Pour le Conseil de l’Europe, la démocratie est en danger

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Thorbjorn Jagland, secrétaire-général du Conseil de l’Europe.

 
Le Conseil de l’Europe l’affirme : l’Europe et, plus préoccupant encore, la démocratie est en danger. Cette affirmation, faite par le secrétaire général de l’institution, Thorbjorn Jagland, découle du constat, dévoilé dans son rapport annuel publié mercredi, d’un nouvel affaiblissement des piliers de la démocratie dans un contexte de crises multiples sur le continent européen.
 
« L’Europe est dans une situation très dangereuse. » Depuis trois ans que le Conseil de l’Europe publie cet état des lieux de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit, qui sont ses principes fondateurs, elle constate chaque fois davantage une détérioration de la situation au sein de ses 47 Etats-membres.
 

Le Conseil de l’Europe crie au loup

 
« Nous sommes confrontés à plusieurs crises simultanées : celle des réfugiés, le terrorisme, l’extrémisme, en même temps qu’à plusieurs conflits militaires sur le continent, tout ceci faisant monter les forces politiques les plus extrêmes dans de nombreux pays », a expliqué l’ancien premier ministre norvégien.
 
Et il désigne le point de concentration de ce défaut, en dénonçant la progression d’un « nationalisme législatif » par lequel les Etats s’affranchissent des conventions européennes et des règles de droit.
 
Ce point, qui n’est qu’un élément de ce rapport de 111 pages, est évoqué à propos de pays aussi divers que la Russie, la Pologne, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne, etc. aussi bien en ce qui concerne la presse, la crise migratoire et divers autres sujets perçus comme délicats par les rédacteurs dudit rapport.
 
Et Thorbjorn Jagland ne prend pas de gants pour le dire – pourquoi, d’ailleurs, se gênerait-il ? –, la démocratie et les droits de l’homme sont menacés en Europe par la montée des populismes et des nationalismes.
 

La démocratie est en danger

 
La montée du populisme place l’Europe « dans une situation très dangereuse », affirme-t-il. Avant d’ajouter, avec un certain simplisme qui laisse pantois : « L’Europe se débat actuellement avec un certain nombre de graves difficultés, parmi lesquelles le terrorisme, les migrations et des conflits. A bien des endroits, cette situation est instrumentalisée à des fins nationalistes et populistes, ce qui érode la confiance dans les institutions nationales et européennes. »
 
On ne sait trop si dans son esprit nationalismes et populismes sont plus dangereux que les crises et le terrorisme, ou si, pendant que l’on y est, ils ne les provoqueraient pas afin de pouvoir instrumentaliser, comme il le dit, la politique.
 
Ce qui est sûr, c’est que, une fois encore, on assiste là à un dévoiement de la démocratie qui n’est décidément plus perçue par tous les responsables de ces hautes institutions européennes et internationales comme la libre expression de la souveraineté populaire.
 

Quel danger ? Et quelle démocratie ?

 
Car, en critiquant, par exemple, la Pologne ou l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie, ce sont bien des gouvernements élus à la suite de scrutins démocratiques que le Conseil de l’Europe remet en cause.
 
La démocratie n’est plus un exercice populaire. Ce n’est plus qu’une idéologie dont seule une petite caste de privilégiés détient les clefs et la compréhension. Les peuples n’ont qu’à suivre…
 
La démocratie est donc désormais, ou de plus en plus, aux mains d’une oligarchie, ce qui, d’un point de vue philosophique, sinon politique, n’est pas sans poser quelques sérieux problèmes !
 

François le Luc