3e anniversaire de “Laudato si’” : la conférence sur le climat au Vatican teintée de sagesse aborigène et de panthéisme

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De l’avis de l’ONU elle-même, l’événement qui se déroule ces 5 et 6 juillet au Vatican pour célébrer le 3e anniversaire de Laudato si’ jouera un rôle clef pour poser le cadre des rendez-vous mondiaux sur le climat de ces prochains mois : le Global Climate Action Summit en Californie, la rencontre annuelle du FMI et de la Banque mondiale à Bali, et la COP 24 qui se tiendra à Katowice en Pologne. Des représentants des organisations internationales, des militants environnementalistes et autres invités du monde des peuples autochtones sont réunis en conférence sous les auspices du Dicastère pour le service du développement intégral, afin de parler de menaces du « changement climatique » présenté, évidemment, comme catastrophique et dû aux hommes (des pays riches). L’idée d’avoir recours aux sagesses ancestrales des cultures aborigènes est très présente. Et le lien est clairement fait avec les prochains synodes qui se dérouleront à Rome : celui-ci les jeunes à l’automne, et le synode pan-amazonien en octobre 2019.
 
Parmi les intervenants se trouve l’inévitable Hans Joachim Schellnhuber, mondialiste, partisan des contraceptifs de longue durée, membre du Club de Rome, promoteur de la « démocratie globale » avec des institutions supranationales obéissant à une Constitution de la Terre. Il a profité de l’occasion pour rêver à voix haute à une nouvelle forme du « passeport Nansen » de jadis : la création d’un passeport global donnant aux membres des populations victimes des destructions liées au réchauffement climatiques un accès systématique à tous les pays riches responsables de ces catastrophes annoncées.
 

Le pape François accueille les participants au 3e anniversaire de “Laudato si’” au Vatican

 
Le pape François a reçu vendredi matin les participants à la conférence – on trouvera ici les intervenants – pour leur parler, c’est la mode, de « la maison commune », et de la « conversion écologique » parce que « tout est lié ». Il a indiqué qu’il attendait du sommet de la COP 24 que celle-ci soit une étape majeure de la mise en œuvre de l’accord de Paris.
 
« En même temps que les Etats, les autorités locales, la société civile et les institutions économiques et religieuses peuvent promouvoir la culture de la pratique écologie intégrale. Je suis confiant de voir des événements comme le Global Cimate Action Summit qui aura lieu du 12 au 14 septembre à San Francisco, apporter des réponses adéquates, avec le soutien mondial de groupes de pression citoyens. (…) Les institutions financières ont-elles aussi un rôle important à jouer, à la fois en tant que partie du problème et comme solution. Il faut un changement de paradigme financier en vue de promouvoir le développement intégral. Les institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale peuvent encourager à la mise en place de réformes effectives en vue d’un développement plus inclusif et durable », leur a-t-il expliqué.
 
Et tant pis si l’ONU, le FMI, la Banque mondiale soutiennent précisément la culture de mort et les thèses malthusiennes qui sont au cœur de l’écologie politique. L’essentiel n’est-il pas d’en arriver à des instances de gouvernement mondial ?
 

Une conférence sur le climat au Vatican fait la part belle à la « sagesse » aborigène

 
Le pape François a ajouté : « Pour finir, le dialogue et l’engagement vis-à-vis de notre maison doit ménager une place spéciale à deux groupes de personnes qui sont aux avant-postes des efforts en vue de mettre en place une écologie intégrale. Ces deux groupes seront au centre des deux prochains synodes de l’Eglise catholique : le jeune et les peuples indigènes, spécialement ceux des régions amazoniennes. »
 
Et de répéter le refrain, déjà exprimé par Laudato si’, sur « l’attention spéciale aux communautés aborigènes et à leurs traditions culturelles ». François a encore dénoncé les « nouvelles formes de colonialisme alimenté par la culture du déchet et du consumérisme ». « Nous avons tant à apprendre d’eux ! La vie des peuples indigènes est “une mémoire vivante de la mission que Dieu nous a confiée à tous : la protection de notre maison commune” », a déclaré le pape, citant son allocution à Puerto Maldonado au Pérou le 19 janvier dernier. Comme si les peuples indigènes, païens, devaient à leur évangélisation et à leur civilisation tardives – si tant est que celles-ci aient eu lieu – le bénéfice d’avoir conservé une sagesse particulière.
 
