Il y a quelques semaines, une messe dominicale télévisée diffusée dans l’archidiocèse de Toronto a suscité la colère de nombreux catholiques qui ont pu la visionner à la télévision ou sur le site du diocèse : elle s’achevait sur une hymne à Gaïa – la Terre-Mère en d’autres termes – idolâtrée par les panthéistes qui voient en la Planète la déesse à laquelle il faut tout sacrifier. Le panthéisme s’introduit ainsi dans la liturgie catholique, à la faveur de la confusion créée au sommet de la hiérarchie catholique par le ton de Laudato si’…
Il faut le dire tout de suite : à la suite des réactions de nombreux fidèles à ce scandale sans nom, le chancelier de l’archidiocèse de Toronto a indiqué que le prêtre célébrant cette messe du « 16e dimanche ordinaire » diffusée au mois de juillet, Mgr Brad Massman, 76 ans, à la retraite, devra s’expliquer afin d’assurer « que cela ne se reproduise pas ». Il semblerait donc que l’archevêque du lieu, le cardinal Thomas Collins, ait pris la mesure des choses. On ne peut adorer Gaïa et la Sainte Trinité en même temps…
Le célébrant n’était pas au courant de la diffusion de l’hymne à Gaïa
Il faut savoir aussi que le bloggeur qui a porté cette triste affaire à la connaissance du monde, Vox cantoris, a commenté la reprise de l’affaire sur le blog anglocath en indiquant qu’il a aujourd’hui la « certitude » que Mgr Massman n’avait pas la moindre idée que l’hymne à Gaïa allait être diffusée à la fin de la messe qu’il célébrait en guise de chant final. « La musique a été enregistrée séparément dans le cadre d’une série et a été ajoutée au montage », indique-t-il, précisant que la messe du « 16e dimanche » elle-même n’a pas été enregistrée en juillet, mais à un autre moment, ce qui pose un autre problème liturgique de taille…
Bref, on ne peut pas tenir le prêtre pour responsable… mais alors qui ? S’agissant d’un office préenregistré, qui est chargé de vérifier le choix de ce qu’il faut bien appeler une « illustration musicale » ? Comment l’hymne O beautiful Gaïa a-t-elle pu être ajoutée au répertoire supposément catholique et interprétée dans le studio aménagé en église ?
Un début de réponse se trouve dans le succès que connaissent les œuvres de Carolyn Mcdade, auteur (ou devrions nous écrire : « auteure ») de cette hymne néopaïenne ? Originaire de la Louisiane, elle se présente comme « spiritualiste féministe » ce qui explique sa fascination avec la déesse terre qui permet d’échapper au « paternalisme » chrétien. Néanmoins, c’est dans le monde chrétien que l’on reprend ses chansonnettes sirupeuses, et l’utilisation d’O beautiful Gaïa dans la messe catholique télévisée de Toronto semble n’être pas une nouveauté…
Qui a laissé le panthéisme s’infiltrer dans la messe télévisée du diocèse de Toronto ?
Les paroles de ce chant se retrouvent sur bien des sites dédiés au nouveau panthéisme où l’on chante le « retour à l’unité avec tout ce qui vit ». C’est de cet acabit : « Fraîche rosée du matin, O Gaïa tu nous appelles. Fraîche rosée du matin, rentrons chez nous. »
Voilà qui cadre parfaitement avec l’esprit du panthéisme contemporain et spiritualiste tel qu’il se décrit lui-même : « La Nature est-elle le point focal de vos sentiments spirituels les plus profonds ? Recherchez-vous une spiritualité ou une religion centrée sur la Nature, sur le sauvetage de la Terre, sur la préservation de ses habitats et de ses espèces ? Le Panthéisme mondial est probablement, parmi les organisations spirituelles-religieuses, celle qui est la plus clairement centrée sur la Terre. La Nature est au cœur même de notre spiritualité, elle-même proche de l’Ecologie profonde, de la théorie de Gaïa, de la religion de la Nature, ou du culte de base qui adore directement la Nature. La manière la plus simple de résumer tout cela se trouve dans la phrase de Mikhaïl Gorbatchev : “La Nature est mon dieu.” »
Anne Dolhein