Evangélisation inter-dénominationnelle en Espagne : catholiques et évangéliques gomment leurs différences

Evangélisation inter-dénominationnelle en Espagne
 

L’Espagne s’est longtemps tenue à l’écart du dialogue œcuménique avec les protestants, observe le site Religión en Libertad, en raison de la prédominance quasi absolue du catholicisme dans ce pays, mais les choses changent alors qu’une rencontre sur l’évangélisation, Transforma 2024, réunit des leaders et des responsables de paroisse, laïques et prêtres, désireux de « se lancer dans l’aventure de la conversion pastorale », et vient de proposer des démarches d’évangélisation conjointe où catholiques et chrétiens évangéliques présentent ensemble le « kérygme ». Ce sont « de petits pas vers l’unité », se réjouit le média, qui ne comprend pas le problème qu’il puisse y avoir à proposer une évangélisation « inter-dénominationnelle », comme ils disent.

L’idée semble être de s’inspirer des ministres évangéliques qui séduisent les foules dans des pays comme le Brésil, tout en proposant confessions et adoration eucharistique sur fond de musique pour jeunes. D’autres en Espagne avaient déjà proposé le rapprochement avec le bouddhisme

 

En Espagne, on mise sur l’évangélisation catholico-protestante

Catholicité préservée ? La réponse ne va pas de soi. L’importance de la doctrine et de la communion au sein de l’Eglise catholique demeure.

A Transforma 2024, on privilégie au contraire les contacts entre les responsables de la jeunesse de plusieurs mouvements, catholiques ou non ; originaires des diocèses catholiques comme évangélisateurs de foule tel Alfonse Cherene ; un représentant de la communauté musicale Wellgate qui propose des chansons de style country à contenu chrétien et sans la moindre dimension sacrée avoisine un pasteur évangélique ; et encore le directeur en Espagne de « Jóvenes con una misión » (jeunes avec une mission, JCUM), Lance McKinney.

Ce dernier a accueilli des jeunes convertis catholiques envoyés par un prêtre catholique qui « ne savait pas comment les former » : McKinney s’attendait à des jeunes remplis du désir d’évangéliser, il s’est trouvé face à « deux rappeurs fumeurs de joints qui ne savaient rien ». Et là est le problème en effet : des curés de paroisse catholique qui n’ont plus idée de comment transmettre les contenus de la foi.

 

Catholiques et évangéliques réunis pour une évangélisation « Alpha »

C’est ce qui a impulsé la création d’Ecoles de disciples propres à JCUM en coopération avec le diocèse catholique d’Avila. Au programme : bible, oraison et convivialité. Aujourd’hui, 12 jeunes évangélisateurs sont sur le terrain dans le diocèse, catholiques et évangéliques confondus, formés ensemble et travaillant à plein temps. « Si catholiques et évangéliques ne travaillons pas ensemble, je suis convaincu que le Royaume de Dieu n’avancera que très peu », assure McKinney, dont le propre fils fait partie du groupe.

En fait, tout cela se fait avec de la « musique de louange » et sous l’égide des Parcours Alpha qui font déjà de l’évangélisation inter-dénominationnelle sans que cela se sache beaucoup, en particulier en France où ils sont très prisés.

En Espagne, c’est un « prêtre de jeunes », le P. Nicolas Ruiz, toujours d’Avila, qui promeut beaucoup cette méthode qui vise à attirer à la religion chrétienne par l’« annonce du kérygme ». Alpha est en pleine croissance, notamment grâce à Ruiz qui est allé recevoir « l’effusion de l’Esprit Saint » à Londres lors d’une conférence des leaders Alpha. Le lien entre Alpha et le Toronto Blessing charismatique dont on peut voir un exemple ici est clairement établi.

Le moins qu’on puisse en dire, c’est que ce n’est pas catholique du tout. On en reparle ?

 

Jeanne Smits