Islam : Prière publique à l’aéroport de Roissy

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L’aéroport de Roissy, comme d’autres, soucieux des passagers, leur offre des lieux de culte et de prières, notamment pour les chrétiens et les fidèles de l’islam. Aussi les voyageurs y passant dimanche 5 novembre ont-ils été surpris de voir une trentaine de musulmans s’adonner à une prière publique en pleine salle d’attente, pieds nus et prosternés, avant le départ de leur avion. Noëlle Lenoir, ancien membre du Conseil constitutionnel et ministre des Affaires européennes de Jean-Pierre Raffarin, de 2002 à 2004, s’est inquiétée du sens de ce petit fait significatif.

 

Que fait le PDG de l’aéroport de Roissy ?

Elle a envoyé sur X (ex-Twitter) un tweet montrant la photo de la chose, avec cette remarque caustique : « Que fait le PDG des Aéroports de Paris quand son aéroport se transforme en mosquée ? Le changement d’affectation est-il officiel ? » Le PDG ainsi interpellé, Augustin de Romanet, lui a répondu sur X, pincé sinon furibard : « 1) Il s’agit d’une première regrettable. 2) des lieux de cultes dédiés existent. 3) La Police aux frontières a instruction d’interdire cela et va redoubler de vigilance. » On veut bien lui laisser le bénéfice de la bonne foi, mais quelle est la garantie du 1) ? Il n’a pas l’air d’être bien renseigné sur ce qui se passe dans son aéroport !

 

Une prière publique de l’islam n’est pas un détail

Quant au 2), il s’agit d’une circonstance aggravante : puisqu’il existe une salle de prière, il n’y a aucune espèce de prétexte pour que les fidèles de l’islam piétinent ainsi la laïcité et le bon sens. Quant au 3), on espère bien que la police des frontières a des consignes et va les appliquer, mais pour l’instant cela ne crève pas les yeux. Mais, in cauda venenum, le tweet du PDG de l’aéroport de Roissy comporte un 4) : pas nécessaire de monter cet épisode, inédit, en exergue en ce moment. Outre qu’il parle un peu familièrement à une dame, il montre trois choses dommageables à son niveau. La méconnaissance de la langue française : on ne monte pas en « exergue » mais en épingle. La lâcheté : c’est précisément quand le temps se gâte qu’il faut être ferme sur les principes. Et l’ignorance de la sociologie de terrain : ce qu’il nomme « épisode » est le signe d’un mouvement profond. On se souvient de la « théorie du carreau cassé » par lesquels les sociologues américains avaient analysé l’abandon de certains quartiers : quand l’entretien n’est plus assuré, c’est toute la vie en commun de l’endroit, et l’autorité de l’institution qui en assure la cohésion et la sécurité, qui sont en danger. Admettre une prière publique dans l’aéroport de Roissy n’est pas un détail, ce serait une conquête de l’islam.

 

Pauline Mille