On nous aurait dit cela il y a deux ou trois ans, personne n’y aurait cru, tous auraient ri. L’auteur de La Bombe P, le livre qui a déclenché la lutte contre la « surpopulation », Paul Ehrlich, a été officiellement invité à s’exprimer lors d’une conférence organisée, par le Vatican et au Vatican, du 27 février au 1er mars prochains, sous le titre « L’extinction biologique ». L’objectif du colloque est de réfléchir à « la manière de sauver le monde naturel ». L’annonce de la conférence, par le biais d’une présentation totalement évolutionniste de l’histoire de la Terre, évoque un « déséquilibre insoutenable » entre la population humaine et des ressources naturelles, l’homme consommant aujourd’hui, selon les organisateurs, 156 % de ce que la terre peut supporter. Un mouvement de surconsommation déclenché il y a 500 ans, aux termes de cette présentation. De la surconsommation à la surpopulation, il n’y a qu’un pas, logique, inévitable.
Parmi les invités, on note la présence d’autres personnalités qu’il eût été inimaginable d’inviter au Vatican il y a quelques années. Ainsi, le Dr John Bongaarts, vice-président du Population Council basé à New York, parlera de l’état présent et futur de la population. Le Population Council, fondé par John D. Rockfeller III en 1952, s’enracine dans le mouvement eugéniste et se spécialise dans la recherche sur les contraceptifs et leur diffusion : c’est lui qui a développé le stérilet en cuivre, aux effets abortives précoces, les implants contraceptifs Norplant, Jadelle et Mirena, et Roussel-Uclaf lui a cédé gratuitement les droits de la pilule abortive RU 486 – le « pesticide anti-humain » comme l’appelait le Pr Lejeune – en 1994.
Paul Ehrlich, le « pape » de la surpopulation au Vatican
Mais il y a des degrés dans le scandale. Si un Bongaarts s’inscrit clairement dans le mouvement anti-humain qui est au cœur de l’idéologie environnementaliste, Paul Ehrlich est réellement en son cœur : c’est lui qui a été le vecteur principal du « changement de paradigme » à travers lequel l’homme a été considéré depuis des années 1970 comme l’ennemi de la nature, pour ne pas dire de la Terre-Mère, qui par son seul nombre et par son exploitation des ressources naturelles met en péril l’ensemble.
Cela a justifié la diffusion de la contraception, de l’avortement, de toutes ces pratiques de la culture de mort que de nombreuses institutions internationales ont imposées dans le monde entier. Voilà qui a justifié la mentalité de refus de la vie tout comme la politique de l’enfant unique en Chine, les stérilisations forcées en Inde ou au Pérou, la propagande incessante pour les contraceptifs de longue durée aussi bien en Occident qu’en Afrique…
Le rouleau compresseur de la pensée d’Ehrlich a dévasté le respect de la vie partout dans le monde, et ce malgré l’incroyable somme de prédictions fausses de l’anti-populationniste. Son livre de 1968 annonçait la famine avec 100 à 200 millions de morts par an entre 1970 et 1980. L’extinction de l’humanité faisait partie de ses nombreuses annonces d’apocalypse dont aucune ne s’est réalisée. Pour la décennie suivante, lui ou ses semblables prévoyaient 4 milliards de morts, dont 65 millions d’Américains victimes d’une famine de masse sans précédent. Ehrlich prônait le contrôle de la population comme « seule » solution, appelant de ses vœux la stérilisation forcée.
Les Académies pontificales invitent les ennemis de l’homme
Le lamentable échec de ses prédictions pseudo scientifiques n’ont pourtant pas vacciné les gens de l’établissement environnementaliste contre ces nouvelles annonces : ils ont trop besoin de lui et la vérité importe peu. Car le prophète de malheur continue : aujourd’hui, ses prédictions tournent autour du réchauffement climatique et de l’extinction des espèces. Et Paul Ehrlich continue de prôner l’avortement, et même l’avortement sélectif des filles, voire l’infanticide, pour les « protéger » de l’avenir pourri qui les attendrait dans un monde surpeuplé, comme il l’a dit dans un entretien en 2011.
L’invitation de ce malthusien frénétique par l’Académie pontificale des sciences et par l’Académie pontificale des sciences sociales co-organisatrices de la conférence, en présence de Mgr Marcel Sanchez Sorondo et avec la participation du cardinal Peter Turkson, est aberrante. On ne peut croire à une volonté de confrontation ou de mise en cause des thèses de cet homme qui est un adversaire irréductible de tout ce en quoi croit l’Eglise. Cela ne peut se faire, et surtout dans un cadre ecclésial, de donner la parole à ses pires ennemis afin qu’ils puissent tenter de convaincre un auditoire quel qu’il soit, en recommandant le mal, le péché et la mort…
De la surpopulation à la haine de l’homme – et de Dieu
Car au-delà des nombreux crimes auxquelles l’idéologie répandue par Paul Ehrlich a donné lieu, au-delà de sa contestation virulente de la morale chrétienne du mariage et de la procréation, il se pose en adversaire radical du premier commandement donné par Dieu à l’homme dans le jardin : « Croissez et multipliez-vous. »
En répandant l’idée selon laquelle la Terre serait trop petite pour l’homme, que Dieu se serait trompé en lui recommandant de la « remplir », en faisant de l’homme non le roi et le centre de la création mais son ennemi insidieux et aujourd’hui mortel, c’est la voix du premier non serviam qui s’exprime. La haine de l’être. C’est signé…