Grâce à l’intelligence artificielle, la Chine compte sur les robots pour remplacer les familles dans les soins aux personnes âgées

 
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S’agit-il d’améliorer les conditions de vie des personnes âgées ou de libérer des capacités de production chez les actifs ? La question n’est pas saugrenue concernant une Chine toujours dirigée par le Parti communiste. Car l’article paru le 30 janvier dans le Global Times, l’organe de presse en langue anglaise contrôlé par le Parti, présente très clairement le développement des robots et de l’intelligence artificielle (AI) comme devant permettre dans un avenir proche la prise en charge par l’Etat des soins aux personnes âgées. Avec la politique de l’enfant unique et des avortements forcés, la population chinoise vieillit rapidement. D’ici à 2050, il devrait y avoir plus de 450 millions de personnes de plus de 60 ans en Chine, ce qui représentera le tiers de la population totale. Aujourd’hui, selon un rapport cité par le Global Times, près de 23 % des seniors chinois ont besoin d’une forme d’assistance, mais moins de 2 % utilisent les services d’établissements de retraite. Les maisons de retraite sont chères et contraires à la tradition chinoise qui impose de prendre soin soi-même de ses parents quand ils deviennent dépendants. Ce devoir filial est toutefois très contraignant et lourd à porter, comme le montrent les témoignages exposés par le Global Times.
 
Du reste, les places en maison de retraite sont rares et il faudrait 10 millions de travailleurs dédiés aux soins aux personnes âgées. Or seulement un million de Chinois travaillent dans ce secteur, et l’énorme majorité d’entre eux n’a même pas les qualifications nécessaires.
 

La Chine communiste semble soucieuse de soustraire les personnes âgées à leurs enfants

 
Heureusement, nous explique le directeur de l’Institut de gérontologie de l’Université Renmin de Chine à Pékin, « L’intelligence artificielle va remplacer les personnels soignants humains dès que la technologie sera devenue meilleure marché », et « L’intelligence artificielle va transformer le système de soins aux personnes âgées d’ici deux ou trois ans, à mesure que la technologie sort des laboratoires pour entrer dans les vies des gens ». Les robots décrits par le Global Times seront des médecins (fonctionnalités de diagnostic), des aide-soignants et des compagnons. Oui, des compagnons : « Les robots sont conçus pour être vos amis. Avec l’auto-apprentissage et l’analyse des données, ils peuvent étudier ce que vous aimez, le mémoriser et l’utiliser pour rendre l’interaction avec vous bien plus fluide et agréable », explique au Global Times le fondateur d’une maison de retraite en Chine. Les Chinois, une fois qu’ils auront placé leurs parents âgés dans des établissements de retraite, n’auront donc même plus besoin de leur rendre visite trop souvent.
 

Le recours à des robots dotés d’intelligence artificielle comme réponse au mouvement de grogne dans les EHPAD en France ?

 
Un autre aspect, incontestablement positif, de ce développement est certes exposé : l’intelligence artificielle devrait favoriser une plus grande autonomie des personnes dépendantes à leur domicile. Toutefois, le papier du Global Times insiste surtout sur le potentiel de prise en charge complète des personnes âgées par des robots dans des maisons de retraite pour alléger la charge des familles.
 
Dans un autre article, cet organe de presse contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC) voyait dans le développement de l’intelligence artificielle un outil pour donner un nouveau souffle au communisme. La prise en charge des personnes âgées par des établissements spécialisés aura certainement le mérite, du point de vue d’un régime communiste, non seulement de rendre les actifs plus productifs mais aussi de couper un peu plus les Chinois de leurs racines et de rendre ainsi leurs esprits plus hédonistes et plus malléables. Cela fonctionne déjà très bien dans les démocraties libérales-libertaires occidentales, et l’on verra sans doute chez nous aussi, à la suite de la Chine communiste, se développer le recours aux robots pour s’occuper de nos vieux à notre place. On pourrait même imaginer à terme des robots diagnostiqueurs équipés d’une fonctionnalité d’euthanasie automatique déclenchée sur la base de simples algorithmes calculant le rapport coût-résultats des soins donnés…
 

Olivier Bault