« 50-in-5 », le nouveau programme de l’ONU pour diffuser l’identité numérique (et ses possibilités de surveillance)

50-in-5 ONU identité numérique
 

L’ONU a lancé l’an dernier, avec l’aide des grands donateurs habituels que sont les fondations Rockefeller et Bill Gates, un nouveau programme destiné à diffuser le recours à l’identité numérique, à l’exemple de cet Etat-pilote qu’est l’Inde à cet égard. L’initiative « 50-in-5 », pour « cinquante pays en cinq ans », entend d’ici à 2028 avoir embarqué cinquante Etats dans l’aventure ; cela se passe notamment en Afrique sub-saharienne. L’intérêt de cette nouvelle manière connectée de suivre les personnes et leurs actions de toutes sortes est évidement une possibilité de surveillance sans précédent.

 

L’identité numérique diffusée par le programme « 50-in-5 »

Alex Newman du New American a interrogé à ce sujet le responsable éditorial de The Sociable, Tim Hinchcliffe, qui s’est penché sur la documentation des acteurs de ces innovations. Ceux-ci prétendent œuvrer pour faciliter la vie des humains ; en réalité, ils promeuvent l’universalisation d’un système de traçage, financier notamment, qui a tout ce qu’il faut pour installer une surveillance à la chinoise, mais en pire.

Voici la retranscription de l’essentiel de leur entretien, qui fait lien avec la « ville du quart d’heure » (dont Anne Hidalgo est l’égérie en France avec son Paris inhospitalier). – J.S.

 

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L’initiative « 50-in5 » de l’ONU

 

Qu’est-ce que le programme « 50-in-5 » et qu’est-ce que l’infrastructure publique numérique ? En avons-nous vraiment besoin ?

C’est un concept qui existe depuis un certain temps. L’un de ses principaux promoteurs est un certain Nandan Nilekani. Il a été l’architecte de la carte d’identité numérique de l’Inde. Il est également le cofondateur d’Infosys. Mais l’infrastructure publique numérique est en fait un empilement de technologies. Il s’agit de l’identité numérique, des systèmes de paiement rapide et des échanges de données. Voilà de quoi il s’agit au fond.

L’objectif de la campagne « 50 in 5 » est d’aider les Nations unies et la fondation Bill et Melinda Gates, ainsi que leurs partenaires, à mettre en place au moins un élément de cet empilement dans 50 pays en l’espace de cinq ans. D’ici à 2028 donc. Lors du lancement, qui a eu lieu en novembre de l’année dernière, Ils avaient déjà 11 pays pionniers et je crois qu’ils en ont ajouté au moins un autre, ce qui fait qu’ils en ont une douzaine à l’heure actuelle.

 

Certains de ces pays sont, vous savez, évidemment, des kleptocraties plutôt des gouvernements pauvres du tiers-monde. Je suis sûr qu’il y a de l’argent en jeu. Je sais que les Norvégiens participent au financement. Ils sont aussi assez ouverts sur le fait que Bill Gates est un partenaire essentiel dans cette affaire. Il n’est pas nécessaire de creuser très loin pour voir qu’il y a beaucoup de ces groupes AstroTurf, ces groupes de façade qui sont censés aider à ouvrir la voie. Ils sont financés par Bill Gates, ils sont partenaires de la Fondation Bill et Melinda Gates. En quoi Bill Gates est-il intéressé par cette infrastructure publique numérique ? Veut-il simplement aider l’humanité comme il le prétend, ou y a-t-il un objectif plus néfaste ?

Bien sûr ! Bill Gates est un « philanthrope ». Les philanthropes veulent tous aider l’humanité. C’est pourquoi il achète les terres agricoles. C’est pourquoi il a tant investi dans les vaccins et la technologie mRNA, avant de se débarrasser des actions. Oui, il s’agit d’une nouvelle entreprise philanthropique. Si vous regardez la campagne 50-in-5, vous verrez qu’il y a de très nombreux partenaires, mais si vous regardez qui les finance et qui s’associe à eux, vous verrez qu’ils sont tous étroitement liés. Par exemple, il y a le Center for Digital Public Infrastructure, qui est soutenu par Co-Develop. Il s’agit de personnes impliquées dans le projet 50-in-5, ainsi que de Nilekani Philanthropies, qui a cofondé Co-Develop, avec les fondations Rockefeller et Bill Gates, Nilankani et le réseau Omidyar.

