Un catholique a décapité une statue de la Vierge Marie dans la cathédrale Sainte-Marie de Linz, en Autriche, pour mettre fin à un blasphème qui l’avait profondément atteint en tant que catholique. L’installation imaginée par Esther Strauss montrait une femme parturiente portant une auréole, assise sur un rocher, la partie inférieure du corps dénudée et les jambes largement écartées, « donnant naissance », et présentée comme une confession forte de l’incarnation de Dieu selon la théologienne Martina Resch, co-initiatrice de l’exposition qui veut promouvoir la réflexion sur « les défis actuels concernant les rôles des femmes, les images familiales et l’égalité des sexes ».
L’auteur de la destruction de la statue a fait part des raisons de son acte à Alexander Tschugguel, celui-là même qui avait balancé des statuettes de Pachamama dans le Tibre après les avoir récupérées dans une église de la Via della Conciliazione à Rome au moment du synode sur l’Amazonie. « J’ai fait cela d’abord et avant tout pour la Mère de Dieu », a déclaré l’homme qui désire demeurer anonyme selon Tschugguel. Une enquête de police a été ouverte.
« De même que la Vierge Marie nous protège chaque jour, nous devons être là pour elle aussi, la Mère de Dieu, dans les afflictions les plus graves, car c’est ce qui nous définit en tant qu’Eglise », a déclaré le « héros de Linz » (comme l’appelle Tschugguel), qui affirme avoir agi après avoir vu ses courriels au diocèse rester sans réponse, et ses appels téléphoniques coupés dès lors qu’il émettait une critique contre « l’œuvre ».
Par ailleurs, 8.000 personnes avaient signé une pétition demandant au diocèse d’enlever l’installation.
La cathédrale de Linz accueillait une installation blasphématoire
L’ayant qualifiée de « caricature abominable et blasphématoire », il explique qu’il n’a eu le temps que de scier la tête de la statue. « Mais sans la tête et l’auréole, on ne pouvait plus y voir une caricature de notre Vierge Marie. En fin de compte, la sculpture n’était plus qu’une statue sans tête immorale et de mauvais goût, ce qui a mis effectivement fin au blasphème et à la diffamation de notre Bienheureuse Mère. »
Blasphème, caricature, diffamation ? Oui, c’est exactement cela, puisque nous savons et croyons que la Mère de Dieu est vierge avant, pendant et après la naissance de Jésus. En la montrant comme donnant naissance comme n’importe quelle mère, la statue contredit visuellement le dogme de la virginité perpétuelle de Marie. Ajoutez-y la nudité et l’attitude, et le tableau est complet.
L’évêque du lieu, Mgr Manfred Schauer, avait autorisée l’exposition de cette œuvre et d’autres. Le vicaire épiscopal chargé de l’éducation, le P. Johann Hintermaier, a réagi en présentant des excuses si certaines personnes avaient été blessées dans leurs « sentiments religieux », mais il a condamné l’acte de destruction en assumant au fond la volonté de choquer :
« Nous savions que nous suscitions le débat par le biais de cette installation. (…) Je condamne fortement cet acte de destruction violente et le refus d’entrer en dialogue, ainsi que l’attaque contre la liberté de l’art. »
Esther Strauss, l’artiste, affirme que la décapitation de sa statue montre « qu’il y a encore des gens qui remettent en question les droits des femmes à leur propre corps. Nous devons prendre une position décisive contre cela ». « La plupart des images de la Vierge Marie ont été réalisées par des hommes et servaient donc souvent des intérêts patriarcaux », a-t-elle ajouté.
La « Vierge » décapitée n’est plus qu’une œuvre de mauvais goût
La statue moderne de la Vierge Marie fait partie du projet « DonnaStage » qui, à l’occasion du 100e anniversaire de la consécration de la cathédrale Sainte-Marie, aborde les questions sur le rôle des femmes, les images familiales et l’égalité des sexes à travers des installations artistiques, des ateliers et des discussions. Selon le P. Hintermaier, en cette année anniversaire, la série d’événements « DonnaStage » contribue de manière significative à promouvoir une culture de discussion ouverte et à donner de la place à différentes perspectives.
Sauf la perspective catholique, bien entendu.
Les responsables de la cathédrale de Linz connaissent-ils le dogme ?
