Eugénisme social : l’avortement pour cause de « pauvreté » en Bolivie

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Evo Morales

 
Le gouvernement du très indigéniste Evo Morales en Bolivie veut légaliser l’avortement « au cours des huit premières semaines de la grossesse et pour une seule fois » lorsque la femme se trouve « à la rue ou dans une situation de pauvreté extrême, ou qu’elle n’a pas de ressources suffisantes pour son propre entretien ou celui de sa famille, ou qu’elle est mère de trois enfants ou plus et n’a pas suffisamment de ressources pour leur entretien, ou si elle est étudiante ». Le projet relève clairement de l’eugénisme social : en imaginant l’avortement pour cause de pauvreté, Morales signe une véritable démission par rapport à une détresse à laquelle il faudrait venir en aide plutôt que d’enfoncer ses victimes dans une détresse encore plus extrême en les poussant à tuer leurs propres enfants.
 
Le projet de loi, dans un pays où l’avortement est à ce jour largement interdit, va encore plus loin. Il propose de dépénaliser l’acte « à n’importe quelle étape de la gestation » mais aussi en cas de risque pour la vie ou pour « la santé intégrale » de la femme ou de « malformation fœtale incompatible avec la vie ». La santé intégrale est un concept bien flou qui permet une multitude d’interprétations : sait-on qu’au Royaume-Uni, avec ses taux d’avortement terribles, elle reste l’une des conditions théoriques de la dépénalisation ?
 

Evo Morales veut légaliser l’avortement pour cause de « pauvreté »

 
L’avortement serait également autorisé jusqu’au terme en cas de viol ou si la mère est encore adolescente.
 
Le projet de loi prévoit enfin que l’Etat se chargera de rendre l’avortement accessible en donnant tous les moyens nécessaires, l’objection de conscience pour les médecins étant quant à elle d’emblée écartée.
 
Le gouvernement de gauche d’Evo Morales vient tout bonnement d’inventer l’avortement de classe présenté comme solution à la pauvreté. D’aucuns veulent y voir une manifestation du capitalisme le plus sauvage, mais il s’agit en réalité du socialisme à l’état pur. Le socialisme, en effet, n’a jamais enrichi personne. Et le socialisme – à commencer par le national-socialisme – n’a jamais reculé devant l’eugénisme. Le socialisme mondial recherché au nom de la lutte contre le changement climatique est d’ailleurs aujourd’hui son premier propagateur.
 
La conférence épiscopale de Bolivie a réagi fortement au nom de l’Eglise et de toute « société digne », réclamant plutôt une politique capable d’améliorer la vie de chacun, de lutter contre la violence et d’aider les femmes enceintes. Le projet introduit selon eux en Bolivie « une idéologie étrangère qui jette à la poubelle des garçons et des filles à naître vulnérables, et qui accepte la triste violence de l’avortement comme un supposé moyen pour résoudre les problèmes sociaux et économiques ». Ils ajoutent que « la proposition fausse le système pénal en introduisant la pauvreté comme justification de l’impunité », comme si l’avortement d’un enfant de pauvre était plus acceptable.
 

La Bolivie veut introduire l’eugénisme social – forme de socialisme, quoi qu’on en dise

 
Le site infobae.com observe qu’il est significatif de voir ce projet promu par des gens se réclamant de la tradition marxiste, « comme si Marx n’avait pas appelé les ouvriers “prolétaires” justement parce que la seule richesse de celui qui n’a rien sont ses enfants et que c’est pour cela que les pauvres ont une progéniture (proles) nombreuse ». Jadis, on aurait qualifié une telle politique d’« impérialiste », observe l’auteur, rappelant que c’est précisément en Bolivie que des Indiens quechua dénonçaient dès les années 1960 et 1970 les programmes de contrôle des naissances mis en place par les ONG étrangères. Le film Le Sang du condor, entièrement tourné par des indigènes avait participé à cette campagne : il s’ouvrait sur l’histoire vraie des habitants d’un village victimes de stérilisation où plus aucune femme ne concevait, organisant des cérémonies à la « Pachamama » (la Terre Mère) pour lui demander que leur culture ne disparaisse pas.
 
Aujourd’hui, il faudrait préciser que le culte de la Pachamama, « pour la Planète », exige le rétrécissement de la population. Et rappeler que la première mise en œuvre de l’idéologie marxiste, en Russie, est allée de pair avec la légalisation immédiate de l’avortement.
 

Jeanne Smits