Le film “Padre Pio” en français

Film Padre Pio francais
 
23 septembre 2015, 47e anniversaire du décès de Padre Pio, saint Pio de Pietrelcina, jour aussi de sa fête dans l’Eglise universelle. Une bonne occasion de revoir le film Padre Pio (2000), de Carlo Carlei, mais cette fois en français.
 
La maison de production Saje a en effet sorti récemment une version française (en DVD) de ce grand film sur l’un des saints les plus connus du XXe siècle. Si Padre Pio apparaît sous les traits – et le jeu magnifique – de Sergio Castellito, il a désormais la voix de Michael Lonsdale.
 
Beaucoup ont sans doute déjà vu la version italienne originale de ce film. Pour ceux qu’inquiéterait le genre, parfois très à l’eau de rose, du style hagiographique, convenons que ce Padre Pio n’a guère à souffrir de ce reproche.
 

Le film “Padre Pio” en français

 
Ici, en effet, rien n’est occulté de ce monde de souffrance qui fut celui de notre saint. Le diable, au visage changeant, tantôt animal, tantôt humain, est fort inquiétant, et le combat qu’il livre des années durant au pauvre capucin de San Giovanni Rotondo est, autant que faire se peut, bien rendu.
 
Padre Pio avait aussi son caractère, où, derrière la brusquerie, très visible dans le jeu de Sergio Castellito, transparaît très vite une divine humanité, par laquelle il touche le cœur de ceux qui l’approchent, et lit réellement, miraculeusement, en eux comme dans un livre ouvert.
 
Mais la persécution la plus tragique dans la vie de Pio de Pietrelcina est sans doute celle qu’il dut subir de la part de l’Eglise, de ses frères.
 
Le film a pour cadre la dernière journée de Padre Pio, toute occupée ou presque par une rencontre avec un émissaire romain (bellement incarné aussi par Jürgen Prochnow) plus que sceptique : juge.
 

La vérité, ultime confession

 
Cette rencontre est l’occasion pour le Padre Pio de faire le récit de sa vie, récit qui tient tout à la fois de l’histoire et de la confession. Derrière les images fort belles, transparaît la sainteté du Padre Pio : la lutte avec le diable, bien sûr, et les miracles. Mais aussi, face à la persécution, cette obéissance admirable dont il disait au Père Benedetto, son directeur de conscience : « Je ne comprends plus rien, je redoute terriblement d’être abandonné à moi-même pour toujours et c’est par crainte que je m’agrippe – ou que je prends le risque de m’agripper – à l’obéissance qui, pourtant, semble elle aussi m’échapper inconsciemment. »
 
Une obéissance d’autant plus concrète, en définitive, qu’elle ne l’empêcha pas de dire clairement ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait…
 
Parmi les accusations les plus insensées qu’il aura eu à subir de la part de certaines autorités ecclésiales, la moindre n’aura sans doute pas été cette volonté de le convaincre d’escroquerie à propos de ce don des stigmates. D’autant plus vive sans doute qu’il avait connu, à cause d’eux, dans les premières années, une grande confusion, croyant y desceller une nouvelle tentative du Malin pour le faire chuter par l’orgueil.
 

Des stigmates échappant à la science

 
Mais, dès 1920, le Dr Romanelli, mandaté par le Saint-Office, après l’avoir examiné à plusieurs reprises, constata : « La blessure du thorax montre clairement qu’elle n’est pas superficielle. Les mains et les pieds sont transpercés de part en part. Je ne peux trouver une formulation clinique qui m’autorise à classer ces plaies. » De son côté, le Dr Festa conclut à « des phénomènes, reliés harmonieusement entre eux, qui se soustraient au contrôle des recherches objectives et de la science ».
 
Tout cela n’empêcha pas Rome d’opposer son veto durant des décennies à la vie sainte de Padre Pio. Et ce, d’autant plus lorsqu’il s’opposa au nouveau rite de la messe…
 
Cette tension, cette terrible souffrance relevant tout à la fois de la transverbération, des stigmates et de l’incrédulité méchante, sont parfaitement rendues dans le film de Carlo Carlei.
 
Assez parlé, sans doute, de ce film qui se regarde comme une icône : voyez-le !
 
Hubert Cordat
• Pour ceux qui préfèrent lire, on peut toujours se référer au beau livre Padre Pio le stigmatisé d’Yves Chiron.