500 migrants morts en Méditerranée : l’exploitation politique de la charité

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Des migrants partis d’Egypte pour l’Italie seraient morts le 20 avril lors d’un transbordement en Méditerranée. Les dernières nouvelles parlent de 500. C’est l’occasion pour les médias de faire bruyamment honte à l’Europe et de l’inciter à changer de politique. L’exploitation de la charité est à son comble et rappelle le beau livre de Jean Raspail, Le camp des saints.
 
On ne sait très bien le jour ni l’heure ni le lieu du naufrage qui aurait coûté la vie à 500 migrants. Ce qui se dégage des témoignages est qu’un certain nombre de migrants se seraient embarqués d’Alexandrie pour l’Italie à bord d’un bateau assez petit et qu’une fois en haute mer, quelque part en Méditerranée, ils auraient été transbordés sur un bâtiment plus grand, déjà surchargé, qui aurait alors chaviré. Les survivants, ceux qui étaient restés à bord de la petite embarcation ou ont pu la rejoindre à la nage, ont alors dérivé avant d’être recueilli par un cargo philippin qui les a débarqués à Kalamata, patrie de l’olive macérée au vinaigre, à la pointe sud du Péloponnèse. Le naufrage aurait eu lieu le 20 avril, mais tous les témoignages ne sont pas clairs.
 

Combien de migrants morts ? 8 ou 500 ?

 
Les médias ont donné à ce fait divers une ampleur exceptionnelle parce qu’il y est question de migrants, sans vraiment connaître les faits. Au début, on a parlé de «  8 migrants » morts, puis d’une centaine, on en est aujourd’hui à « plus de 500 ». Des variations affectent aussi le nombre des survivants présumés. Mais cette légèreté dans l’information n’est pas le côté le plus désagréable de l’affaire. On a l’impression de se trouver devant une opération de communication comparable à celle qui sert d’intrigue aux Hommes du président, ce film où les conseillers d’un président américain montent un événement pour émouvoir l’opinion et justifier la politique de leur poulain. Aujourd’hui, pour remuer le public, la presse recense les migrants morts en Méditerranée depuis le début de l’année (1.250), et en 2015 (3.500 selon l’agence britannique Reuters), et fait largement état des opérations humanitaires lancées par des associations humanitaires telles Médecins du Monde ou SOS Méditerranée, afin de provoquer un choc mental et sentimental en Europe, de bouleverser l’âme des populations afin de les mettre en condition pour recevoir un message politique.
 

Quand l’ONU et François confondent charité et politique

 
C’est une opération qui fait pendant au déplacement du pape François à Lesbos et à ses déclarations nombreuses sur les migrants, les ponts et les routes. Il s’agit d’inciter l’Europe à accueillir plus de migrants. Et la présence du souverain pontife dans cette vaste manœuvre met immédiatement à l’esprit la phrase de Chesterton sur les « vertus chrétiennes devenues folles ». Ici, c’est la plus belle et la plus grande des vertus, la charité, qui se trouve exploitée dans une opération politique. Aucun chrétien, aucun homme, ne peut dire, ce n’est rien, c’est une femme qui se noie, le placide La Fontaine lui-même le savait. N’y aurait-il qu’un migrant, enfant, vieillard ou dans la force de l’âge, mort dans un naufrage, en Méditerrané ou ailleurs, cela engendre la tristesse. Cela posé, la question est : quel enseignement le système et ses médias nous invitent-ils à tirer de ce fait ?
 
Premièrement, la mort des malheureux impose à la communauté internationale un devoir de deuil qui place au second rang toute autre considération. C’est le président de la Somalie, dont sont originaires certaines des victimes, Cheikh Assan Mohamoud, qui l’a dit à l’ONU, devenue aujourd’hui l’Agora du monde :
 

Quelle politique à l’origine de la crise des migrants ?

 
« Nous devons tout mettre en œuvre pour récupérer les corps de ceux qui sont morts et réconforter ceux qui ont survécu ».
 
Ce brave homme ferait mieux d’empêcher les migrants de fuir son pays déchiré par la guerre. L’élection en 2012 de cet « universitaire » (il est « professeur de technologie ») avait été saluée par la communauté internationale avec faveur et avec des « tirs de joie » dans les rues de Mogadiscio. La presse française (le Monde, le Point, etc.) regardait avec faveur cet homme « sans appartenance politique marquée », pourtant lié à Al Islah, l’équivalent somalien des frères musulmans – frères musulmans dont le président tchèque affirme savoir de source sûre qu’ils ont provoqué volontairement la crise des migrants. Aujourd’hui, son autorité s’exerce sur deux pour cent du territoire somalien, les Chébabs faisant la loi au sud et au centre, et la sécession Somaliland au nord. Et voilà pourquoi la presse est muette sur les causes des migrations.
 

