amusaient à y voir.

 

La « prière » à l’école de Nice : un jeu de fantômes…

Tout est bien qui finit bien ? Non, car la presse locale en a profité pour dénoncer les affreux racistes qui ont tout de suite vu des prières musulmanes là où il n’y en avait point. Non, car objectivement, même si ces enfants ne pensaient certainement pas à mal, ils ont invoqué les esprits. On ne joue pas avec ça, mais c’est le seul jeu en rapport avec l’au-delà que la chatouilleuse laïcité des responsables de cette école publique peuvent juger inoffensif. Et non, parce que les réactions par la suite montrent à quel point la compréhension de la religion est faussée.

En l’occurrence, la ronde des enfants avait interpellé la personne qui surveillait la cantine à l’heure de midi et il avait signalé cette « atteinte à la laïcité » à la directrice de l’école. Les enfants avaient été priés de faire un dessin pour expliquer ce qu’ils avaient fait, au juste, et les parents des deux meneurs avaient été convoqués à la mairie vendredi dernier, au lendemain des faits.

Nice-Matin a recueilli les confidences du grand-père d’un des enfants, scandalisé de ce que l’on ait ainsi mis en cause son petit-fils : « Ça nous a fait du mal, beaucoup de mal. On essaie de protéger le petit. » Scandalisé aussi de ce qu’on ait pu faire ça à une « école métissée, mélangée et pleine d’amour », où son petit-fils « a plein d’amis noirs ou musulmans, des familles qui portent des valeurs républicaines et qui élèvent très bien leurs enfants ».

 

Des catholiques qui se défendent d’apprendre à prier

Mais le plus drôle (ou le plus triste, en réalité), c’est ce que ce grand-père avance pour prouver que les enfants n’ont rien fait de mal : « L. et T. [deux des enfants accusés] ne sont que des bébés. Ils ont encore leurs doudous et n’ont jamais entendu parler de prière. On trouve cela très injuste. » Comme si la prière était une chose réservée aux adultes, aux 18+ peut-être ? Comme si la foi ne s’apprenait pas sur les genoux des mamans ?

Le grand-père a cependant ajouté que son petit-fils « va bien, même si c’est fragile, il va bien parce qu’on le protège au maximum. On a la chance d’être une famille catholique qui tient bien sur ses pattes ».

Pas si catholique que ça, en fait…

Pas assez catholique, en tout cas, pour savoir ce qu’est et ce que vaut la prière d’un enfant. Et pas assez averti pour comprendre la différence fondamentale entre la prière vraie, qui s’adresse au vrai Dieu, et la prière musulmane qui de par la nature de l’islam qui est à la fois religieux et politique est aussi une manière de marquer le territoire.

 

Jeanne Smits