Persécution religieuse au Vietnam : une messe interrompue, des fidèles tabassés

Persécution religieuse Vietnam messe interrompue
Le P. Nguyen Van Thanh en compagnie de Mgr Leopoldo Girelli, représentant non résidant du Saint-Siège au Vietnam lors d’une visite de ce dernier dans la paroisse de Lao Cai.

 
C’est dans la province vietnamienne de Lao Cai qu’au moins 30 agents du gouvernement ont fait irruption dans une maison privée qui fonctionne comme lieu de culte catholique, frappant les fidèles et empêchant la célébration de la messe. Au Vietnam communiste, la persécution religieuse est plus que jamais à l’ordre du jour. Dans ce cas précis, à la fois le rang des forces de l’ordre que la violence de la descente de police témoignent d’une situation qui s’aggrave.
 
L’incident s’est produit il y a trois jours dans le district de Mung Khuong. Le P. Nguyen Van Thanh célébrait la messe lorsque la police est arrivée, menaçante, le contraignant à interrompre son action avant de pousser les fidèles à l’extérieur. Un jeune a été tabassé sur place, et deux personnes ont été arrêtées dont une âgée seulement de 14 ans.
 

Les catholiques du Vietnam victimes de persécution religieuse

 
Un fidèle témoigne : « Parmi les policiers qui ont fait irruption dans ce lieu, il y avait Nguyen Quc Huong, vice-président du district, et deux autres vice-présidents d’organisations gouvernementales ». Un autre fidèle assure que les ordres émanaient de Huong qui a mis l’opération sur pied. A l’issue de celle-ci, le prêtre s’est vu intimer l’ordre de se présenter au siège de la police pour y être « examiné et interrogé ».
 
Le fidèle tabassé raconte – en conservant son anonymat – son désarroi : « Je ne comprends pas pourquoi ils m’ont arrêté et frappé comme si j’étais un criminel. Ils m’ont étranglé, ils m’ont frappé la tête contre le mur. Ils m’ont conduit à la Commission du peuple de Mung Khuong et ils ont effacé toute la mémoire de mon téléphone cellulaire. Maintenant j’ai mal au cou ».
 
Dans la plus pure tradition communiste, les autorités ont contraint le jeune homme à avouer ses « fautes » : « J’ai été obligé d’“avouer” que j’avais mis la sécurité en danger et que j’avais causé du désordre dans la communauté. La police m’a obligé à écrire une déposition et elle voulait que je signe un document par lequel je m’engagerais à ne plus aller à la messe. Je ne l’ai pas signé ».
 

Le régime communiste du Vietnam s’en prend aux fidèles et surveille le culte

 
AsiaNews a publié ces derniers temps plusieurs articles indiquant que les autorités communistes de Lao Cai ont renforcé les menaces et les violences à l’encontre de la minorité chrétienne. Elles n’autorisent plus l’enregistrement de lieux de culte, qualifiant toute réunion religieuse d’« illégale ». Sur place, des fidèles se plaignent d’avoir demandé à de multiples reprises le droit de construire une petite église, mais de se voir opposer un refus systématique. « Nous sommes obligés de louer des maisons d’habitation pour pouvoir célébrer la messe », expliquent-ils.
 
De son côté, la police « affirme que les prêtres n’ont pas le droit de célébrer, et que les paroissiens n’ont pas le droit de participer ; quand on est pris, on vous accuse de perturber l’ordre ». C’est un « viol de la constitution qui reconnaît la liberté de culte », notent ces catholiques.
 

Une messe interrompue, des fidèles arrêtés dans le Lao Cai

 
Mais c’est à la manière communiste. Selon sa logique, les pires tyrannies s’affublent du nom de « démocraties populaires ».
 
Dans cette zone montagneuse du Lao Cai, les fidèles ne sont pourtant pas près de se rendre. Ils font tout pour pouvoir assister à la messe chaque jour : « Nous prions pour nos familles et pour la société ». Le jeune tabassé il y a quelques jours est fier d’être catholique. « Je me suis présenté aux autorités, et j’ai dit que je voulais donner mes biens pour l’édification d’une église. Ils ne m’ont pas permis de le faire », raconte-t-il.
 
Le Vietnam continu de faire partie des honorables partenaires de l’Occident.
 

Anne Dolhein