Omidyar est un bailleur de fonds de MOSIP, un autre système d’identification adopté par le Togo, dont le ministre de la technologie a déclaré, lors du lancement de 50-in-5, qu’il l’utilisait. La Digital Public Goods Alliance, un autre partenaire de 50-in-5, compte parmi ses membres les fondations Bill Gates et Rockefeller, et sa feuille de route présente des actions qui font progresser les biens publics numériques. Si vous regardez qui finance tout cela, ce sont essentiellement les mêmes personnes.

 

C’est impressionnant. Et ce n’est pas seulement dans le domaine de l’infrastructure publique numérique. Ce phénomène s’observe dans de très nombreux domaines. On a l’impression qu’il existe un vaste ensemble qu’on appelle la société civile. Et en fait elles sont toutes financées par des fondations Rockefeller, Bill et Melinda Gates, le même « casting » en quelque sorte.

En fait, elles réclament cette évolution depuis longtemps. Il y a près de dix ans, j’ai publié un rapport sur l’initiative ID 2020, dont les partenaires étaient bien sûr Microsoft Gavi, le groupe de pression de Bill Gates pour la promotion des vaccins, ainsi que les Rockefeller. Ce plan existe depuis longtemps, une dizaine d’années. Vous avez mentionné l’Inde. J’ai écrit un article lorsque le programme a été lancé pour la première fois. Ils y affirmaient qu’ils allaient donner à chaque Indien une carte d’identité biométrique et que cela serait essentiel pour qu’ils puissent bénéficier des services gouvernementaux, de l’aide sociale, etc. Aujourd’hui, Bill Gates vante les mérites de l’Inde qu’il qualifie de grande réussite parce que tout le monde a reçu son identifiant biométrique numérique. Que savez-vous de ce qui s’est passé en Inde et ce pays doit-il vraiment être un modèle pour les sociétés libres ?

L’histoire de l’identité numérique en Inde, Aadhaar, a été lancée, je crois, il y a un peu plus d’une décennie. La seule chose qu’ils ont dite à ce sujet, et qu’ils disent encore aujourd’hui, c’est qu’il s’agit d’une démarche volontaire. On peut donc choisir d’y participer ou non, mais au fil des ans, les agences gouvernementales indiennes, les Etats et d’autres ont commencé à l’imposer pour certaines choses. Comme vous l’avez dit, pour obtenir des prestations sociales, il faut ouvrir un compte en banque. Ce qui s’est passé au fil des ans, c’est qu’à chaque fois qu’un gouvernement a tenté de l’imposer, des décisions de la Cour suprême ont été prises pour tenter de freiner ces tentatives et de contrer les excès de pouvoir. Mais entre-temps, la vie quotidienne des citoyens était devenue très difficile sans ce système. Malgré tous les va-et-vient entre le gouvernement et la Cour suprême, de plus en plus de gens ont commencé à s’inscrire, parce que leur vie devenait de plus en plus misérable sans ce système. Aujourd’hui, au bout de 12 ans environ, ils prétendent que 1,4 milliard de volontaires se sont inscrits à Aadhaar.

C’est impressionnant. Je voudrais vous faire écouter un petit clip de cette personne dont vous parlez : Nandan Nilekani. L’année dernière, au sommet B20 en Inde, il a évoqué l’infrastructure publique numérique. Il disait que tout le monde en a besoin :

« La vaccination était une nécessité. Le gouvernement a créé la plateforme covid, qui a permis à l’Inde de faire 2,5 milliards de vaccinations en deux ans. On pouvait se rendre n’importe où dans le pays pour se faire vacciner. On recevait un certificat de vaccination en temps réel, qu’on pouvait présenter partout où l’on se rendait, en Inde ou à l’étranger. Les données ainsi obtenues ont permis d’observer en temps réel l’évolution de la situation. La technologie numérique et le DPI ont donc joué un rôle fondamental dans le tissu développemental de l’Inde.

« Et il existe de nombreuses autres applications.

« L’Inde, par exemple, dispose aujourd’hui d’un système fiscal entièrement numérique. L’impôt sur le revenu et la fiscalité indirecte sont entièrement numérisés. Tout le monde paie numériquement. Là encore, vous savez que le ministre des finances Sitharaman a fait avancer les choses au cours des quatre ou cinq dernières années. Nous disposons d’un système très rationalisé sur les routes avec notre FASTag.

