Vie de famille 1 – géopolitique 0 :
la vidéo virale du professeur spécialiste de la Corée interrompue par ses enfants

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De toutes les vidéos virales qu’on se passe de Facebook en Twitter pour interrompre un peu la routine du travail quotidien, celle du professeur spécialiste en géopolitique commentant la situation en Corée du Sud sur fond d’invasion de ses enfants, est de celles qui ont circulé le plus vite et le plus loin. En quelques jours à peine, les 80 millions de vues étaient atteintes. La voir, c’était la partager… On se bousculait pour la mettre sur sa page. Attendris, amusés, signalant à qui mieux mieux le moment le plus désopilant de cette comédie involontaire, les commentaires n’en finissaient pas. Preuve que le plus avisé des commentateurs de l’actualité en Corée du Sud ne fait pas le poids, aux yeux du public, par rapport à la séduction exercée par sa famille. Une vraie tranche de vie.
 
Qui n’a pas vu l’impertinente petite fille ouvrir la porte du bureau pour s’incruster dans le champ où Robert Kelly expliquait à la BBC les tenants et aboutissants de la destitution de la présidente sud-coréenne, Park Gen-hye ? Sujet passionnant, sans doute. Mais la sautillante schtroumpfette crevait l’écran. D’autant qu’elle était vite suivie d’un bambin en trotteur à roulettes, bourré d’énergie et décidé lui aussi à faire sa petite opération de videobombing.
 

Le meilleur “videobomb” de tous les temps ?

 
La panique de la maman – elle explique dans une interview subséquente avoir eu le retour d’images de l’entretien qu’elle suivait dans son salon quelques secondes seulement après le désastre qui se déployait ainsi sous ses yeux, trop tard – n’était pas moins comique. On n’est pas près d’oublier son intervention hilarante lorsque, les deux petits monstres écartés, elle ferme la porte avec l’énergie d’un noyé saisissant une bouée. Pleurs dans le couloir… Et bonheur dans les chaumières, où le public du monde entier a ri de bon cœur, conscient d’ailleurs que ce genre de chose aurait pu arriver à n’importe qui. C’est ça, les enfants : divertissement assuré, théâtre gratuit, joies de l’inattendu !
 
(A noter dans un coin de la tête : « Toujours fermer la porte à clef quand on se fait enregistrer en direct ». Quand il y a une clef. Sinon, agiter ses bras telles des ailes de moulin en faisant les gros yeux peut contribuer à faire partir un intrus quand vous êtes interrogée en direct à la radio. Je sais, j’ai essayé…)
 

La vie de famille d’un professeur spécialiste de la Corée

 
C’est avec l’accord hésitant des Kelly – et non du professeur et de sa bonne d’enfant comme l’ont imaginé certains internautes, c’est bien sa femme qu’on voit à l’écran ! – que la BBC a décidé de mettre en ligne cet extrait tous publics d’une interview des plus sérieuses qui elle, a été diffusée en direct. Impitoyablement, le journaliste continuait d’interroger le professeur, au lieu de donner aux Kelly le temps de « nettoyer » la scène.
 
Ils n’imaginaient pas que dès cet instant, leurs téléphones ne cesseraient plus de sonner, que leurs pages sur les réseaux sociaux exploseraient, que le monde entier se passionnerait pour le pas dansant d’une petite Marion d’humeur « primesautière », comme dit son papa, parce que c’était son anniversaire.
 

Une interview à la BBC interrompue par des enfants fait fondre les internautes

 
Finalement, Robert Kelly a peut-être fait davantage pour la Corée du Sud ce jour-là, où il vit avec sa femme Kim Jung-A qu’en des années d’études et de commentaires politiques. La Corée du Sud affiche depuis plus de 25 ans une natalité catastrophique, descendue jusqu’à 1,08 enfant par femme il y a une dizaine d’années, atteignant à peine les 1,3 enfants par femme aujourd’hui – il en faut 2,1 par femme en âge de procréer pour assurer le simple renouvellement des générations.
 
En bousculant les statistiques, le regard espiègle, les petits Marion et James Kelly ont prouvé au monde, et à leurs compatriotes, qu’il n’est de vraies richesses que d’hommes. Et que le sourire, même dépité, d’un papa et d’une maman remuent davantage les nations qu’une présidente destituée. La famille précède la société !
 

Jeanne Smits