La pornographie déclarée danger pour la santé publique par l’Utah, USA

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Le gouverneur républicain de l’Utah, Gary R. Herbert, lors d’une conférence de presse à Salt Lake City en février.

 
Pays de cocagne de la pornographie, les USA sont aussi en pointe pour dénoncer le danger qu’elle fait peser sur la santé publique. Le gouverneur de l’Utah vient de signer une résolution protégeant les enfants. C’est le signe d’une réaction populaire en faveur de la loi naturelle, dont un petit État proche des électeurs peut tenir compte.
 
Par fonction, la presse s’intéresse à ce qui va mal, mais le pire n’est pas toujours sûr, et le bien peut, exceptionnellement, constituer une nouvelle. C’est ce qui vient de se passer dans l’Utah. Le gouverneur de cet État conservateur où la communauté Mormon tient une grande place, Gary Herbert, vient de signer une résolution votée à l’unanimité par l’assemblée de l’Etat au mois de mars. Elle vise à contenir « l’épidémie » de pornographie constatée sur le terrain. Selon une étude de la Harvard Business School menée en 2009 par le professeur Benjamin Edelman, l’Utah serait l’Etat qui a la plus grosse consommation en ligne de vidéos « adultes » de tous les USA. La pornographie, à la différence du haschich, de l’alcool ou de l’héroïne, touche en effet tous les milieux, toutes les religions, tous les profils psychologiques, rigoristes ou non.
 

L’Utah condamne la pornographie malgré les moqueries

 
Pour lutter contre un fléau « endémique qui prospère à la faveur du silence », le gouverneur Herbert a donc promulgué une résolution qui touche à la « recherche, l’éducation et la prévention ». Le sénateur Todd Weiler, qui est à l’origine du mouvement, a été l’objet « des moqueries et du mépris » de plusieurs grands médias. Il a donc pris soin de préciser que la résolution « n’interdit rien et ne restreint pas la liberté d’expression ». Passer pour un père La pudeur n’est déjà pas un avantage aux USA, mais donner l’impression que l’on veut toucher au sacro-saint premier amendement serait carrément suicidaire.
 
La résolution est accompagnée d’une loi faisant obligation aux informaticiens de déclarer à la police toute trace de pornographie à l’usage des enfants qu’ils détecteraient sur un ordinateur dans l’exercice de leur fonction. L’objet de la campagne lancée par Weiler et des dispositions légales signées par Herbert est en effet la protection et l’éducation des enfants. Il s’agit de les libérer d’une chose « mauvaise, dégradante et addictive ». C’est à cette fin que la pornographie a été déclarée « danger pour la santé publique » par l’Utah.
 

Ces nouvelles drogues qui menacent la santé publique

 
Les bibliothèques, les Mac Do, mettent à la disposition des enfants des bornes wi-fi où ils peuvent avoir accès à internet sans filtre. Weiler met le fait en cause : « Si une bibliothèque ou un Mac Do, ou n’importe qui d’autre, offrait des cigarettes à vos enfants, que diriez-vous ? » D’où sa volonté d’obtenir un filtre systématique sur internet pour préserver les plus jeunes du danger de la pornographie. Son objectif à court terme : réunir « une quinzaine d’États pour faire pression sur le Congrès ». Et marcher sur les traces de David Cameron. En 2013, celui-ci a lancé une possibilité d’opter pour internet avec ou sans pornographie. Weiler veut donc suivre l’exemple anglais. Il ignore apparemment que l’Union européenne a déclaré « illégal » le filtre systématique anti pornographie, en ce qu’il briderait la liberté de choix et l’a interdit au Royaume Uni.
 
Quoi qu’il en soit, de nombreuses études convergentes montrent l’incidence désastreuse de la pornographie sur la santé des enfants, bien qu’on manque encore de recul pour déterminer ses effets à long terme : plus la consommation est hâtive, plus les dégâts sont graves et profonds. Ici, sexologues féministes et parents conservateurs tombent d’accord sur un même constat. La pornographie détruit chez les enfants l’image de la femme et de l’amour, fait de l’autre un objet, rend agressif, complexe les adolescents et devient chez une part non négligeable de la population une véritable addiction, avec toutes les caractéristiques de l’addiction. Elle fait partie de ce qu’on nomme aux USA les « new drugs » et c’est à ce titre qu’elle constitue un danger pour la santé publique.
 