« FASTag a été mis en place par le ministère des autoroutes et réalise 2.5 milliards de transactions par mois. Et tous les péages sont aujourd’hui normalisés dans l’ensemble du pays. L’idée d’une infrastructure numérique est donc désormais présente et enracinée partout. Et c’est très important. »

« L’infrastructure numérique s’est donc implantée partout. » Elle a été utilisée pour suivre les vaccins COVID et tout le reste. Voici un autre extrait où il parle des « outils du nouveau monde » :

« Si vous vous demandez quels sont les outils du nouveau monde : tout le monde devrait avoir une carte d’identité numérique. Tout le monde devrait avoir un compte bancaire. Tout le monde devrait avoir un smartphone. A partir de là, tout est possible ; tout le reste est construit sur cette base. Ce sont les trois éléments de base. Un smartphone, un compte bancaire et une carte d’identité numérique, c’est de là que partent tous les besoins. En Inde, le Premier ministre leur a donné le nom de « Jam Trinity » : Jandhan, qui est le compte bancaire, Aadhaar, la carte d’identité, et le téléphone mobile. Cela ne devrait pas coûter si cher. Non. Rien. Des cacahuètes… »

 

Oui, des cacahuètes, n’est-ce pas ? Pour ma part, je n’aurai jamais de smartphone. J’aime mon petit téléphone stupide, donc non merci, M. Nandan. Mais comment comprendre ses propos ?

C’est seulement une autre façon de construire cette architecture numérique, virtuelle, qui consiste à suivre, à tracer, à contrôler et à surveiller le comportement. Et aussi à modifier le comportement. Si vous avez besoin d’une carte d’identité numérique pour obtenir le passeport vaccinal, vous ne pouvez pas participer à la vie de la société si vous ne l’avez pas. Que nous réserve la suite ? Les crédits carbone, le crédit social… Quelle que soit la prochaine crise qu’ils déclareront, qu’elle soit perçue ou réelle, ils pourront en faire ce qu’ils voudront.

 

Vous avez parlé d’un suivi total, d’une surveillance totale et, en fin de compte, d’un contrôle par le biais de votre empreinte carbone, de votre allocation carbone… A quoi ressemble le nouveau monde dont parlait Nandan si cette infrastructure numérique est mise en place, si tout le monde est obligé d’avoir une carte d’identité numérique, de payer avec des paiements numériques et tout le reste ?

En théorie, au premier abord, ce qu’ils veulent, c’est que nous comprenions ou que nous croyions qu’il s’agit de simplifier la vie et de la rendre plus facile ; que les choses peuvent être traitées très rapidement, comme les paiements, etc. Mais en réalité, il s’agit à mon avis de créer une prison numérique. Surtout quand on voit qu’ils parlent tout le temps de l’adaptabilité au climat dans l’infrastructure publique numérique, et qu’ils l’ont fait notamment lors du lancement de l’initiative 50-in-5.

En ce qui concerne le climat, pensez à ce qui se passe déjà dans des villes du monde entier, comme les zones à faibles émissions. Et puis ils parlent des villes du quart d’heure. Ils commencent par dire que tout ce dont vous avez besoin est à portée de main. Alors pourquoi sortir ? Certes, vous pouvez sortir et il y a des itinéraires alternatifs. Vous pourrez continuer de faire tout cela, seulement cela pourra être limité à certains jours, par exemple. Et au fil du temps, cela ne veut pas dire que cela ne changera pas. Parce qu’au fil du temps, on vous dira : « Non, vous devez rester sur place. » Ou : « Pourquoi partez-vous ? » Cela peut donc devenir très vite orwellien, d’autant plus que l’identité numérique est essentielle à tout ce qui vous traque : tout ce que vous faites chaque année, ce qui se passe, les liens sur lesquels vous cliquez, les sites web que vous consultez, les mouvements de votre compte bancaire, ce que vous dites sur les réseaux sociaux, et surtout ce qui sous-tend le tout, les quotas de carbone, les émissions de carbone.

