Exposition/PEINTURE
21 Rue de la Boétie :
Picasso, Matisse, Braque, Léger ♥♥


 
21 Rue de la Boétie : Picasso, Matisse, Braque, Léger est l’exposition au titre singulier proposée actuellement par le Musée Maillol. Pourquoi donc associer une adresse parisienne et des peintres de la première moitié du XXème siècle ? C’est que le 21 Rue de la Boétie a été l’adresse de la Galerie Rosenberg qui a précisément fait découvrir, et oser faire découvrir à un public parfois rétif, ces quatre peintres très reconnus par la suite, ainsi que d’autres contemporains comme Marie Laurencin. L’exposition propose donc des tableaux présents alors dans cette galerie, chose assurée par des photographies d’époque et les inventaires très bien tenus du marchand de tableaux Rosenberg. L’aventure de la galerie a cessé, du moins en France, en 1940. Elle a été fermée par l’occupant allemand, ses tableaux confisqués, du fait de l’origine juive de M. Rosenberg.
 
L’exposition a voulu retracer la démarche de Raoul Rosenberg (1881-1959), marchand habile, et, plus intéressant évidemment, amateur d’Art authentique. L’itinéraire s’inspire du livre-hommage écrit par sa petite-fille, Mme Anne Sinclair. Si la piété filiale ne nous dérange nullement, au contraire, on n’approuvera pas forcément pour le moins les messages politiques convenus, et très à gauche évidemment, distillés par l’auteur, et repris dans le commentaire de l’exposition.
 
21 Rue de la Boétie : Picasso, Matisse, Braque, Léger présente un très grand intérêt historique. Les tableaux remontent en fait pour les plus anciens aux années 1860, à Corot et son école. Le marchand Rosenberg avait tenu à équilibrer sa galerie, en ne présentant pas que de l’avant-garde, à la rentabilité parfois aléatoire. Ainsi, le visiteur peut découvrir aussi des tableaux impressionnistes et postimpressionnistes magnifiques, loin du titre de l’exposition, mais de toute beauté, en particulier le Poirier d’Angleterre de Renoir, ou une scène de port du pointilliste Sisley. Sur le plan esthétique, nous voyons dans les œuvres proposées un intérêt esthétique jusqu’au cubisme inclus, voire au postcubisme personnel, dit « tubiste », de Fernand Léger. L’art moderne aux formes spectrales, éclatées, typique de Picasso des années 1930 – et synthétisé dans son Guernica de 1937, non-présent – est significatif de son époque. Nous oserons seulement le trouver laid, ce qui heureusement n’est pas le cas de la majorité des œuvres de l’exposition. Il reste l’intérêt purement historique.
 
L’exposition entend aussi opposer ces avant-gardes françaises, ou du moins en France, soutenues par Rosenberg, à l’art officiel en Allemagne des années 1930. Au-delà des malédictions plus que convenues du commentaire, ces tableaux sont souvent beaux, ou intéressants. On peut admirer en particulier ceux incluant des déesses antiques qui renouvellent avec talent l’esthétique de la Renaissance, comme la Vénus de la Bénédiction du Travail de Gisbert Palmié. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes de cette exposition.
 
Aussi avons-nous apprécié l’exposition 21 Rue de la Boétie : Picasso, Matisse, Braque, Léger. Nous conseillons pour ceux qui ne seraient pas d’humeur, d’ignorer le commentaire proposé. Pour les courageux, dont nous avons été, il comporte malgré tout quelques indications historiques intéressantes.
 

Hector JOVIEN

 
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EXPOSITION

 
21 rue La Boétie
 
Picasso, Matisse, Braque, Léger
 
Du 2 mars au 23 juillet
 

Musée Maillol

59-61 rue de Grenelle 75007 Paris
 

HORAIRES

 

Le Musée

est ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30. Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30.

La librairie-boutique culturelle

est ouverte aux horaires du Musée, y compris le dimanche.
 

TARIFS

 
Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 11 €
Tarif jeune : 5 €