L’exploitation éhontée des 500 morts de Méditerranée

 
La communion internationale dans la douleur impose un devoir, un devoir de charité, qui a sa traduction politique immédiate. Ainsi le HCR (le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés) a-t-il préconisé dans un communiqué « l’augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d’asile en Europe ». Autrement dit, la mort de 500 migrants clandestins en Méditerranée implique que nous en accueillions beaucoup plus légalement. Or c’est une simple agence humanitaire de l’ONU, peuplée de fonctionnaires internationaux et de contractuels, qui prétend dicter cette politique à l’Europe. On se situe ici tout à fait explicitement dans l’usurpation mondialiste.
 
Celle-ci se nourrit aussi des réactions des Etats censés représenter les intérêts des Nations. Ainsi le gouvernement italien s’inquiète-t-il que « l’accord d’Ankara » récemment passé entre la Turquie et l’Union européenne pour fermer la route de la mer Egée et renvoyer en Asie mineure les migrants irréguliers interpelés sur le sol européen ne détourne le flux des migrants clandestins vers les côtes italiennes. Ainsi la morale de la belle histoire émouvante que les médias nous racontent à propos des 500 migrants morts en Méditerranée est non seulement qu’il faut en accueillir plus de manière légale, mais qu’il conviendrait de renoncer aux maigres dispositions prises pour limiter le nombre des clandestins.
 

Ceux qui sont à l’origine de l’exploitation des migrants

 
Dans cette opération d’agit prop et de culpabilisation se distinguent de vieux chevaux de la révolution mondialiste, tel l’inusable « économiste » Jacques Attali, président de Positive Planet, qui estime que « la France n’a absolument pas été à la hauteur » dans l’affaire. On repère aussi des petits nouveaux, tel le trentinois Lorenzo Pezzani, plus familier du Web, qui vient de pondre un rapport sur « La mort par sauvetage : l’effet létal de la politique européenne de non-assistance en mer. » Alors que l’Union européenne pèche structurellement par immigrationnisme et surassistance aux migrants envahisseurs, ce rapport, par une inversion caractéristique, lui reproche exactement le contraire. Il met en cause à la fois la marine italienne, coupable selon lui d’avoir abandonné son opération Mare Nostrum, et l’Union européenne, de l’avoir remplacée par l’opération Triton, qu’il juge insuffisante. Mais le nom de code de l’opération de la marine italienne, Mare Nostrum, doit nous alerter : l’Empire romain a pu maîtriser les migrations tant qu’il a tenu militairement les deux rives de la Méditerranée. Ce n’est pas le cas de l’Union européenne aujourd’hui, et c’est la cause immédiate de la crise des migrants.
 

La charité profanée dans une écœurante opération politique

 
L’exploitation médiatique de la mort des 500 migrants en Méditerranée est donc une grossière opération politique, somme toute devenue courante dans la stratégie de sidération et d’intimidation des populations européennes. Ce qui est véritablement ignoble est l’aspect moral de la chose. La souffrance des migrants existe vraiment, la mort en frappe vraiment un grand nombre quand ils prennent le risque inconsidéré de traverser la Méditerranée à bord de coquilles de noix. L’exploiter à une fin politique est proprement répugnant. Ce n’est pas seulement une insulte à l’intelligence et à la vérité, c’est une insulte aux migrants et à la mémoire de leurs morts. L’exploitation de la charité à des fins d’enrichissement a fait l’objet de vives critiques naguère sous le nom de Charity Business. Le phénomène actuel est moralement plus grave. Il s’agit d’une véritable profanation de la charité. Devraient y réfléchir toutes les associations qui y concourent, et leurs membres, qu’on veut croire de bonne foi et bien intentionnés. Tous les humanitaires, toutes les associations immigrationnistes, Gisti, Cimade, etc., dont l’action pervertit le droit et subvertit l’esprit public, tous ceux qui font pleurer Margot et organisent l’exploitation de ses pleurs. C’est leur fausse charité qui tue les migrants. Il suffirait de fermer le miroir aux alouettes et d’envoyer un message clair d’intimidation aux candidats à l’invasion pour tarir d’un coup le flux des migrants. Et supprimer du même coup la cause de leur mort en Méditerranée. 
 

Pauline Mille