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A serious game ♠


 
A serious game, soit un jeu sérieux, est le titre de diffusion international d’un film suédois, Den allvarsamma leken. Den allvarsamma leken est un roman suédois de 1912, écrit par Hjalmar Söderberg, très connu et très populaire dans son pays. Mais il est totalement inconnu à l’étranger. Cette adaptation est à peu près fidèle aux grandes lignes du roman : Arvid, un jeune correcteur de journal à Stockholm, pauvre, et une jeune artiste désargentée, Lydia, s’aiment. Mais leur pauvreté commune, du moins selon Arvid, les empêcheraient d’ambitionner, au moins avant quelques années, de se marier et de fonder un foyer. Le concubinage juvénile, ou même une liaison régulière non-officielle, sont en principe totalement inenvisageables dans le Stockholm de 1900. Les choses ont bien changé depuis, ce dont on ne se félicitera pas.
 
Le roman suédois d’origine décrirait précieusement le contexte de l’époque, avec le mouvement socialiste devenant massif, les luttes syndicales, l’internationalisation de l’Affaire Dreyfus. On connaît trop peu la vie politique, sociale, culturelle de la Suède en 1900-1910. A serious game, beaucoup trop superficiel sur ces sujets, ne permettra de rien apprendre. C’est très dommage. Ces thèmes du contexte historique sont en effet sinon totalement ignorés, du moins simplement mentionnés au passage, le film se concentrant sur l’intrigue sentimentale, quelque peu compliquée encore. Au lieu de composer une fresque historique, A serious game en est réduit à la dimension d’un téléfilm sentimental, avec des costumes d’époque.
 

A serious game lasse assez vite le public le mieux disposé

 
Lydia d’abord, avec un homme riche et âgé, du moins pour l’époque – il s’agit d’un quinquagénaire -, puis Arvid, avec une héritière fille unique, réalisent des mariages de convenance, avec des êtres qu’ils n’aiment pas. Au moins deviennent-ils parents, et aiment-ils chacun leurs enfants. Mais ils se retrouvent par hasard dans Stockholm dix ans plus tard. Leur vraie passion réciproque étant toujours intacte, ils risquent de compromettre de ce fait une forme de bonheur au moins relatif et des situations sociales, surtout pour Lydia. Vont-ils être fidèles à leurs devoirs, ou les abandonner et vivre leur passion interdite ?
 
En fait, sans dévoiler de trop nombreuses péripéties, ils feront absolument n’importe quoi, détruisant les situations acquises sans pour autant atteindre à un bonheur potentiel devenu immoral. Ils échouent dans leur entreprise non par vertu, ou remords véritables, mais par pure sottise. Les rebondissements permanents, artificiels, et le caractère lamentable des protagonistes principaux, vicieux, lâches, inconstants, finissent par lasser assez vite le public le mieux disposé. L’actrice suédoise interprétant Lydia est extraordinairement belle, mais ceci ne suffit pas à rendre A serious game intéressant.
 

Hector JOVIEN

 
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