Pour l’instant, tout tourne autour du traçage et du fait de dire : « Vous pouvez tout contrôler en temps réel », et ce sont les banques qui vous y aident. C’est ainsi que vous pouvez suivre votre production de carbone, vos émissions de carbone, avec de petits outils amusants. Mais cela deviendra rapidement, aussi, un moyen de contrôle. Vous serez enfermé dans une prison numérique, et si vous ne vous conformez pas à l’exigence en cours, on pourra vous couper de tout illico en appuyant sur une touche. Imaginez la situation : vous êtes trop critique à l’égard du nouveau régime. Votre quota de carbone ne vous plaît pas. Vous pensez qu’il n’est pas assez élevé ? Eh bien, nous allons vous couper de tout…

 

L’une des choses à laquelle vous avez fait référence, et qui me semble essentielle pour que les gens comprennent, c’est la ville du quart d’heure. Vous connaissez le concept : vous aurez comme une petite clôture invisible autour de vous, comme le chien dans votre jardin, et vous ne pourrez pas en sortir sans permission. Aujourd’hui, il serait très difficile de faire respecter ce principe car, bien sûr, nous ne sommes pas, du moins en théorie, suivis partout où nous allons, nous n’avons pas besoin de demander la permission. Mais on se dirige rapidement vers ces villes intelligentes, ces villes du quart d’heure qui vont collecter toutes sortes de données et vous contrôler. Parlez-nous un peu de ces villes du quart d’heure. En quoi est-ce si dangereux ? Les médias grand public de mon Etat, la Floride, parlaient déjà de la façon dont ils allaient reconstruire certaines des villes qui ont été touchées par l’ouragan pour en faire des villes du quart d’heure. Il ne s’agit donc pas de quelque chose de lointain dans le futur. Elles apparaissent en ce moment. L’infrastructure publique numérique soutient-elle ce concept ? Que faut-il savoir à leur sujet ?

J’aime bien le côté pratique d’avoir les choses près de soi, mais la vraie question est celle de la liberté de choix et la possibilité de voyager, de se déplacer, d’être mobile. Ainsi, dans une ville du quart d’heure, surtout une ville du quart d’heure intelligente, avec l’IOT, l’internet des objets, il y aura des capteurs partout, des caméras partout, des signaux partout où vous irez.

Vous savez qu’on veut éliminer la conduite privée en général, mais on pousse aussi à la mise en circulation des véhicules électriques. Le Forum économique mondial est impliqué dans ce domaine, ainsi que la notion de passeports de batterie.

Ils veulent des identifiants numériques non seulement pour les personnes, mais aussi pour les objets. Ainsi, tout ce que vous utilisez sera doté d’un petit horodatage qui permettra de suivre vos déplacements. Il s’agit donc plutôt d’un système de surveillance. Big brother, tout simplement. Il s’intéresse à tous les détails intimes de votre vie et, avec les métaverses à venir, toute votre réalité augmentée. Si vous portez une de ces lunettes, où que vous alliez, ce que vous voyez est en fait enregistré et stocké dans votre ordinateur, et peut en réalité se trouver ailleurs. Cela ne me dérange pas que le médecin et l’épicier se trouvent à proximité, mais j’aimerais avoir la liberté de choix.

 

Tout à fait. Et c’est de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ? L’idée que le gouvernement et les partenariats public-privé nous diront où nous pouvons aller, quand nous pouvons y aller, ce que nous pouvons manger, ce que nous pouvons acheter. Et tout cela est lié. La monnaie numérique de la banque centrale est un élément essentiel de l’infrastructure numérique dont nous parlons ici. Elle est absolument liée à tout cela. Dans l’un de vos articles, vous présentez certaines vidéos dont nous avons déjà parlé dans cette émission, où ils expliquent comment ils vont utiliser ces monnaies pour contrôler ce que vous pouvez acheter. Je vais vous passer un petit clip d’Eswar Prasad. C’était au Davos d’été du Forum économique mondial : il parlait de l’utilité des CBDC en termes de programmabilité :

« Pour conclure, je dirai que si vous réfléchissez aux avantages de l’argent numérique, vous constaterez que les gains potentiels sont énormes. Il ne s’agit pas seulement de formes numériques de monnaie physique. Vous pouvez avoir la programmabilité : des unités de monnaie de banque centrale avec des dates d’expiration. Vous pourriez avoir, comme je le soutiens dans mon livre, un monde potentiellement meilleur (et certains pourraient le voir comme un monde plus sombre) où le gouvernement décide que les unités de monnaie de la banque centrale peuvent être utilisées pour acheter certaines choses mais pas d’autres qu’il juge moins désirables, comme par exemple des munitions ou de la drogue ou de la pornographie ou quelque chose de ce genre. Et c’est très puissant en termes d’utilisation d’une CBDC. »

Et c’est en effet très puissant… On déterminera ce que les gens peuvent acheter, quand ils peuvent l’acheter et tout le reste. De quoi s’agit-il, au juste ? C’est en fait le système de crédit social chinois qui me vient à l’esprit, n’est-ce pas ? Parce qu’il est évident que si des munitions sont en vente, certaines personnes pourront les acheter, mais d’autres non.