La pornographie, industrie florissante aux USA

 
Certains militants anti pornographie assurent même que la consommation précoce est à l’origine des abus sexuels sur les campus ou les abus sexuels entre enfants, et l’assentiment de certains enfants à produire eux même de la pornographie, qui seraient en hausse grave. C’est par exemple l’opinion de Dawn Hawkins, le directeur exécutif du Centre national d’étude de l’exploitation sexuelle des USA à Washington DC. Cependant,
 
pour David Hill, de l’Académie américaine de pédiatrie, c’est aller trop vite en besogne, et « ce que l’on peut tirer des études scientifiques en la matière est très limité. » Il n’en recommande pas moins aux parents de « retirer les écrans des chambres des enfants et de regarder la télé avec leurs enfants ».
 
Tout cela est limité mais va dans le bon sens. Il faut savoir que l’industrie de la pornographie pèse très lourd aux USA. La seule vallée de San Bernardo en Californie fournissait jusqu’en 2012 20.000 emplois et un chiffre d’affaire annuel de 5 milliards de dollars au film X. Même si cet équivalent X de la Silicon valley est aujourd’hui en déclin à cause de la concurrence étrangère et des vidéos d’amateurs, le secteur demeure très important. Et le gouverneur de l’Utah le considère comme une puissance et le traite comme tel. Il a demandé à l’industrie de la pornographie de « l’aider » à protéger les enfants, « quant aux adultes, s’ils veulent en consommer, c’est leur affaire ».
 

La pornographie, danger spirituel massif

 
Malgré les limites de ce discours, deux choses positives frappent l’observateur sans préjugés. D’abord, le retour du réel, en matière de mœurs comme en matière politique. De même que les peuples se rendent compte tardivement des fléaux sociaux qu’engendre l’ouverture des frontières, de même commencent-ils à percevoir ceux que provoque la révolution morale qui s’est opérée depuis les années soixante. Après cinquante ans, l’illusion du tout est possible s’use, on s’aperçoit que chaque acte porte des conséquences, et que la loi naturelle n’est pas indéfiniment bafouable sans danger. La jouissance sans conscience ne marche pas. Même ici-bas. Le sida fut une première alerte. La pornographie est une affaire beaucoup plus grave. La militante Jennifer Brown, bien connue aux USA, parle « d’empire de la destruction ». C’est en tout cas une arme de destruction massive des âmes, donc d’asservissement, comme l’avait noté Soljenitsyne.
 

La révolte des peuples passe par l’Utah, USA

 
Le deuxième élément positif, et qui peut porter à l’optimisme, est la faculté des peuples de s’exprimer à travers les institutions qui demeurent proches d’eux. Les États américains sont à taille humaine. Le gouverneur Herbert n’est peut-être pas plus héroïque que François Bayrou, mais il sait que son existence dépend de son électorat conservateur et de la communauté Mormon. Il porte donc l’opinion qui l’élit et défend la santé publique, malgré les quolibets de la presse de la côte Est – et peut-être demain les attaques des juges fédéraux. Ici encore il en va de même en matière de mœurs et en matière d’immigration. En Europe, ce sont les petits États comme la Slovaquie ou la Hongrie qui écoutent la voix du peuple, alors que les grands sont cadenassés par les élites mondialistes. Et plus l’institution s’éloigne du peuple, plus elle tend à le contraindre. L’Etat fédéral américain laisse, dans une certaine mesure encore, les États des USA exercer leur autonomie, ce qui n’est pas la tendance du super État centralisé qui se construit à Bruxelles. Quant à l’ONU, tour d’ivoire de grands architectes maçons du mondialisme, elle s’est enfermée totalement dans un refus hystérique de la loi naturelle.
 
La nation est l’espace le plus vaste où un peuple peut exercer sa souveraineté, à condition que l’État qui la dirige ne se renie pas et ne la trahisse pas au profit d’une chimère supranationale. Il faut en tirer les conséquences : si l’on veut en France des avancées vers le rétablissement de la loi naturelle comparables à celle que vient de réussir l’Utah, il faut rétablir la démocratie directe.
 

Pauline Mille