Coup de théâtre chez les partisans du Brexit : une lettre rendue publique de l’un de leurs dirigeants prouve que ceux-ci ne veulent pas que le Royaume-Uni quitte rapidement l’UE au lendemain d’une victoire de leur camp, mais qu’ils souhaitent prendre le temps de renégocier, avec chaque Etat, de nouvelles relations… Un processus qui s’éterniserait et condamnerait leur pays à rester au moins dix ans de plus dans l’UE… Excès de prudence ou trahison ?…
Brexit ou renégociation ?
Il y a en tout cas un sentiment d’incompréhension, voire de colère, chez les souverainistes à la lecture de ce courrier signé par Bernard Jenkin, membre conservateur du Parlement britannique, qui écrit : « Le Premier ministre a dit qu’il utiliserait l’article 50 du Traité de Lisbonne pour entamer un processus de sortie en cas de victoire du vote pro-Brexit. Mais cela reviendrait à acheter une maison avant de s’être mis d’accord sur le prix ou de l’avoir expertisée. L’article 50 n’est qu’une possibilité (…) ce ne serait pas le bon moyen à utiliser. Il s’agirait plutôt pour le Royaume-Uni et l’UE de se mettre d’accord sur de nouvelles relations… Ce qui suppose de négocier avec chacun des 27 autres Etats membres de gouvernement à gouvernement. Ceci pourrait prendre la forme d’un nouveau traité. (…) En cas d’échec des négociations, le Royaume-Uni pourra légiférer pour suspendre l’application des Traités de l’UE, mais il serait préférable de le faire après qu’un accord avec les autres Etats membres aura été conclu… »
Déception et colère des électeurs face à ce qui semble bien être une trahison de leurs dirigeants
Les partisans du Brexit ont donc fait connaître leur mécontentement. Ils ont le sentiment que leurs représentants ne veulent pas d’un départ, mais d’une renégociation. Ils ont d’ailleurs fait remarquer la quasi-absence de réaction de leurs chefs lorsqu’Obama est venu plaider la cause du maintien dans l’UE le week-end dernier. Les quelques membres du Parlement conservateurs qui se sont présentés comme les meneurs de leur cause leur semblent finalement jouer une autre partition que celle qu’ils étaient en droit d’attendre. Quant à Nigel Farage, le chef du parti souverainiste UKIP qui fait une tournée des villes, il est aujourd’hui perçu comme ostracisé par les dirigeants conservateurs, qui appartiennent après tout au même parti que David Cameron. Et les moyens dont Farage dispose ne sont pas équivalents à ceux du Premier ministre.
Pour pouvoir prétendre l’emporter lors du référendum, le camp du Brexit doit encore prendre une dizaine de points dans les sondages. Cela n’est pas impossible. Mais une victoire ne lui garantirait visiblement pas pour autant une sortie de l’UE à court terme. Les Britanniques ne peuvent que se sentir grugés, et ils n’aiment pas cela. Se laisseront-ils aller au découragement ou réagiront-ils au contraire dans les urnes par un vote de sanction? La réponse sera donnée le 23 juin prochain.