Alors comment ce système qui se met en place va-t-il faire la différence entre les bons esclaves qui sont autorisés à voyager où ils veulent, les personnes importantes, les VIP, et peut-être les personnes moins souhaitables qui posent peut-être trop de questions sur les réseaux sociaux ou qui ont des amis comme Alex Newman qui diffusent des informations contraires à ce que l’on raconte ?

Ils disent à propos de la programmabilité que soit on restreint une catégorie d’achats, soit on la rend très coûteuse. Ainsi, si vous voulez acheter des munitions ou autre chose de ce type, ils mettront des taxes prohibitives. Mais dans le cas présent, et c’est ce que vous dira la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, les banques centrales affirment n’avoir aucun intérêt à programmer la CBDC. Pour elle, a-t-elle dit, et pour toutes les banques centrales, ce sera un simple bon. Mais elle a ajouté que la programmabilité relèverait des intermédiaires, des banques commerciales. C’est donc une possibilité.

 

Que se passe-t-il au sein de l’UE avec leur CBDC, l’euro numérique ? Ils disent que celui ne sera pas programmable. Eh bien, il ne sera peut-être pas programmable par la banque centrale, peut-être celle-ci ne le fait-elle pas, mais d’autres pourront le faire. La programmabilité, ce n’est pas seulement imposer des restrictions ou des taxes sur ce qu’on peut acheter. Il s’agit aussi de savoir où vous pouvez l’acheter. Par exemple, la CBDC ne peut pas exister sans identifiant numérique, de telle sorte qu’elle vous est personnellement rattachée. Elle peut donc vous interdire d’acheter quoi que ce soit en dehors d’un certain rayon. En Inde, ils ont exploré les dates d’expiration des roupies numériques. Donc, la banque centrale peut émettre de la monnaie numérique, mais dès que celle-ci est transmise aux intermédiaires, ceux-ci peuvent programmer ce qu’ils veulent, où ils veulent, pour contrôler chaque aspect de votre vie. Et c’est ce dont ils parlent. Vous avez dépassé votre empreinte carbone ? Eh bien, vous ne pouvez plus manger de steak. Vous ne pouvez plus faire le plein d’essence. Ils parlent ouvertement de ces choses, et nous devons reconnaître qu’ils ne plaisantent pas. Je voudrais proposer quelques idées concrètes. Comment résister ? Comment riposter si nous ne voulons pas vivre dans un gigantesque goulag numérique construit par l’ONU et Bill Gates ?

J’aimerais avoir toutes les réponses. Une chose que j’aimerais faire, c’est diffuser l’information, comme nous le faisons actuellement. Par ailleurs je ne suis pas très enthousiasmé par la politique à l’heure actuelle, voire pas du tout. J’essaie de ne pas m’en mêler. Voter ? Ouais. Mais ce que je vois aux Etats-Unis, et qui me donne un peu d’espoir, c’est que certains Etats disent non à la carte d’identité numérique, certains Etats disent non à la CBDC. C’est très bien. Mais je pense qu’il s’agit surtout de trouver une communauté. Des gens qui partagent les mêmes idées. Il faut essayer de se connecter avec eux et peut-être même créer des économies parallèles ou autre, quelque chose qui est complètement séparé de ce qui se passe, et simplement résister.

Je vis en Colombie, en Amérique du Sud. Je vis dans une montagne et je préfère m’éloigner des villes et payer en liquide partout. Il y a toutes ces petites choses à faire pour être aussi autonome et indépendant que possible. C’est ainsi qu’une fois qu’on s’est aidé soi-même, on peut aider les autres.

La meilleure chose à faire, je pense, est de les ridiculiser, de dénoncer leurs mensonges et de les démasquer pour les imposteurs qu’ils sont.

 

Je suis tout à fait d’accord avec vous. C’est un excellent conseil. Je dis aux gens : allez rencontrer vos agriculteurs locaux. Arrêtez de faire vos courses dans les grandes surfaces, utilisez de l’argent liquide autant que possible. Ce sont des choses très, très simples. Elles ne sont peut-être pas les plus pratiques, mais elles porteront certainement leurs fruits à long terme.

 

Traduction par Jeanne Smits