Jawad, Daval, Fiona, Lelandais : Macron réduit la politique aux infos génés

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Emmanuel Macron à peine élu, l’attention des Français a été portée par les médias sur des affaires criminelles, anciennes ou neuves, Grégory, Daval, Fiona, Le Landais, tandis que le ridicule Jawad parasite le procès du terrorisme. Comme s’il s’agissait de réduire la part du politique pour occuper le peuple avec les infos génés.
 
Hier on disait les chiens écrasés, aujourd’hui ce sont les infos génés, les informations générales qui comme leur nom l’indiquent touchent à tout : la vie des célébrités, la météo, le climat, la sociologie de quartier, et surtout, ce qui captive le mieux le public, les ventes du nouveau Détective le prouvent, les crimes, crapuleux de préférence, en famille si possible. Le tréfonds de l’âme humaine en quelque sorte. Allumez la télévision, surfez sur les réseaux sociaux, depuis que Macron est à l’Élysée, on ne voit plus que cela.
 

Infos génés à tout prix avec l’affaire Grégory

 
Cela a commencé avec le petit Grégory. L’affaire était enterrée, si l’on peut dire, depuis des décennies, quand les cartons ont refait surface en juin 2017, non pas sur des faits nouveaux ou de nouvelles analyses ADN, mais par la volonté d’un nouveau procureur. On allait voir ce qu’on allait voir. On a vu. C’est toujours le même guêpier du côté de la Vologne, les gens se haïssent et mentent, mais il n’en sort toujours nulle certitude. Pourquoi donc en faire l’actualité ?
 
C’est là la seule question importante. D’autant que, depuis, les affaires ont plu avec la régularité des dépressions qui affectent la façade atlantique . On ne peut pas les citer toutes mais on aura noté la gourmandise avec laquelle BFMTV, la chaîne Macron, et ses concurrentes, ressassent, minutes après minutes, tout au long d’interminables journées (ah les pauvres journalistes esclaves qui se relaient pour ne rien dire avec des mines de Pizarre découvrant le Pérou), les non événements qui font le détail de cette diarrhée d’infos génés aux spectateurs tout aussi gênés.
 

Questions après les aveux de Lelandais et ceux de Daval

 
Citons l’affaire Maelys, qui vient de se clore ( ? ) avec les aveux d’un Nordahl Lelandais jusqu’à présent accroché comme un crabe à ses dénégations péremptoires. Il aurait étranglé la petite par erreur. Mais cela ne règle en rien les autres meurtres dans lesquels il se trouve peut-être impliqué.
 
Puis l’affaire Fiona, encore plus atroce. Ce sont les parents les meurtriers, et si cela se trouve, dans l’état où ils se trouvaient, drogués à mort, ils ne se sont peut-être même pas rendu compte qu’ils la tuaient.
 
Enfin l’affaire Alexia. Jonathan Daval, le mari, et ses beaux-parents, furent d’excellents clients. Une famille unie par la douleur. Beaucoup de larmes et d’interrogations. Il en subsiste autant après les aveux. Comment croire qu’un garçon qui ne semble pas particulièrement baraqué ait pu étrangler debout une femme sportive qui, dit-on, le dominait ? Surtout par inadvertance. Et sans traces de coups, de griffures graves. Comment expliquer le morceau de drap retrouvé près du corps si ce n’est que le drap a servi à le transporter, et qu’il y avait donc un complice. Qui ? Il faudra le demander à Daval, ou à sa belle famille, ou à l’un de ses amis.
 

Météo, climat, people, infos génés : tout sauf la politique

 
Voilà. La vieille ruse du roman policier a fonctionné. On examine les cas. On se pose des questions. C’est exactement cela que souhaite et que provoque le système. Pendant qu’il s’occupe d’infos génés, le citoyen ne s’occupe pas de politique. Tel est le but. On n’a pas toute l’année de la neige, des inondations ou des Jeux Olympiques pour le distraire. On n’a pas tous les jours David Hallyday et Laura Smet qui attaquent leur belle mère Laetitia au sujet du testament de Johnny. Alors, le bon vieux petit meurtre en famille ou entre amis fait toujours recette. Je ne devrais pas en parler sur le mode plaisant, si l’étalage répugnant qui est fait de toutes ces vies n’appelait, en réaction, à prendre quelque distance, pour s’extraire du bourbier d’affects qu’exploitent les médias.
 

Jawad, le bon Jawad, l’homme qui n’a pas vu l’ours

 
Et puis il y a Jawad. Ce bon vieux Jawad. Jawad qui a fait rire toute la France et qui la met aujourd’hui en fureur. Jawad le logeur de terroristes qui ne savait pas qu’ils étaient terroristes. Jawad à qui la justice française vient de donner raison puisqu’elle l’élargit, au motif que l’hébergement de terroristes n’est pas établi à ses yeux. Je ne suis pas juge et je ne connais pas le dossier. Mais enfin de deux choses l’une : où ce dossier est vide, et alors il fallait se garder de mettre Jawad en examen, ou il n’est pas vide et il fallait condamner Jawad sans mollir. Car maintenant Jawad a ridiculisé la justice française, et tous les frères, les cousins, les amis, les émules de Jawad savent que la justice française est un tigre de carton. Là est le point. C’est l’autorité de l’État qui est bafouée. Comme si la justice n’était plus une fonction régalienne.
 

Macron berce le nouveau citoyen, politique-free

 
La politique étrangère non plus, apparemment : Jawad dédramatise le terrorisme, il dédramatise fichtrement la guerre qui est menée contre la France, c’est un schtroumpf qui faire rire, tout finit par des gaudrioles. Nous savons bien que cette affaire de terrorisme islamique est artificielle, qu’elle est provoquée par le système : elle n’en a pas moins une réalité sur le terrain, c’est à dire dans nos rues, elle provoque de vrais morts avec du vrai sang, et cette réalité, Jawad la transforme en farce.
 
Avec leurs journaux d’où la politique sérieuse se trouve chassée peu à peu au profit des infos génés, de la météo, du people, du sport, des reportages sur la cuisine, les médias nous offrent un spectacle de divertissement qui vise à changer le citoyen : pour peu qu’il partage les valeurs du politiquement correct, ce sera un bon citoyen, à mesure même qu’il ne s’occupera plus de politique. Les médias du système lui garantissent sa sportule d’infos génés. Macron et ses copains font de l’insignifiance leur meilleur arme de destruction massive contre l’esprit civique.
 

Pauline Mille