Contrôleurs et Agriculteurs : la trahison des syndicats vaut celle de l’Etat

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Le processus de la révolution mondialiste ne serait ni concevable ni possible si l’Etat ne trahissait la Nation pour faire advenir le monde que sociétés de pensée, organisations supranationales, ONG agréées, bref, toutes les élites acquises à l’arc-en-ciel promeuvent. Le peuple commence à s’en apercevoir, et cela explique le déclin du politique, les taux d’abstention, etc. Mais les récents mouvements sociaux, grève des contrôleurs de trains, protestations d’agriculteurs, ont été lancés en dehors des grands syndicats, même si ceux-ci, FNSEA, CGT, SUD Rail, ont pris le train en marche. Cela semble indiquer que la base, le peuple, commence aussi à entrevoir la trahison des corps intermédiaires censés les protéger contre la révolution mondialiste – un peu sur le modèle de la mauvaise humeur spontanée, inter-partisane et inter-classiale des Gilets Jaunes à leurs débuts.

 

La Nation sent la trahison de l’Etat

Il est devenu banal de relever à chaque élection politique, même parfois à la présidentielle longtemps épargnée par le phénomène, une baisse de la participation : c’est que l’électeur sait pertinemment que le système est verrouillé et que, quelles que soient les promesses des élus et son propre vote, ses souhaits ni ses intérêts ne seront jamais respectés. L’incarnation type de ce système fut Robert Badinter, que nos médias et politiciens ont pour ainsi dire panthéonisé encore tiède, alors qu’il avait fait passer à toute force l’abolition de la peine de mort qui, quel que soit le jugement qu’on portait sur elle, était massivement refusée par les Français. C’est la raison pour laquelle aucun référendum n’avait jamais été organisé à ce sujet. Il va sans dire que le refus obstiné des institutions politiques françaises de prendre en compte la volonté générale se manifeste en d’autres domaines, tels que l’immigration.

 

Agriculteurs et contrôleurs ont bougé sans les syndicats

Le blocage des routes par les agriculteurs unanimes, d’ailleurs soutenus par la population, et la grève, beaucoup plus restreinte, et d’ailleurs impopulaire, des contrôleurs de la SNCF, présentent un point commun, et un point commun positif : ces deux mouvements n’ont pas été lancés par les syndicats majoritaires. C’est ainsi qu’ils ont surpris à la fois l’Etat et les syndicats. Ceux-ci se sont joints au mouvement et l’ont récupéré. Dans le cas des agriculteurs, la menace de bloquer le pays était telle que l’Etat a fait montre de douceur dans la répression et s’est engagé à lâcher un peu de lest, de manière à rendre un peu de crédibilité à la FNSEA, dont la personnalité même de son président, gros industriel agricole international, montrait un peu trop de quel côté il se trouve en réalité dans la révolution mondialiste en cours.

 

Qui les syndicats représentent-ils ? Pas les travailleurs

Ces mouvements qui partent de la base sans se fier aux syndicats manifestent une réalité qui se mesure autrement : les élections professionnelles affichent un déclin parallèle aux élections politiques. Cela fait longtemps qu’elles ne sont plus très suivies en France, mais la tendance s’aggrave. Dans le secteur privé, la participation est d’un tiers. Même dans la fonction publique d’Etat, le bastion des syndicats, elle s’est effondrée au-dessous de 45 % en 2022 (82 % en 1954). Parallèlement le taux de syndicalisation est passé de 30 % en 1949 à 10 % en 2019. Bref, les syndicats ne représentent pas les travailleurs, mais beaucoup plus les intérêts de la révolution mondialiste. C’est aussi vrai pour les communistes orthodoxes de la CGT et les trotskistes de SUD Rail que pour les « grands capitalistes » de la FNSEA. De sorte que la base des travailleurs, agriculteurs ou employés de la SNCF, contrôleurs compris, commence à le sentir.

 

Comme au début des gilets jaune, le refus du mondialisme

Le sentir confusément, plutôt qu’en faire une analyse claire, c’est du moins ce qui apparaît quand on écoute les uns et les autres, et quand on suit l’actualité récente. La promptitude professionnelle des syndicats à suivre, non leurs troupes, mais ceux dont ils se prétendent toujours les représentants pour mieux les trahir semble pour l’instant efficace, et le système est armé pour rattraper les sauces qui commencent à tourner. On l’a vu lors de l’affaire des gilets jaunes, révolte spontanée, jacquerie nationale, qui a été fort habilement récupérée par l’extrême gauche avec une bonne vieille rhétorique marxiste. En sera-t-il de même avec ce qu’un chroniqueur a nommé « les grèves Facebook » ? La réponse se nouera à mon sens autour des agriculteurs, et, du point de vue du calendrier, autour du Salon de l’agriculture. Si, dans le théâtre politique de la révolution mondialiste, Paris arrive à « arracher des concessions » suffisamment importantes à Bruxelles, alors il y a un risque que les agriculteurs, satisfaits de ne pas mourir, accordent à nouveau leur confiance aux gens dont le métier est la trahison.

 

Pauline Mille