Il compte parmi les nouveaux jeux de récréation, mais ce n’est pas le « hand spinner », la fameuse toupie à mains venue tout droit des Etats-Unis… Le jeu du déodorant est bien moins anodin. La petite Kaitlyn Stanley de Cornwall, âgée de 12 ans, est apparue dans une émission de télévision britannique pour montrer à l’écran ses brûlures.
Un jeu de plus dans ces pratiques dangereuses qui font des ravages dans les cours de récréation en particulier chez les adolescents, mais qui déborde maintenant largement chez les primaires – qui sont encore moins conscients des conséquences.
Des dizaines de brûlures volontaires
« Parce que ça avait l’air cool », s’est défendue la petite Kaitlyn Stanley. A 12 ans, l’écolière s’est soumise volontairement à cette nouvelle tendance des cours de récréation qui consiste à se vaporiser directement la peau, à quelque centimètres de distance, le plus longtemps possible.
« La peau devient blanche et ça fait un motif » dit dans un grand sourire la petite fille… On croit rêver. Et pourtant : son bras est parsemé de petites brûlures. On imagine jusqu’où pourrait aller un adolescent plus frondeur.
Le médecin présent sur le plateau explique : « Ce que le déodorant fait, c’est refroidir votre peau très rapidement, en gros, vous obtenez un gel qui détruit la peau (…) Non seulement cela fait mal mais cela vous prédispose à une infection. » Pire, « Cela peut endommager le pigment et augmenter les risques de cancer de la peau plus tard. » Dans certains cas extrêmes, « La peau se décompose et peut exiger des greffes ».
Un défi qui n’est pas vraiment inoffensif comme la petite fille semblait le croire. Mais c’est « cool » et en plus on se filme en train de le faire…
Le jeu du déodorant, version « light » du « Ice and Salt Challenge »
« Ces enfants sont-ils fous ? » tweetait un spectateur. La question est intéressante ! Car le jeu du déo n’est qu’une énième variante de tous ces jeux-défis qui envahissent les cours de récréation et font des adeptes et … des ravages.
Dans le même style, en plus violent, on a en ce moment le « Ice and Salt Challenge » qui consiste à s’appliquer du sel sur une partie du corps puis d’y coller un glaçon, en tenant le plus longtemps possible… sachant que le mélange des deux éléments peut provoquer un abaissement de la température à – 20°C. Résultat : gelures et brûlures pouvant atteindre le 2ème degré, l’effet anesthésiant de la glace aggravant le tout.
Depuis une quinzaine d’années, les idées dans le genre se sont multipliées. Les jeux d’asphyxie qui font découvrir de nouvelles sensations (jeu du foulard – vingt-cinq décès par an, il y a quelques années – ou jeu de la tomate) ont aussi la cote. Mais les jeux de défis qui vont conduire un ou plusieurs jeunes à pratiquer des activités toujours plus dangereuses, sont particulièrement au goût du jour.
Ces défis qui poussent au suicide
A côté du jeu du déo, on a entre autres le « Neknomination » (« to neck a drink » : boire cul sec) : le participant poste une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il siffle un verre d’alcool, voire une bouteille, d’une seule traite, puis désigne trois personnes pour en faire autant dans les 24 heures. Plusieurs victimes au Royaume-Unis et de nombreux comas éthyliques en France.
Ce principe du « t’es pas cap » a sa plus belle illustration dans le « Blue Whale Challenge » qui pousse les adolescents à réaliser des défis d’abord simples et anodins puis de plus en plus dangereux jusqu’à mortels et même suicidaires. Ce « défi de la baleine bleue » (ce mammifère qui s’échoue volontairement sur les plages pour mourir) a déjà fait plus de cent trente victimes en Russie.
Les jeux de la mort
A toutes les époques, les enfants et plus encore les adolescents ont cherché à se tester dans de multiples « exploits » : à défaut d’être le premier de la classe, on pouvait être le pro du pointage aux billes ou de la course… Et la pratique de conduites à risque pouvait couronner d’emblée certaines têtes brûlées, avides, comme on l’est à cet âge, de quelque estime de soi et popularité.
Mais ce jeu avec les limites était … limité. Cette pratique semble aujourd’hui être devenue une mode, résultat de la surenchère permanente qui nous entoure, relativement logique dans notre monde laïc dont l’unique réussite est celle d’ici-bas. Et une mode à laquelle on doit se plier. Il y a comme une pression, largement amplifiée par l’existence des réseaux sociaux : les smartphones filment et diffusent à l’envi – et les primaires imitent dramatiquement leurs aînés.
Et surtout, c’est une pratique qui veut, dans ses extrémités, tutoyer la mort, voire inconsciemment s’y jeter. De la même façon qu’on ne respecte plus les âmes, on ne respecte plus les corps et même son propre corps. Cette pratique mortifère est ainsi à l’exacte image de cette civilisation qui n’a jamais autant tué.