La Conférence des évêques d’Allemagne, notoirement progressiste, vient de présenter à la presse une nouvelle « Traduction unifiée » de la Bible dont l’usage liturgique sera désormais obligatoire dans toutes les zones germanophones à partir de 2017. Le texte est censé répondre à l’importante modernisation du langage mais bien au-delà, ses choix de traduction font preuve d’un parti-pris idéologique qui se soumet à certains diktats de l’idéologie du genre et introduit même une ambiguïté sur la virginité de Marie, Mère de Dieu.
Le texte, présentée à Fulda mardi au terme d’années de travail scientifique, avait pour ambition de s’inscrire dans la récente tradition instituée en 1962 : la « Traduction unifiée » de la Bible devait pouvoir être utilisée de manière œcuménique avec les protestants en Allemagne. C’est en 2005 que ces derniers ont repris la traduction de Luther ; ils travaillent actuellement de leur côté sur une nouvelle traduction.
La nouvelle traduction de la Bible en Allemand s’imposera à tous les catholiques germanophones
Le maître d’œuvre de la nouvelle traduction catholique, l’évêque – aujourd’hui émérite – d’Erfurt, Mgr Joachim Wanke, a expliqué que la nouvelle révision propose des retouches avec « modération ». On a ainsi renoncé à faire figurer le nom de Dieu, Yahweh, en raison de la tradition juive qui refuse de l’appeler par son Nom personnel, il a été remplacé par le mot « Seigneur ». En fait, chaque paragraphe comporte au moins un changement, selon Michael Theobald, président de l’Association biblique allemande.
D’une « récente découverte » laissant penser qu’Andronicus et Junias, les nouveaux disciples évoqués par saint Paul, sont en fait un homme et une femme – Andronicus et Junia – est venue l’idée que le terme « apôtre » pouvait être appliqué aux femmes (mais qu’on pense à sainte Marie-Magdeleine, « apôtre des apôtres »…).
Mais le plus grave est le changement apporté au texte de d’Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et donnera naissance à un fils. » La nouvelle traduction en allemand affirme – on pourrait dire, au contraire – « La vierge a conçu et donne naissance à un fils. » Un passé et un présent qui changent tout : cela suggère que la vierge n’est plus vierge, après avoir conçu. En même temps la dimension prophétique du texte d’Isaïe est évacuée en faisant basculer le sens du texte qui n’annonce plus l’avenir, mais décrit le présent.
La virginité de Marie n’est pas niée ouvertement, mais le texte joue délibérément sur l’ambiguïté
Il ne faut pas croire que les « scientifiques » qui ont assuré le travail ont laissé passer cela par ignorance ou inattention : une note des traducteurs explique ainsi que le mot hébreu « almáh » signifie « jeune femme » plutôt que « vierge. C’est la position d’apologistes hébreux qui ont toujours voulu faire admettre l’ambiguïté du terme. Mais avant même la naissance du Christ, la traduction grecque des Septante retenait le mot « parthenos », vierge. Un épisode joliment mis sous forme romancée par Vladimir Volkoff dans ses Chroniques angéliques…
Le texte biblique des évêques allemands ne favorise pas seulement l’hérésie à propos de la Très Sainte Vierge Marie, il choisit la banalité dans un parti pris évident. Le récit bouleversant de l’Annonciation dans Evangile de saint Luc fait dire à l’ange Gabriel : « Tu tomberas enceinte » plutôt que « Tu concevras un fils ».
De l’égalité de genre à l’édulcoration des miracles : la soumission officielle à la modernité
La nouvelle édition se plie également aux principes de l’égalité de genre en remplaçant les mots « Frères » au début des Lettres du Nouveau Testament par « Frères et sœurs », et les « miracles » de Notre Seigneur se transforment en « actes de puissance » – pour éviter, assure Theobald, la « projection anachronique » de ce que nous entendons par « miracles » au temps de Jésus.
Les textes officiels seront obligatoires non seulement dans la liturgie mais aussi pour tout travail pastoral, y compris la catéchèse. Ce sera d’autant plus facile à mettre en œuvre que la plupart des catholiques allemands ne connaissent que la « Traduction unifiée ».