FFSPX Actualités, le site d’informations de la Fraternité Saint-Pie X, rappelle au sujet de la scandaleuse exposition à Linz :
« Ce qui choque particulièrement ici, ce n’est pas tant le goût dépravé ou les motivations inavouables de manipulation de la figure de la Vierge Marie dans le combat féministe, que le fait qu’un évêque et des prêtres aient permis l’exposition d’une statue de la Vierge Marie qui blasphème la Mère de Dieu.
« Faut-il rappeler à un clergé totalement ignorant une vérité de notre foi ? Le concile du Latran de 649, confirmé par le pape Martin Ier, affirme la virginité de Marie, avant, pendant et après l’enfantement de son divin Fils :
« “Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu, la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c’est en un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, qu’elle a, dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant inaltérable aussi après l’enfantement, qu’il soit condamné.”
« Autrement dit, la naissance du Christ a été miraculeuse et ne s’est pas fait par accouchement. Les Pères comparent ce miracle à celui de la Résurrection et aux apparitions au Cénacle. Saint Bernard a une formule heureuse, expliquant que le Christ est sorti du sein de la Vierge comme le soleil traverse une vitre. La naissance virginale est une vérité de foi.
« Si l’accouchement de la Vierge n’a jamais été représenté, ce n’est pas à cause d’une censure qui l’aurait empêché, c’est parce qu’il n’a jamais eu lieu, Marie ayant enfanté virginalement. C’est pour cela que cette statue est blasphématoire : elle nie une vérité de notre foi. Cela ne semble pas avoir effleuré le clergé de Linz. A moins qu’il ne croie plus à la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu ? »
Le cardinal Gerhard Ludwig Müller a réagi dans le même sens sur le site catholique allemand kath.net en rappelant : « La doctrine chrétienne se transmet à travers la parole de l’annonce et la liturgie sacramentelle. En revanche, la représentation picturale-artistique est secondaire et doit toujours s’appuyer sur la vérité de la Révélation et se laisser corriger par elle. »
La réaction du cardinal Müller après l’affaire de Linz
Rappelant que la représentation de la Vierge à l’Enfant est tardive – tout était centré auparavant sur « le culte du Christ, Fils de Dieu incarné », le cardinal écrit :
« Une représentation picturale du mystère de la révélation de la véritable naissance de Dieu en tant qu’être humain doit avoir pour objectif d’encourager les spectateurs à croire en l’Incarnation de Dieu, à se concentrer sur le Christ et à l’adorer en tant que Dieu et Sauveur. Le spectateur ne doit pas être tenté par la représentation de fantasmes érotiques et sexuels, à la fois pour des raisons morales et théologiques de modestie et pour la raison théologique centrale qu’il s’agit de la confession de la personne du Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme, unis dans la personne divine du Fils éternel du Père. Même en représentant “Jésus dépouillé de ses vêtements sur la Croix”, l’autorité ecclésiastique a toujours attaché de l’importance au fait que Jésus ne devienne pas l’objet de fantasmes érotiques, mais que la vision de sa souffrance et de son humiliation nous convainque de l’amour de Dieu, “Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne meure pas, mais qu’il ait la vie éternelle” (Jean III, 16).
« Une critique du renversement de l’art chrétien comme moyen de piété en une publicité pour l’idéologie féministe en violation du sentiment naturel de honte ne peut être contrée de manière pseudo-éclairée par l’accusation de pruderie ou pseudo-théologiquement comme le résultat d’une politique ultra-conservatrice. Luc, “le premier peintre de l’icône mariale” (cf. Paul Badde, L’icône de Luc. La merveille cachée du monde de Rome, Regensburg 2024) ne représente pas le processus de naissance dans sa séquence physiologique, mais le raconte seulement avec révérence : à Bethléem “le moment de la naissance de Marie arriva, et elle enfanta son fils, le premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire…” (Lc II, 6s). Et le “signe” (image) de la naissance du Messie, qui doit être accompli par les bergers à l’annonce de l’Ange du Seigneur, est qu’ils trouvent l’Enfant dans la crèche, enveloppé de langes. Ce qui compte c’est de trouver en Jésus le Messie, le Seigneur, le Sauveur du monde entier. Si une représentation picturale de la naissance de Jésus offense les croyants et provoque une division au sein de l’Eglise (entre progressistes autoproclamés et ceux qu’ils insultent en tant que conservateurs), alors l’objectif de l’art chrétien et surtout sacré a été manqué, lui “qui dans les œuvres humaines doit exprimer la beauté infinie de Dieu”. »
D’où il ressort que l’évêque de Linz a bien voulu laisser placer dans sa cathédrale une œuvre qui fait l’exact contraire, de l’art « anti-sacré ».