Comme si leurs religions, chamaniques, panthéistes, souvent assorties de pratiques profondément cruelles n’avaient pas pour objet des esprits mauvais mais une sorte de divinité originelle que nous pourrions quelque part partager…
 
On me dira que j’extrapole. Mais le langage de la vérité, le langage de la Rédemption qui consiste à offrir aux hommes la possibilité d’être lavés des conséquences mortelles de la faute originelle est terriblement absent.
 

Vatican : le pape François appelle le FMI et la Banque mondiale à protéger le climat

 
Sans évoquer toutes les interventions du premier jour de conférences, jeudi, signalons celle de la théologienne Celia Deane-Drummond, de l’université de Notre-Dame aux Etats-Unis. Elle a en quelque sorte posé le cadre : « Quel est le but de l’existence humaine ? Les théologiens pensaient que c’était d’être avec Dieu, mais c’est aussi de savoir qui fixe les buts et les normes, et comment faire l’intersection entre notre but ultime et notre but pénultième qui est de prendre soin de la Terre et de prendre soin les uns des autres… » Elle a plaidé pour qu’on « retrouve la sagesse indigène » qui sait reconnaître « l’intersection entre les hommes et la planète ». Pour que nous « apprenions à communiquer avec la Terre qui nous entoure avant d’y construire notre demeure », « en syntonie avec les autres créatures ». Certes, elle voit l’être humain comme à part. Mais on se pose tout de même des questions lorsque, invoquant la pensée du pape François, elle parle de la « sublime communion » qui est notre but ultime en ces termes : « La Trinité, la trinité entrelacée entre nous, le monde naturel et Dieu, imprimée dans le monde créé autour de nous. »
 
Plus naïvement mais aussi de manière plus explicite, la soirée culturelle organisée dans la salle de conférences au cœur du Vatican – qu’on peut regarder intégralement ici – a révélé l’esprit de la réunion. Un Indien d’Amazonie a ouvert la soirée avec une prière invoquant « la protection de notre dieu Toupan » – le démiurge qui préside au temps, au climat et au vent dans la mythologie guarani. Il a ensuite appelé de ses vœux « l’union des peuples des forêts », depuis ceux d’Amazonie jusqu’à ceux d’Indonésie, avant d’entamer un chant à Toupan auquel tous étaient invités à se joindre, en reprenant phonétiquement les paroles sans les comprendre. « Tapez fort du pied pour nous mettre en accord avec la Terre », leur lança-t-il.
 

Le climat, le synode pour les jeunes, le synode pan-amazonien : tout est lié…

 
Plusieurs jeunes présents à Rome pour la préparation du synode de l’automne étaient invités à animer la soirée. Telle cette jeune Amazonienne qui a déclaré : « Le pape François, notre grand frère, est pour une Eglise qui sort des schémas du sacerdoce pour devenir plus humaine. (…) Mes aïeux, dans les temples d’Amazonie, disent : ce grand-père, il parle bien, parce qu’il pense bien, parce que son cœur est bien. » S’adressant aux scientifiques, elle a ajouté : « Il est temps que tout ce savoir accumulé, toutes ces connaissances, commencent à donner de la lumière, disent les anciens. »
 
La soirée « culturelle » de jeudi – d’un niveau de patronage de quatrième zone, le public n’était d’ailleurs pas nombreux – s’est achevée avec le chant d’un « Mother Earth Anthem » (hymne à la Terre-Mère), animé par une jeune fille d’Inde qui a avoué ne pas comprendre les paroles de ce chant tribal.
 
Telle est l’écologie promue aujourd’hui par le Vatican…
 

Jeanne Smits