Pourquoi le silence de nos pasteurs sur l’homosexualité ? La réponse de Robert Reilly, ancien conseiller de Reagan

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Un seul livre de Robert Reilly, conseiller spécial de Ronald Reagan avant de devenir haut conseiller pour la stratégie de l’information du secrétaire à la Défense des Etats-Unis, n’a jamais été chroniqué par la grande presse dans son pays : Making Gay Okay. « Comment on rend le “gay” acceptable », dit le titre de cet ouvrage important pour comprendre le changement de culture auquel nous assistons. Important mais tabou. La question est politiquement incorrecte au point que même les évêques catholiques des Etats-Unis sont peu nombreux à l’évoquer. Pourquoi ce silence de nos pasteurs à propos de l’homosexualité ? C’est la question que John-Henry Westen de LifeSiteNews a posée à l’auteur. Nous donnons ici notre traduction intégrale de cet entretien.
 

Un ancien conseiller de Reagan dénonce le silence des pasteurs sur l’homosexualité

 

Dans votre livre, vous notez que la loi naturelle est à la base de l’opposition à l’acceptation du comportement homosexuel qui constitue une véritable menace pour la culture. Ces derniers mois, nous avons pu constater que cette acceptation menace plus précisément les chrétiens et les catholiques, mais peu de leaders catholiques osent en parler.

 
— L’enseignement sur la loi naturelle est au cœur de l’Eglise catholique. Il semblerait qu’on abandonne la foi et la raison au même moment, pour céder à la sentimentalité. Il paraîtrait que certains responsables de l’Eglise se soient alignés sur ce programme (gay), ou qu’à tout le moins ils aient choisi de garder un silence complet à son propos. Le silence implique le consentement.
 
Le fait qu’ils n’aient pas été plus nombreux à s’élever contre ce mensonge grotesque à propos de l’humanité est très démoralisant.
 

Pourquoi ce silence des leaders de l’Eglise ?

 
— On trouve une partie de la réponse dans La cité de Dieu de saint Augustin. Au livre 1, chapitre 9 il écrivait à propos de ceux qui font le mal : « Il arrive souvent que, par une dangereuse dissimulation, nous feignons de ne pas voir leurs fautes, pour n’être point obligés de les instruire, de les avertir, de les reprendre et quelquefois même de les corriger, et cela, soit parce que notre paresse ne veut pas s’en donner le soin, soit parce que nous n’avons pas le courage de leur rompre en visière, soit enfin parce que nous craignons de les offenser et par suite de compromettre des biens temporels que notre convoitise veut acquérir ou que notre faiblesse a peur de perdre. » Je crois que cela explique une bonne partie du problème.
 
Au vu de l’histoire cependant, nous ne devrions pas trop nous étonner devant le silence ou la complicité. Rappelez-vous la phrase lumineuse de Peter Kreeft : « Le premier évêque à avoir accepté une subvention publique était Judas. » Sous Henri VIII, un seul évêque demeura fidèle : saint John Fisher. (Nous faisons certainement mieux à notre époque, grâce à Dieu !) Je viens de lire Mon combat contre Hitler du grand Dietrich von Hildebrand. Il y raconte comment certains évêques catholiques ont collaboré intellectuellement avec les Nazis, acceptant et allant même jusqu’à promouvoir les rationalisations nécessaires à l’affirmation de la légitimité du régime nazi.
 

Robert Reilly ne craint pas de faire une analogie entre le nazisme et la culture gay

 

Ne pensez-vous pas qu’il soit excessif d’établir une analogie avec les temps du nazisme ?

 
— Je ne crois pas abuser en faisant référence à l’Allemagne nazie de 1935 pour faire une analogie avec les événements présents. C’est le moment où les lois de Nuremberg sont entrées en vigueur : celles qui ont privé les Juifs de leur citoyenneté allemande, interdisant les mariages entre non Juifs et Juifs.
 
Sans doute, il y avait encore beaucoup de gens de valeur, droits dans leurs bottes en Allemagne en ce temps-là, y compris de nombreux catholiques, mais à partir de ce moment-là ils ont été obligés de se taire sur l’enseignement nazi à propos de la supériorité raciale, parce que cet enseignement était inscrit dans la loi de l’Etat. Je suis sûr que beaucoup de personnes opposées à la théorie raciale de l’histoire se disaient alors, comme le font aujourd’hui beaucoup de gens à propos du « mariage » homosexuel : « Eh bien, c’est une affaire perdue. Laissons-la tranquille et allons de l’avant. »
 
Ils avaient sans doute trop peur pour envisager ce vers quoi ils allaient, de même qu’aujourd’hui on évite de penser aux conséquences du complet déni de réalité que suppose le « mariage » homosexuel. Quiconque pense que nous sommes au cœur d’un déni de réalité un tant soit peu moins profond que celui de l’Allemagne en 1935 se fait délibérément des illusions. Le succès du rêve LGBT requiert l’oblitération du réel et la mise à l’écart de ceux qui insistent pour dire l’existence de la réalité.
 

Que faites-vous de l’approche de certains évêques catholiques qui ont choisi, lorsqu’on les interroge sur les « gays », de faire une citation partielle du Catéchisme pour n’en retenir que l’enseignement conforme aux temps modernes – ceux qui citent seulement la phrase « Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste » ?

 
— A l’évidence, la vraie question aujourd’hui n’est pas celle de la « discrimination injuste » envers les homosexuels mais la soumission forcée à l’idéologie du genre LGBT. La question, largement artificielle, de la discrimination est utilisée comme une arme pour exiger la conformité totale au programme LGBT. Je raconte l’histoire complète de la manière dont cette contrainte se met en place dans mon livre, Making Gay Okay: How Rationalizing Homosexual Behavior Is Changing Everything («  Rendre le “gay” acceptable : comment la rationalisation du comportement homosexuel est en train de tout changer »). Ceux qui souffrent aujourd’hui de la discrimination sont ceux qui insistent pour dire la vérité. George Orwell l’a déjà fait remarquer : « Plus une société s’éloigne de la vérité, plus elle haïra ceux qui la proclament. »
 
Propos de Robert Reilly recueillis par John-Henry Westen. Traduction :
 

Anne Dolhein